Le Chlordécone
Étude de cas : Le Chlordécone. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Evain • 2 Novembre 2019 • Étude de cas • 427 Mots (2 Pages) • 425 Vues
Le Chlordécone
Interdit aux Etats-Unis en 1976, le Chlordécone l’a été en 1993 seulement en Martinique et en Guadeloupe. En francel’interdiction a été retardée « sous l’influence des intérêts économiques »
Des articles de presse l’avaient dénoncer, mais aucune réaction du ministère de l’Agriculture. Mais en août dernier, ce sont deux rapports officiels qui ont confirmé les dangers que faisaient courir à la population des Antilles françaises : le chlordécone, un insecticide cancérigène utilisé de 1971 à 1993 dans les bananeraies, et qui ont été négligés par les pouvoirs publics sous la pression des grands planteurs.
Résultat : les sols, les eaux, le littoral de la Guadeloupe et de la Martinique ont été contaminés pour des décennies et la population s’angoisse sur l’impact sanitaire de cet empoisonnement et notamment, sur les augmentations de cancers de la prostate.
En 1968 puis en 1969, la Commission d’étude a rejeté l’emploi des toxiques en agriculture, rattachée au ministère de l’Agriculture. Mais en 1971, relate le chercheur, « deux membres influents » de cet organisme, où siègeaient « les producteurs de pesticides et les représentants agricoles, mais pas les associations de protection de l’environnement ni les consommateurs », incitent cette même commission à créer un régime pour les Antilles, et à accorder l’année suivante, une « autorisation provisoire de vente » (APV) d’un an pour la molécule chlordécone. Ce n’est qu’en 1976 que le ministère prolonge l’APV. L’année même où les Etats-Unis l’ont interdit, l’Amérique considérait en effet que cette molécule « faisait courir des risques pour la santé humaine et pour l’environnement qu’il n’était pas raisonnable d’accepter ».
De 1976 à 1980, 131 articles ont été publiés sur le chlordécone, ce qui fait dire au sociologue que la France ne pouvait ignorer la nocivité environnementale de l’insecticide. D’autant que deux chercheurs de l’Inra, Snegaroff en 1977 et Kermarrec en 1980, avaient mis en évidence la forte pollution des sols et des rivières antillaises.
Pourtant, en 1981, la Commission des Toxiques homologue le chlordécone… sous une autre appellation commerciale : le curlone. Après le passage de deux cyclones en 1979 et en 1980, les planteurs antillais qui se sont plaints auprès du gouvernement d’être démunis face à la prolifération du charançon ont obtenu l’homologation du pesticide.
En 2005, pour le chercheur, « les risques non prouvés mais fortement plausibles n’ont pas permis de contrebalancer les intérêts agronomiques avérés ». En bref, les intérêts économiques des planteurs l’ont emporté. Mais l’histoire n’est pas terminée. Officiellement interdit en France en 1990, le chrordécone est utilisé aux Antilles jusqu’en septembre 1993 car les planteurs ont obtenu du ministère deux dérogations successives.
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