Dossier Long Voyage du Jour a la Nuit

e de la Lettre à un jeune poète, la Lettre au Père, et le texte sur Ellis Island, nous pouvons dire que ces trois textes peuvent nourrir un acteur et/ou un spectateur de la façon suivante: dans la Lettre au Père, ce qui en resort est l'obéissance dû à la peur d'un fils envers son père. En effet, Franz Kafka avait, disait-il, peur de son père, qui, par ses "injures, menaces, l'ironie, un rire méchante et [ses] lamentations sur [lui-même]" étaient les moyens d'éducation les plus efficaces sur le jeune garçon qu'était Kafka à cette époque. Dans le texte sur Ellis Island, l'auteur rappelle les quelques centaines de personnes qui sont passés dans cette île dans l'espoir d'une vie meilleure; hélas, leur vie ne fut surement pas celle qu'il attendaient, puisque ce sont eux qui construisirent les routes et les chemins de fer pour le reste de la communauté américaine.

2 - Pour moi, le support proposé qui m'a le plus marquée et nourrie, c'est sans doute la Lettre au père, sur un plan personnel. Par rapport au spectacle, celui qui me "parle" le plus, c'est sans aucun doute Ellis Island: en effet, les quelques histoires formées par les vies des membres de la famille de Long voyge du jour à la nuit me rappellent celles dont parle le texte. Les personnes, tant dans la pièce que dans le texte, attendent qu'un changement arrive dans leur vie, mais finalement, ce changement tant esperé n'arrive pas.

Le support qui a libéré certaines attentes est celui de Kafka (Lettre au père), je me demandais: comment pouvait-on faire ressortir tous les sentiments que l'on ressentait en lisant ce texte, à travers une pièce, alors que le théme n'est pas le

même ?

3 - Le travail effectué en amont était interressant, mais Gérard Elbaz nous a délivré des élèments dont nous aurions sure-

ment mieux appreciés si nous les avions appris par nous même durant la pièce. Cependant, avec ces elements connus, nous

avons pu au contraire nous concentrer sur le travail excellent des acteurs, qui se confondaient avec leur personnage, en les

vivant complétement.

Cependant, le spectacle est resté fidèle à la préparation que nous avons faite avec le dramaturge; en effet, nous avons mis en lien la pièce avec la vie de l'auteur, et nous pouvions ainsi voir la pièce comme l'aurait sans doute souhaité O'Neill. L'approche de la relation père/enfant dans la pièce n'est pas la même que dans le texte de Kafka, mais le ressenti des sen- timents est le même: cette relation est dure, mais réelle. Le spectacle a donc répondu à la question que je me posais sur la retranscription de ces sentiments et de la dureté de cette relation.

La pièce est longue, et la salle n'était pas appropriée: petite, elle était propice à la chaleur, augmentant ainsi l'impression de durée de la pièce. Mais le travail des acteurs, et la mise en scéne spectaculaires ont "rattrapé" le coup, révélant ainsi le talent des acteurs, de la jeune metteur en scène, et le