Native American Condensed Timeline 1839-1952
Chronologie : Native American Condensed Timeline 1839-1952. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Thibault Cattacin • 7 Janvier 2021 • Chronologie • 5 409 Mots (22 Pages) • 455 Vues
L'existence de l’État est-elle un obstacle à la liberté ?
Analyse de la question
- On remarque d'emblée un présupposé (qqc que la question implique comme allant de soi) : l’État serait une chose réelle, qqc qui existe. Or, cela ne va pas de soi si on y réfléchi bien, car l’État n'est pas vraiment une entité concrète, qqc qu'on pourrait par exemple voir, toucher ou photographier. L’État n'est jamais vraiment présent, mais il est plutôt représenté (par un fonctionnaire, par une institution, par un symbole comme le drapeau, par une personne incarnant l'autorité de l’État, etc.).
- On constate que le mot État (qui prend toujours une majuscule quand on parle de l’État au sens politique, et non de l'état au sens physique comme dans la phrase « ce soir, je suis dans un sale état » ; étymologie stare = ce qui est stable) peut être défini de deux manières distinctes :
1) Un État est un ensemble d'individus qui vivent sur un territoire déterminé sous l'autorité d'un pouvoir politique, qui peut être tenu pour une personne morale quant à ses rapports avec les autres États. Cette définition de l’État en fait presque un synonyme de pays.
2) L’État, c'est l'autorité souveraine (= qui détient la souveraineté, autrement dit le pouvoir) qui s'exerce sur une population et un territoire déterminés. Cette définition plus restrictive désigne spécifiquement un des éléments de la définition précédente : à savoir l'autorité politique ou le pouvoir politique qui s'exerce sur une population et un territoire. L’État ainsi défini est extérieur à la vie sociale qu'il organise plus ou moins, à la population sur laquelle précisément il exerce son autorité. L’État par là se distingue donc de la société civile. Il se manifeste par un gouvernement et, plus largement, les institutions nécessaires à l'exercice de la souveraineté (justice, police, armée). Réduit à sa plus simple expression, l’État peut donc se définir par les pouvoirs régaliens (dont disposait le régent, le monarque sous l’Ancien Régime), à savoir : la police, qui assure la sécurité publique, la justice qui tranche les différends, la défense nationale qui assure l’intégrité du territoire, l’émission de monnaie, monopole de l’État, de la Banque centrale de l’État. Tous ces pouvoirs étant à la disposition de l’État comme des instruments, des moyens au service de fins politiques. Il faut aussi noter que l’État ne saurait exister sans impôt : pour fonctionner et agir, le gouvernement et les institutions sans lesquels l’État n'existe pas nécessitent de disposer d'une richesse matérielle (taxes).
Que l’État réponde à deux définitions dont l'une isole un élément de l'autre doit nous laisser perplexe. Pourquoi une définition totalisante et une autre restrictive ? Pourquoi, du point de vue des individus, une définition qui exprime une relation d'appartenance, d'immersion, et une autre qui, au contraire, traduit une distance et fait de l’État quelque chose d'étranger, voire d'hostile ? Pourquoi une définition « chaude » de l’État et une autre « froide » ? La chaleur du pays, de la patrie, de la communauté, des réjouissances et célébrations collectives, et la froideur glaciale du monstre aveugle, du fusil et de la matraque, de la prison et des peines, de la surveillance et du renseignement, de l'administration et du fisc ?
- Comment définir la liberté ? Partons de l'idée la plus simple, la plus commune de la liberté : c'est l'absence de contraintes, autrement dit le pouvoir de faire ce que l'on veut sans restriction et sans obstacle. Cette première définition peut facilement être mise en tension avec la notion d’État, dans la mesure où celui-ci paraît jouer un rôle de limitation de la liberté des individus, voire parfois semble aller jusqu'à oppresser l'individu (le priver arbitrairement et plus ou moins violemment de certaines
Philo/tronc commun - État & liberté J. Schmitt - 12/2020
libertés).
Problématisation de la question
On a donc une première réponse qui se dessine, a priori la plus évidente (et qu'il va s'agir de critiquer par la suite) : l'existence de l’État semble bien constituer un obstacle majeur à la liberté des individus. La réflexion permet de formuler une deuxième réponse en tension avec la première : sans l’État, c'est-à-dire sans une autorité souveraine capable de limiter les libertés de chacun en vue d'assurer la sécurité des individus et la stabilité de la collectivité, la liberté apparaît comme étant impossible, ou au moins fragile voire illusoire.
On peut alors formuler clairement le problème que nous allons tenter de résoudre dans notre dissertation :
À première vue, l'existence de l’État semble bien constituer un obstacle majeur à la liberté des individus, définie comme absence de contraintes, puisque l’État c'est ce qui, par définition, limite la liberté, interdit, autorise et sanctionne nos actions. Néanmoins, sans l’État, c'est-à-dire sans une autorité souveraine capable de limiter les libertés de chacun en vue d'assurer la sécurité des individus et la stabilité de la collectivité, la liberté apparaît comme étant impossible, ou au moins fragile voire illusoire.
I. L'existence de l’État semble bien constituer un obstacle majeur à la liberté des individus
1) Argument A : Il semble y avoir contradiction entre l'existence même de l’État et la liberté individuelle comprise comme absence de contraintes - Les impôts : tout individu vivant dans un État se voit taxé au nom de l'autorité souveraine (TVA, impôt sur le revenu, etc.) car aucun État ne peut exister sans détenir de la richesse matérielle (police, armée, justice et autres aménagements et infrastructures nécessitent de l'argent). Or, l'impôt est énoncé et appliqué par la loi, dont l’État est garant. D'où l'idée suivante : - Les lois en général : l’État, parce qu'il est par définition l'autorité souveraine, produit des lois et les fait appliquer. Or, toute loi est une règle collective qui apparaît inévitablement comme un obstacle à la liberté individuelle définie comme absence de contraintes. En effet, les lois et leur application nous empêchent de faire tout ce que nous voulons, même si cela peut parfois sembler légitime (ex. : ce n'est pas parce que ma femme est sur le point d'accoucher sur la banquette arrière de ma voiture, que je suis libre de brûler tous les feux rouges pour me rendre à l’hôpital).
2) Argument B : la nature de l'homme semble nécessiter d'emblée que l’État soit une force contraignante, dans la mesure où la finalité politique (stabilité) est toujours en tension avec la finalité individuelle (désirs, d'où conflits, instabilité). Ce point de vue correspond à celui défendu par Machiavel (voir texte), rejoint l'anthropologie développée par Hobbes (voir II dans la suite du cours) dans son Léviathan (1651), et trouve un écho plus récent chez Freud, qui soutient dans Malaise dans la civilisation (1930) que la société est constamment menacée par les pulsions agressives et les désirs individuels.
3) Référence : texte Prince, chapitre VI sur la fondation d'un ordre nouveau et l'usage de la force pour garantir la stabilité et la sécurité du nouvel État. La principale difficulté du prince nouveau ayant conquis sa principauté par lui-même, c'est de
Philo/tronc commun - État & liberté J. Schmitt - 12/2020
parvenir à fonder et à imposer un « nouvel ordre », c'est-à-dire « des nouvelles lois et des nouvelles mœurs » nécessaires « pour la fondation de l’État et [pour la] sécurité ». Or, Machiavel estime qu'il y a deux voies possibles pour qu'un peuple se soumette à un ordre nouveau : soit on parvient à le convaincre que l'ordre nouveau est meilleur que l'ancien et on suscite ainsi une libre adhésion, soit on impose l'ordre nouveau par la crainte et la force issue des armes. Mais ces deux voies ne se valent pas, car le peuple est « changeant », ses intérêts sont variables, et ce qu'il trouve bon, utile et juste aujourd'hui, lui déplaira peut-être demain. Il est donc bon de convaincre, mais il faut toujours s'assurer d'une force suffisante pour contraindre lorsque cela sera nécessaire à la stabilité de l’État. Cet usage de la crainte et de la contrainte par les armes est central dans la conception machiavélienne de l’État, et les qualités militaires sont les premières qu'un prince doit avoir, car du fait même de la nature humaine, fondée sur le désir et toujours cause d'instabilité, la finalité politique nécessite le recours à la force, ou au minimum à l'intimidation. Ainsi, la nature même de l’État, comme structure collective visant des fins autonomes (stabilité, ordre, pérennité), est d'emblée pensée comme coercitive et liberticide, dans la mesure où ce qui compose in fine le corps politique est l'individu, dont la nature même est d'être instable et individualiste, plein de désirs et de craintes.
4) Transition : Mais l'absence d’État n'implique-t-elle pas l'absence de liberté
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