Responsabilité Et Dévalorisation Des Personnes Séropositives
Rapports de Stage : Responsabilité Et Dévalorisation Des Personnes Séropositives. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresexpliquer la contamination d’un autre individu par le virus du VIH, il ne cherche pas tant à en comprendre la cause qu’à savoir si cette personne est responsable ou non de sa
contamination. Comparativement au cancer, la responsabilité de l’individu est plus souvent engagée dans le cas d’une contamination par le virus du sida.
Beauvois (1984) procède à des inférences personnologiques : il utilise des traits de personnalité qui fonctionnent comme des « schémas conceptuels » dans le traitement qu’il fait de l’information. Autrement dit, au départ nous avons des théories implicites qui nous permettent d’expliquer ce que nous observons, et à partir de ces théories implicites nous pouvons déduire des caractéristiques que nous n’avons pas observées, la présence de certaines caractéristiques implique la présence ou l’absence d’autres caractéristiques. On entend par théorie implicite de la personnalité un répertoire de traits permettant une description psychologique, une relation sur ce répertoire (certains traits vont ensemble, d’autres non, parfois même ils s’excluent) et une structure sous jacente que cette relation présuppose. La dimension première de cette théorie est une dimension évaluative (Beauvois 1982-1984) qui consiste plus à juger qu’à connaitre. La seconde est une disposition permanente qui consiste à juger de la valeur d’une conduite selon un arbitraire social, en pensant rendre compte d’une manière purement descriptive. Dans un cas comme celui du sida où la responsabilité individuelle est fortement engagée, une dévalorisation de l’individu contaminé s’observe contrairement au cas d’une maladie telle que le cancer.
Les réactions de peur que le sida provoque, la honte ressentie par les personnes contaminées, et les comportements d’exclusion qu’elles provoquent ne sont pas différentes de celles qui ont été observé pour des maladies telles que la peste, le choléra et plus récemment le cancer. Selon Sontag (1989) le sida a banalisé le cancer. Une enquête faite sur l’île de la Réunion démontre que la responsabilité attribuée à un individu va de paire avec les attitudes de rejet à son égard. Les sujets devaient répondre à des questions (réponses allant de « pas du tout d’accord» à « tout à fait d’accord ») concernant des personnes atteintes du sida ou des personnes atteintes du cancer. Le premier axe différencie les personnes tolérantes ou compréhensives à l’égard des personnes malades du sida ou du cancer et les personnes qui se montrent sévères à leur égard. Le second axe nuance cette opposition. On constate d’après cette expérience que plus la personne est considérée comme responsable de sa maladie plus elle est jugée comme dangereuse pour les autres et comme coutant cher à la société. Ce que les résultats ne montrent pas est le fait que les personnes atteintes du sida sont estimées plus dangereuses, plus responsables de leur maladie et plus couteuses pour la société que les personnes atteintes du cancer.
1ère Etude : Responsabilité individuelle et inférences personnologiques dans le cas du sida et du cancer : L’expérience se déroule en passation collective, les sujets (84 adolescents) devaient répondre à un questionnaire anonyme et écrit, portant soit sur le sida (condition 1) soit sur le cancer (condition 2), en utilisant une échelle en 10 points (de « pas du tout » à « tout à fait »). Le sida est perçu comme impliquant plus la responsabilité personnelle que le cancer, ce dernier est perçu comme étant plutôt dû aux circonstances de la vie. On leur présente ensuite un témoignage fictif d’une personne atteinte par le sida ou le cancer qu’ils doivent d’abord décrire selon un certain nombre de traits de personnalité, puis dont ils doivent juger la responsabilité face à la maladie. En conclusion, la personne censée être atteinte d’un cancer est mieux vue et est jugée moins responsable que celle atteinte du sida. Les sujets considèrent que si la personne est atteinte du sida c’est que, d’une certaine manière, elle l’a cherché, tandis que si la personne est atteinte du cancer elle n’y peut pas grand-chose.
2nde Etude : Attitudes à l’égard des toxicomanes et des transfusés séropositifs : Cette expérience fait ressortir qu’il existe une différence dans l’attitude des gens face à une personne malade du sida selon le mode de contamination de celle-ci. En effet les personnes contaminées par injection de drogue sont considérées comme plus responsables de leur infection et plus dangereuses pour la société que celle contaminées par transfusion, elles ne devraient donc pas avoir droit, selon les sujets agents sociaux, à un fond de soutien financier contrairement aux personnes contaminées par transfusion. Ces personnes n’auraient pas droit au même soutien selon qu’elles sont responsables ou non de leur contamination. Dans cette expérience on retrouve une condition « catégorie » dans laquelle les sujets répondent à des questions posées sur des transfusés malades du sida et des drogués malades du sida. Dans la condition « cas concret » on pose la même série de questions mais cette fois on présente avant celle ci de brefs témoignages fictifs. La suite de questions présentée dans les deux conditions se présente selon deux facteurs, le premier regroupe les questions d’acceptation sociale portant sur des situations d’interaction hypothétiques et le second renvoie au support social que l’on accorde à la personne malade du sida. Les deux variables indirectes sont la condition de passation (catégorie/ cas concret) et le mode de contamination (transfusion sanguine/ injection de drogue). Le niveau d’acceptation sociale est plus élevé dans la condition « cas concret » que dans la condition « catégorie », tout comme il est plus élevé lorsque la contamination s’est faite par transfusion plutôt que par injection de drogue. L’effet de la condition est plus fort pour la contamination par injection de drogue que pour la contamination par transfusion, de plus l’effet du mode de contamination est significatif en condition « catégorie », mais il ne l’est
pas en condition « cas concret ». Le degré de support social est plus fort pour la contamination par transfusion que pour celle par injection de drogue. L’effet de la condition quand à lui n’est pas significatif.
3ème Etude : personnologiques :
Appartenances
catégorielles
et
responsabilité
et
inférences
On présente à 56 sujets (des travailleurs sociaux) des questionnaires portant sur les opinions des gens concernant le sida et un témoignage fictif d’une jeune femme atteinte du sida. Le contenu du témoignage variait selon les conditions, en condition « certitude » la jeune femme était certaine d’avoir été contaminée par injection de drogue ou par transfusion sanguine, tandis qu’en condition « doute » elle n’en était pas certaine. Chaque sujet voyait l’une ou l’autre des deux conditions. Ils devaient décrire, sur une échelle en 10 points (de « pas du tout » à « tout à fait »), les traits de personnalité de la jeune femme, ensuite juger de sa responsabilité dans le fait d’être atteinte du sida, puis dire dans quelle mesure ils pourraient considérer cette femme comme une amie proche et enfin indiquer à quel point ils étaient sûrs du mode de contamination énoncé dans le témoignage. En condition « certitude » les sujets sont davantage sûrs du mode de contamination qu’en condition « doute ». Quelle que soit la condition, la jeune femme est considérée comme plus responsable de sa contamination lorsqu’elle s’est faite par injection de drogue que par transfusion sanguine. En condition « certitude » les sujets estiment que la femme contaminée par injection de drogue assume mieux son infection par le virus du VIH que celle contaminée par transfusion, alors qu’en condition « doute » il n’y a pas de différence selon le mode contamination. Par contre la jeune femme contaminée par injection de drogue est considérée comme assumant moins bien son sort en condition « doute » qu’en condition « certitude » car pour les sujets de la condition « doute » elle nie ce qui pour eux est une évidence, alors que pour ceux de la condition « certitude » elle reconnait sa responsabilité et donc assume mieux. Concernant la jeune femme contaminée par transfusion, elle
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