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Revue canadienne de recherche sur l’économie sociale et sans but lucratif Revue canadienne de recherche sur l’OSBL et l’économie sociale

Fiche : Revue canadienne de recherche sur l’économie sociale et sans but lucratif Revue canadienne de recherche sur l’OSBL et l’économie sociale. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  16 Septembre 2021  •  Fiche  •  7 272 Mots (30 Pages)  •  679 Vues

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  ANSERJ                                                                                Vol. 1, No 1 Automne / Automne 2010 8 - 22


Revue canadienne de recherche sur l’économie sociale et sans but lucratif Revue canadienne de recherche sur l’OSBL et l’économie sociale

                                Une vision interactive de l'économie sociale

 

                Centre d'économie sociale Jack Quarter, Université de Toronto

                                                    Laurie Mook

                                            Arizona State University

RÉSUMÉ

Généralement, les théoriciens de l’économie sociale se concentrent sur l’approche sectorielle, c’est-à-dire que leurs recherches soulignent le caractère unique de l’économie sociale, presque comme s’il s’agissait d’un monde en marge du reste de la société. Par contraste, cet article envisage les diverses formes que peut prendre l’interaction entre l’économie sociale et les autres sphères de la société. Pour illustrer ces différentes formes d’interaction ainsi que la fluidité de l’économie sociale, les auteurs ont utilisé un diagramme de Venn. Le modèle présenté tient pour acquis que l’économie sociale est partie intégrante de la société. Alors que certains acteurs de l’économie sociale défendent l’existence de normes sociales, d’autres mettent ces normes en doute et proposent plutôt une vision transformatrice.

 Mots clés

Économie sociale; Organismes sans but lucratif; Coopératives; Entreprises sociales; Société civile

INTRODUCTION

De nombreuses recherches sur l'économie sociale ont mis l'accent sur ses caractéristiques distinctes. Une revue complète de la littérature de Bouchard, Ferreton et Michaud (2006) indique que trois approches générales sont utilisées: (1) une focalisation sur les types d’organisation (par exemple, les coopératives, les associations mutuelles à but non lucratif); (2) une focalisation sur les règles de fonctionnement (par exemple, un membre / une voix); et (3) une variante de la deuxième catégorie qui concerne les valeurs (prise de décision démocratique).

 La recherche sur ces caractéristiques de l'économie sociale, ou ce que nous qualifions d'approche sectorielle, est complétée par des travaux connexes sur les caractéristiques des organisations à but non lucratif, des organisations caritatives, de la société civile 1 et des coopératives. L’économie sociale devenant l'influence dominante dans la société (Shragge et Fontan, 2000) ou parle du «Commonwealth coopératif» (Webb & Webb, 1920, 1921) qui deviendrait le mode dominant de structure socioéconomique

Nous n'essayons pas de diminuer l'importance de cette forme de recherche. Des formes d'organisation distinctes existent dans l'économie sociale et la compréhension de leurs caractéristiques est importante. Cependant, notre préoccupation à propos de ce discours sectoriel est qu’il a tendance à considérer l’économie sociale et ses organisations apparentées comme isolées du reste de la société. Cet article vise à présenter une approche inclusive et relationnelle de l’interprétation de l’économie sociale - non une approche qui essaie de comprendre ses caractéristiques distinctives (c.-à-d. Une approche sectorielle), mais qui tente de secteurs privé et public. Très peu de cette forme de conceptualisation a été développée au Canada, où les approches sectorielles semblent prévaloir, bien qu'il existe des exemples internationaux d'approches interactives, dont nous discuterons brièvement.

En ce qui concerne les organismes sans but lucratif, un sous-ensemble de l'économie sociale, deux approches interactives sont la théorie de la crise du marché et la théorie de l'interdépendance. La théorie de la défaillance du marché suggère que les organismes sans but lucratif émergent lorsque le marché privé ne sert pas adéquatement les communautés d'intérêt (Ben-Ner, 1986; Hansmann, 1980; Weisbrod, 1974, 1977). Salamon (1987, 1995) soutient que l’échec du marché est une conceptualisation inadéquate et que les organisations à but non lucratif émergent d’un partenariat ou d’une relation d’interdépendance entre le gouvernement et les organisations communautaires, chacune apportant ses forces distinctes à la relation.

Des recherches récentes de Quarter, Mook et Hann (sous presse) suggèrent que la théorie de l'interdépendance, plutôt que la théorie des défaillances du marché, pourrait expliquer pourquoi les coopératives au Canada ont émergé en milieu urbain où les partenariats avec le gouvernement prévalent.

 Evers (1995), l'un des théoriciens internationaux interactifs les plus forts, qualifie le troisième secteur de système de protection sociale mixte composé des ménages, des États et du secteur privé informel. Evers s'interroge en outre sur l'existence d'un troisième secteur distinct et le qualifie d'espace «intermédiaire» ou «hybride». À cet égard, son point de vue ne diffère pas de la notion de partenariat de Salamon, bien que Salamon souligne qu’il existe un secteur distinct.

 En ce qui concerne l'économie sociale, d'autres chercheurs la juxtaposent également aux secteurs privé et public et à l'économie familiale (Bouchard et al., 2006; Pestoff, 1998). Cependant, ils se concentrent sur la localisation spatiale de l'économie sociale et non sur la mise en évidence des différents modes d'interaction et de relations. Une revue internationale réalisée par Amin (2010) souligne la tension entre la logique sectorielle du caractère distinct de l'économie sociale et ses valeurs supérieures (l'accent social) et les interactions continues qui affectent le fonctionnement des organisations d'économie sociale avec le reste de la société. Amin (2010) souligne l'importance du contexte général dans lequel fonctionne l'économie sociale, que le contexte soit une économie de marché prospère ou une économie défaillante. La collection Amin présente une approche sectorielle ou interactive sans une cartographie détaillée des différentes formes d’interaction et de leur complexité, comme nous le présentons dans cet article.

Dans un contexte canadien, le discours dominant a été sectoriel et sans doute utopique. L'approche du Québec en matière d'économie sociale, telle que présentée dans l'organisation faîtière Le Chantier de l'économie sociale, est une tentative de créer un mouvement fondé sur la démocratie économique (Mendell, 2010; Mendell et Neamtan, 2010). fortement sur la viabilité des gouvernements (Favreau, 2006). Sans un mouvement fondé sur une base de réseaux communautaires, le soutien du gouvernement serait moins probable; Cependant, sans le soutien du gouvernement, le mouvement se fanerait.

Dans d'autres régions du Canada, ce discours spécifique sur l'économie sociale n'est pas courant. Le discours a plutôt tendance à se concentrer sur les organisations à but non lucratif et les coopératives en tant que secteurs distincts qui, ensemble, constituent une économie sociale plus large. Néanmoins, ce point de vue est également sectoriel.

 

Cet article rompt avec l'accent sectoriel actuel au Canada et présente une approche de l'économie sociale interactive et relationnelle. Il s'appuie sur des travaux antérieurs de Quarter, Mook et Armstrong (2009) et examine comment l'économie sociale sert la société dans son ensemble. L'implication de cette analyse est que l'économie sociale ne devrait pas être considérée comme une alternative distincte pour la société mais plutôt comme une partie de la société en général ou intégrée à celle-ci (Granovetter, 1985). Certaines de ces interactions peuvent être durables et conservatrices dans leur orientation; d'autres défient les institutions conventionnelles de changer et peuvent même projeter une vision alternative de la société.

Bien que l’approche interactive diffère de la recherche axée sur les caractéristiques de l’économie sociale, l’approche interactive s’appuie sur cette recherche sectorielle, car pour discuter de la façon dont les organisations de l’économie sociale interagissent avec d’autres institutions de la société, économie sociale. Nous gardons à l’esprit l’accent mis par Evers (1995) sur la nature hybride de l’économie sociale («troisième secteur», selon ses termes) mais s’écarte de sa logique en ce sens que nous estimons qu’il existe des caractéristiques sectorielles; Cependant, faire de ces caractéristiques la forme dominante du discours manque quelque chose de très important.   Nous reconnaissons qu'il n'y a pas de consensus sur ce qui constitue l'économie sociale (Bouchard et al., 2006). Nous acceptons également que les frontières de l'économie sociale soient à la fois contestées et fluides, car les organisations qui font partie de l'économie sociale chevauchent les secteurs privé et public. Les coopératives de commercialisation à la ferme, par exemple, fonctionnent sur le marché avec les entreprises du secteur privé, mais elles sont classées dans l'économie sociale en raison de leurs caractéristiques organisationnelles distinctes.   Les universités, pour donner un autre exemple, fournissent des services publics, tout comme les organisations du secteur public, mais leurs caractéristiques distinctes sont des organisations sans but lucratif et de nombreuses caractéristiques démocratiques, telles que les chefs Pour cette raison, nous appelons les universités «organismes sans but lucratif du secteur public», c’est-à-dire un arrangement hybride associant des organisations de l’économie sociale et le secteur public (Mook, Quarter et Richmond, 2007; Quarter et al., 2009). En d'autres termes, les frontières entre l'économie sociale et d'autres parties de la société se chevauchent et ne sont pas toujours convenues.

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