Dissertation sur la première guerre mondiale

Dissertation : En quoi la Première Guerre mondiale marque elle une rupture par rapport aux conflits antérieurs ?

        De 1871  à 1914, l’Europe vit dans une « paix armée ». Alliances, accords et stratégies se mutliplient entre les Etats engagés constamment dans une course à l’armement. La tension est palpable, notamment entre l’Allemagne et la France suite à la guerre de 1870, entre la France et le Royaume-Uni qui se bataillent le Maroc, ou encore avec l’Empire Austro-hongrois qui surveille de près sa voisine la Serbie … Les différends économiques et politiques, ainsi que les rivalités coloniales et territoriales entre les états européens les entraineront vers une guerre qui se démarquera de toutes les précédentes, restant gravée dans l’Histoire comme la première de ce genre. Nous nous demanderons en quoi cette première guerre mondiale marque une rupture par rapport aux conflits antérieurs.

        Nous étudierons en premier lieu la conjoncture européenne peu banale à la veille de la guerre, puis nous verrons en quoi les avancées technologiques ont donné naissance à une toute nouvelle stratégie militaire, et enfin nous ferons le bilan de ce tout nouveau type de guerre.

        Deux grands systèmes politiques étaient en opposition en Europe au début du 20ème siècle : les régimes parlementaires et autoritaires. Cette bataille entre la démocratie et le totalitarisme n’est pas nouvelle, mais les alliances qui se sont créées entre les états ayant les mêmes idéaux politiques ont donné lieu à une hostilité continentale. Le jeu des alliances a étendu un conflit qui était à la base une simple guerre entre l’Empire Austro-hongrois et la Serbie à toute l’Europe, puis dans le monde entier. En effet, l’Empire Austro-hongrois faisait parti de la « Triple Alliance » ou autrement appelé la « Triplice » avec l’Allemagne et l’Italie en 1882 (cette dernière était une alliée peu sûre, car elle était en cours de démocratisation : elle a finit par quitter la Triplice en 1915). Cette alliance faisait face à la « Triple Entente » constituée de la France, du Royaume-Uni et de la Russie en 1893. Ainsi, le prétexte de l’assassinat de François Ferdinand, héritier du trône austro-hongrois, est adopté par tout le monde : seulement 8 jours après la déclaration de guerre du 28 juillet de l’Empire Austro-Hongrois à la Serbie, plus de cinq pays sont mobilisés (l’Allemagne, la Russie, la Belgique, la France et le Royaume-Uni) et s’affrontent dans ce qui sera dans un premier temps une guerre de mouvement.

        Cette guerre se caractérise par une préparation matérielle impressionnante. En effet, les Etats étant conscients qu’un conflit était imminent, chacun a mobilisé son économie et son industrie afin de se préparer le mieux possible. Grâce à la Révolution Industrielle, qui a ouvert de nouvelles perspectives économiques et industrielles et qui a apporté des évolutions majeures à partir de 1850, de nouvelles armes ont vu le jour tel que les obus, les chars d’assaut, les mitraillettes, les gaz mortels, les avions militaires, les sous-marins… Par exemple, le Royaume-Uni possèdait 2 714 000 tonnes de flotte de guerre en 1914. Mais l’exemple le plus frappant reste celui de l’Allemagne : en 1900, sa flotte de guerre pesait 285 000 tonnes et en l’espace de quatorze ans elle en possédait 1 305 000 t., ce qui prouve que la production d’armement était une des priorités étatiques majeures à cette époque.

        L’Allemagne était alors une puissance destructrice. Grâce à l’unification de 1871, elle n’a jamais été aussi soudée et de ce fait, jamais aussi dangereuse. Le nouvel Empire allemand se situait au cœur de l’Europe,  proche de son allié austro-hongrois. Elle disposait de nombreux accès maritimes et fut nommée première puissance continentale en Europe sous le règne de Guillaume 1er de Prusse. C’est donc la première fois que deux puissances des temps modernes s’alliaient pour faire la guerre.

Cette guerre est également innovante du fait de sa mondialisation. En effet, chaque pays s’y investi très rapidement et tout le monde prenant parti. Peu de pays européens restèrent à l’écart du conflit (l’Espagne, la Suisse, Monaco) et même la Belgique, qui était neutre à la base, s’est faite envahir par l’Allemagne le 3 août 1914 dans l’optique d’être en meilleure position géographique afin d’attaquer la France. Le conflit se  généralisa alors et prit de l’ampleur : le Japon, l’Italie, la Roumanie, le Portugal, la Grèce et la Chine rejoignirent les Alliés, ainsi que les Etats-Unis. Ces derniers joueront un rôle capital dans la victoire de la Triple Entente car ils seront un soutien maritime crucial. De son côté, la Tripe Alliance, amputée de l’Italie, reçoit l’aide de l’Empire Ottoman et de la Bulgarie. L’aspect mondial de cette guerre s’est développé par le jeu des alliances, impliquant de façon implicite les colonies de chaque protagoniste. En effet, la France importa 600 000 soldats et 200 000 travailleurs. Le Royaume-Uni, qui était un pays à grande influence coloniale, a également sollicité des volontaires australiens, canadiens, sud-africains ainsi qu’un million d’Indiens. Ainsi, une grande partie du monde est en guerre, on se bat depuis l’Europe jusqu’au Pacifique, en passant par l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient.

En 1914, chaque Etat expérimentait ses nouvelles armes tout en gardant les techniques de combat traditionnelles. Ceci fonctionna puisque l’armée allemande prit très vite possession de la Belgique et du Luxembourg, et arriva aux portes de Paris. Mais l’armée française la repoussa et chaque camp creusa alors des tranchées afin d’être à l’abri des obus de l’ennemi : la guerre de position s’installe sur près de 800km de front, allant de la Suisse jusqu’à la mer du Nord. La manière de combattre l’adversaire connaît alors un bouleversement historique : on se cache dans les tranchées, séparés par des mètres de barbelés et par le « no man’s land », on use l’adversaire physiquement en ne lui laissant aucun répit (attaques de nuit, jets de gaz mortels, obus, attaques aériennes…) et moralement, en rejetant toute forme d’humanité sur le front (les docteurs qui viennent soigner les blessés sont tués, les corps sont abandonnés à la décomposition…). La souffrance des soldats lors de cette guerre de position est alors inimaginable, car en plus de la peur constante de la mort s’ajoutent les conditions de vie déplorables dans les tranchées : le manque de repos, le froid, l’absence d’eau et de plats chauds… De plus, les soldats ne voient pas la fin de cette guerre qui parait interminable : malgré les nombreuses offensives, les positions des troupes stagnent et les morts se comptent par milliers. La bataille en Champagne Artois reflète les massacres inutiles de cette guerre : 350 000 soldats sont sacrifiés pour gagner seulement 4km de terrain. Le nombre démesuré de vies humaines perdues fait malheureusement parti des facteurs qui font que la première guerre mondiale se démarque des précédentes (entre 9 et 10 millions de morts).

L’implication de chaque Etat dans cette guerre la rend plus particulière encore : l’état de guerre « totale » fut déclaré, c'est-à-dire que chaque pays s’engageait à mobiliser au maximum toutes ses ressources militaires, économiques et humaines. Ainsi, les différends politiques nationaux se turent pour défendre avant tout la Patrie (on parle alors « d’Union Sacrée »), et tous les hommes adultes étaient mobilisés. Les femmes s’assuraient alors du bon fonctionnement de l’économie, et remplacèrent les hommes que ce soit à l’usine, dans les transports, ou pour les tâches administratives… La démocratie fut mise à mal car la préoccupation première des gouvernements était l’aboutissement victorieux du conflit mondial. D’Etats libéraux, les protagonistes sont passés à une politique interventionniste, où l’Etat-Providence prend possession de l’économie. Le pays tout entier est consacré à la production d’armements, ce qui est extrêmement coûteux. Pour assurer les dépenses liées à la guerre, les dirigeants usent de toutes les ruses possibles: sous forme de propagande, des collectes d’or sont menées au près des civils, les impôts sont augmentés et les Etats s’endettent (principalement au près des Etats-Unis).