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Après avoir lu " les cahiers de douai ", vous montrerez en quoi arthur rimbaud était un génie précoce

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» est clairement adressé à ce dernier

puisqu’il courtise les instances de la poésie parnassienne, en flatte les valeurs de beauté, d’éternité et d’idéalité. De même, il cherche à imiter Victor Hugo dans son poème « Les Effarés » où il reprend la représentation de l’enfant pauvre, l’enfant des rues, le « Gavroche » des Misérables, et dans lequel il exprime une sensibilité sociale rendue à la mode par Victor Hugo. « Le forgeron » est également largement inspiré des « Châtiments », puisque l’on y voit mêlées les aventures politique et poétique, ainsi qu’un espoir d’une métamorphose politique en esquissant une révolution des travailleurs du monde ouvrier. Certains sceptiques écriront alors que le génie du poète précoce est entièrement dû à l’imitation des grands de son temps, mais il est pourtant évident que Rimbaud cherche tout de même à se démarquer par son talent, puisqu’il apporte à tous ses poèmes cette touche rimbaldienne, unique en son genre, par l’emprunt de mots comme « palatin » ou « pantin » dans le « Bal des pendus » et par l’apport d’une touche satirique dans « Les Effarés » par l’emploi de mots familiers comme « culs », « culotte » ou « trou ». Au fur et à mesure, Rimbaud s’émancipera largement des courants Parnassien et romantique de Victor Hugo, au point

qu’aujourd’hui, il nous est tout à fait impossible de le classer dans l’un de ces groupes. D’ailleurs, le poème « Vénus anadyomène » est un parfait exemple de la volonté de Rimbaud de s’écarter du courant du Parnasse puisqu’il tourne en dérision la mythologie et l’enseignement religieux, correspondant aux thèmes favoris des parnassiens. Il décrit alors Vénus qui émerge « d’une vieille baignoire » avec « un ulcère à l’anus ». Ces propos sarcastiques montrent bien que Rimbaud se détourne des maîtres de l’époque et présente désormais sa vision personnelle, l’admiration faisant place au dégoût. Par ailleurs, les poèmes du premier Cahier de Douai tels que « Première Soirée », « Sensation », « Les reparties de Nina », « Roman » ou « Soleil et Chair » (d’abord appelé « Credo in Unam ») sont marqués par la maladresse du jeune poète avec les jeunes filles dans ses envolées amoureuses, tout en ressentant un certain bien-être dû à la présence féminine, mais ils suggèrent également la quête du bonheur et le désir de s’évader du milieu familial en vagabondant dans la nature. Véritable refuge dans son poème « Sensation », la nature semble être pour le jeune adolescent un lieu de protection qui se prête aux

rêves et au désir par les sensations visuelles et auditives qu’elle suscite. Cette douce nature prend alors l’apparence d’une femme maternelle accueillant l’enfant fugueur privé de tendresse par sa mère austère. Ainsi, bien que ces différents poèmes présentent à la fois un adolescent ordinaire aux aventures amoureuses infructueuses et un enfant à la recherche d’un amour qu’il n’aura pu recevoir de sa mère, il se distingue bel et bien par sa plume d’une extraordinaire qualité qui, cette fois, expose un homme capable de prendre ses distances par rapport au passé et à ses gaucheries. En outre, la précocité du poète de 16 ans est révélée au grand jour par la présence dans ses poèmes d’un regard constamment critique sur les différents problèmes de société, dont les adolescents ne se préoccupent généralement pas. C’est le cas notamment dans « Les Effarés » où il s’indigne contre la société et la religion : la première privant les pauvres de pain, la seconde leur promettant illusoirement le ciel pour les dédommager du bonheur que la société leur refuse. De plus, dans « A la musique », il dépeint une bourgeoisie rendue ridicule par le culte du paraître et de l’avoir auquel se vouent les « bureaux bouffis » et met donc l’accent

sur la menace de la ‘’chosification’’ de la société en opposant au monde des adultes, celui des adolescents, marqué par la gaieté, l’humeur galante et la sensualité, auquel s’identifie largement le poète. Parallèlement, Rimbaud, du haut de ses 16 ans, est fortement touché par la détresse de la France dans la guerre menée contre la Prusse à partir de juillet 1870 et en dénonce ainsi les injustices et les pertes à travers divers poèmes tels que « Le Mal » où il y esquisse la violence destructrice et le mépris des hommes en désignant la « folie épouvantable, [qui] broie / Et fait de cent milliers d'hommes un tas fumant ». Cet émouvant poème démontre la virtuosité littéraire du génie précoce par l’emploi de métaphores éclatantes et de sonorités expressives. Par ailleurs, la guerre contre la Prusse est également dénoncée dans « Le Dormeur du val » où l’on voit la jeunesse foudroyée par les combats, privée du droit de vivre et de jouir de ce que la nature nous offre tel que la chaleur du « soleil » ou les « parfums ». Son réquisitoire est cependant indirect puisque c’est à travers l’évocation lyrique de ce que la guerre met en péril que Rimbaud tente de convaincre le lecteur, et c’est en ce procédé que réside tout le talent du jeune poète.

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En remettant en cause la guerre contre la Prusse, il est évident que le jeune virtuose s’en prend également à Napoléon III qui est à l’origine de ce conflit et qu’il désigne tel un « pantin insignifiant ». En effet, « Rages de Césars » présente un portrait de l’empereur totalement amorphe, révélant l’opposition du poète face au pouvoir absolu, qui a supprimé les idées républicaines auxquelles Rimbaud exprime un fort attachement. Indirectement, il défend également sa propre liberté : victime de l’oppression de sa mère, victime de la guerre, ses déplacements en sont largement restreints, et le jeune adolescent se sent étouffé dans un monde fait de contraintes. Il est enfin un dernier sujet pour lequel le poète se révolte envers et contre tout : il s’agit de la religion. Est-ce par conviction ? Ou par la volonté de remettre en doute une nouvelle fois les valeurs que sa mère a tenté de lui inculquer ? Il est en tout cas certain que la foi a vite quitté l’adolescent révolté qu’est Rimbaud pour être remplacé par de l’indignation, exprimée notamment dans « Le Mal », où il dénonce l’indifférence de Dieu face aux souffrances des hommes et la vénalité des prêtres en clôturant son poème par l’image de la mère qui fait une offrande à Dieu, geste à la

fois de soumission et de supplication, dans l’espoir d’obtenir le salut de son fils. De même, dans le « Châtiment de Tartufe », il y inscrira son inspiration anticléricale, montrant son dégoût de la bonté fade, du cœur sentimental, de la médiocrité en général. Néanmoins, en plus de ses dénonciations, c’est bel et bien la touche rimbaldienne sensuelle et sensible qui reste ancrée dans nos cœurs et dans nos mémoires

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