La fraternité

Mon très cher ami Jacques, ici présent, m’a demandé, il y a de cela bien longtemps (c’est-à-dire 16 jours….et oui y compris les fêtes de fin d’année) de vous apporter ce soir quelques éléments, sous forme de ce que nous appelons plus communément « planche » dans notre jargon maçonnique, sur le sujet suivant : La Fraternité. Bien sur Jacques me connait et savait bien entendu à qui il s’adressait, ce avec une certaine joie non dissimulée d’ailleurs, pour réaliser cet humble travail…..qu’il en soit ici remercié.

Le mot Fraternité vient du latin « fraternitas » ouf… celui-là n’est pas très dur à prononcer. Je ne vous dis pas certains soirs où en latiniste moyen que sont certains d’entre nous, dont je vous rassure tout de suite j’en fais partie, les difficultés d’élocutions que nous pouvons avoir…ok je ne citerai personne.

Fraternitas désigne donc les relations entre frères, entre peuples. La fraternité est selon le petit Larousse (cela m’a toujours interrogé d’ailleurs. Le mot petit accolé au nom Larousse, vu le poids du dictionnaire). Bref la Fraternité est donc le « lien de solidarité et d’amitié entre des êtres humains, entre les membres d’une société ».

C’est lors de la Révolution Française que cette notion est entrée dans le langage courant, en effet le bonjour entre citoyens se dit alors « salut et Fraternité ». Pour autant et assez bizarrement d’ailleurs cette notion est absente de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. Mais, un an par la suite, lors de la Fête de la Fédération, elle revient sur le devant de la scène…et ce par une personne que nous qualifions de frère, Mr de Lafayette alors commandant de la garde nationale qui met le mot en exergue lorsqu’il prête son serment :« nous jurons -dit-il- de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la Fraternité » …. Devons-nous déjà voir par là un lien entre Maçonnerie, République et Fraternité.

Donc ça y est le mot est lâché et va s’imposer …..mais c’est mal connaitre la France et les Français surtout, car il faudra attendre 60 ans, donc 1848 et la constitution de la deuxième République pour que cette valeur donne naissance au tryptique qui nous est cher : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Cela devient donc à partir de cette date un principe de la République, et elle finira par s’imposer enfin sous la III République.

Voilà le décor est donc planté me direz-vous, mais que trouve t’on derrière tout cela.

En 17 jours vous pensez bien qu’il faut prier pour bien charpenter une telle demande de planche, et ce entre le foie gras, les huitres et la buche ; alors je me suis fié à notre nouveau saint : Saint Wikipédia uniquement pour un coup de pouce bien sur car se serait mal nous connaitre et mal me connaitre d’avoir à faire à internet pour éviter une recherche qui dans une telle planche est au contraire la forme la plus intéressante. Nous y avons donc parfois recours mais avec parcimonie, c’est qui cet autre saint d’ailleurs…..bon j’arrête là. Et voilà ce que ce nouveau saint nous dit,… sur son mur bien sûr : « La fraternité est au sens populaire du terme, l’expression du lien affectif et moral qui unit une fratrie » ….et hop débrouille toi avec cela, si j’ose me permettre.

Avant tout, je crois que la majorité des Français s’accorde à définir la fraternité comme une ouverture vers autrui. C’est à mon avis notre manière d’être de se comporter avec les autres qui résume le mieux cette notion. La fraternité est associée à des valeurs républicaines donc comme j’ai pu vous le dire précédemment. C’est également une aspiration universelle qui peut d’ailleurs être perçue différemment suivant ses croyances, mais sur ce point j’y reviendrai. La fraternité est donc à mon sens une notion ambiguë que nous avons le sentiment de bien connaitre mais qui est en partie indéfinissable. Nous avons parlé du lien familial mais c’est à la limite le contraire pour moi. La Fraternité est un lien qui unit justement des personnes qui ne sont pas de la même famille au sens primaire du terme. C’est donc une relation entre personnes étrangères les unes aux autres mais qui se retrouvent au sein d’un même groupe afin d’y développer leurs affinités. Ouf …ça y est …j’y arrive. Heureusement qu’Antoine n’a pas suivi la rédaction de ce travail car je le vois déjà en bon prof de phylo faire de grands gestes…et surtout que la « parole » ne circulera pas par la suite. Pour les non-initiés pas de souci on vous racontera tout cela en salle humide….pardon lors du repas tout à l’heure.

Sans uniquement parler de lien biologique entre frère et sœur d’une même famille, lorsqu’on parle de Fraternité les mots frère et sœur sont alors utilisées pour désigner une relation beaucoup plus large. C’est le cas en religion, en maçonnerie par exemple. La fraternité est aussi assimilée à la solidarité et dans toute société digne de ce nom il existe une obligation de solidarité. Donc cette fraternité solidaire ne viendrait-elle pas alors corriger une égalité qui ne peut être que formelle lorsqu’on n’a pas les moyens de l’exercer ? Dans notre pays ne voyons nous pas quelque fois cette fraternité s’étioler et il faut attendre quelque fois certains événements pour qu’elle se solidifie de nouveau et je pense par exemple …ha que …..au départ de l’idole des jeunes où il semble que nous étions lors de la cérémonie populaire de son enterrement dans une fraternité exemplaire….alors allumons le feu….oh non je vous rassure pas tout de suite.

J’ai effleuré tout à l’heure la Religion alors permettez-moi d’y revenir.

Dans la religion chrétienne le mot frère est bien souvent employé par Jésus dans les évangiles. Il affirme d’ailleurs que ses frères et sœurs sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. Il incite alors à une fraternité universelle. Paul le dit d’ailleurs : là où est l’Amour est Dieu et là où est la Fraternité est Dieu. Cette Fraternité est donc centrale dans la doctrine chrétienne et nous la trouvons donc sous diverses formes.

• Ne pas faire à autrui ce que l’on ne voudrait que l’on nous fit.
• Au niveau plus social par, les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers.
• Pour dépasser la violence : si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tend la joue gauche. Oui mais là il ne faut quand même pas exagérer…..Tiens déjà certaines limites à la fraternité ?

Pour la religion Islamique, la Fraternité s’applique à l’ensemble des croyants de toutes les religions. Cette fraternité s’articule d’abord autour de la notion centrale d’Unicité divine. Pour cette religion point de Fraternité sans faire l’effort de connaitre l’autre. La fraternité est donc le résultat d’un engagement, d’un effort soutenu pour la reconnaissance de l’autre et de ses besoins.

Pour la religion Judaïque, nous retrouvons encore la fraternité comme base religieuse, mais elle n’est pas innée en soit. Elle est le résultat d’un long processus où l’homme va  apprendre à se connaitre et à dominer ses pulsions pour aboutir à la révélation d’une fraternité complète. Tout Juif qui pratique peu ou prou est considéré de la même façon. La fraternité n’exclu donc personne de cette communauté.