DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Familles Et Inégalités Sociales

Recherche de Documents : Familles Et Inégalités Sociales. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 14

raversant divers champs disciplinaires et que les inégalités sociales sont au cœur des débats contemporains, qu'il ne semble pas étonnant que le sujet « Familles et inégalités sociales » apparaisse.

A ce sujet, nous pouvons corréler les notions de socialisation familiale et de reproduction sociale qui sont des concepts plutôt récents. La première fait référence à l’ensemble des méthodes par lesquelles la famille contribue à l’apprentissage et à l’enrichissement d’une culture pour apprendre à vivre dans sa propre société. La reproduction sociale, développée en grande partie par Pierre Bourdieu, est une tendance du système social à se perpétuer, à se reproduire dans le temps. Elle correspond au maintien des inégalités, des rapports sociaux, et de la structure sociale. Ainsi, on peut se poser la question suivante : comment la socialisation familiale et les différentes formes de familles contribuent-elles à la reproduction sociale et à la transmission des inégalités ?

Nous montrerons d'abord que les stratégies familiales transmettent les inégalités sociales lors de la socialisation primaire. Dans un deuxième temps, nous nous attarderons à démontrer que les différentes formes de famille et les relations conjugales sont des outils de reproduction sociale.

La famille intervient grandement dans la socialisation primaire des enfants. C'est l'instance principale de la socialisation. Rappelons que la socialisation primaire ou socialisation de l'enfant, passe par l'apprentissage des rapports sociaux entre les hommes et l'assimilation de normes, règles, valeurs d'une société ou d'une collectivité. Il apparaît désormais évident que la famille, et notamment les parents, jouent un rôle de guide auprès de leurs enfants au cours de ce processus. Néanmoins, ces normes et valeurs varient avec la famille et selon le milieu social dans lequel cette dernière s'inscrit. Nous nous attacherons de démontrer dans cette partie, que c'est au sein de la famille que l'enfant apprend sa position sociale, ce qui conduit à des inégalités entre les différentes familles.

Pour Bernard Lahire, il existe des différences dans la manière de percevoir l'éducation des enfants qui se caractérisent selon l'appartenance à la classe dominante, moyenne ou populaire. Dans les classes supérieures, la famille joue un rôle essentielle dans le choix des institutions participants à la socialisation de l'enfant telles que les crèches, les nourrices, la famille élargie et plus tard, l'école. Dans la bourgeoisie, les parents privilégient les nourrices pour la garde de leurs enfants car c'est une aide individualisée et qui conduit les enfants à être en contact avec des enfants des classes populaires. Plus tard, ils choisiront des écoles privées catholiques ou des écoles publiques sélectives - où se mélangent enfants des classes aisées et enfants des classes moyennes - afin de bénéficier d'un rapport privilégié et personnalisé avec les enseignants. En revanche, dans les classes populaires, au début de la vie de l'enfant, on utilise l'entraide familiale car elle ne représente pas un coût financier. Il en résulte que les enfants des classes populaires sont ceux qui ont le moins de chance de rencontrer des enfants issus d'autres milieux sociaux. Dès l'enfance, ils sont contraints à ne connaître que ce qui caractérise leur propre classe. Plus tard, ces enfants iront dans des écoles publiques correspondant à la carte scolaire où ils ne côtoieront que des élèves de leur propre milieu. De ce point de vue, on aperçoit une première inégalité entre les enfants issus des classes défavorisées et ceux provenant de classes supérieures. En effet, ils ne bénéficient pas des mêmes chances d'acquisition en capital social. Cette inégalité peut s'expliquer par la mise en place de stratégies d'éducation par les parents des classes favorisées.

De plus, dans les classes dominantes, on observe un sens aigu du formalisme, du contrôle constant de son corps lors de la socialisation primaire des enfants. Aucun relâchement n'est toléré. Dans les classes moyennes, François de Singly montre que l'enfant est devenu le cœur de la famille, l'élément essentiel. On ne lui demande plus obéissance et discipline mais autonomie et responsabilité. Les parents sont des accompagnateurs au service de l'individualisme. Dans les classes populaires, on remarque un rapport scientifique aux enfants selon Olivier Schwartz. Le modèle d'éducation est traditionnel : les règles ne sont pas négociables ou nuançables mais en dehors de celles-ci, l'enfant est relativement libre.

On comprend donc que les modèles d'éducation selon les classes diffèrent sensiblement, ce qui nous amène à parler du constat établit par Basil Berstein dans Langages et classes sociales en 1971.

Le sociologue britannique distingue deux formes de langages : le langage commun et le langage formel. Le premier correspond au type de langage employé dans les couches populaires tandis que le deuxième est utilisé dans les classes supérieures. Il est nécessaire de décrire plus en détail ces deux types de langages avant de faire le lien avec les inégalités sociales.

Le langage formel est précis, logique, rigoureux, explicite et se caractérise par une structure grammaticale complexe qui permet à l'enfant d'exprimer clairement ce qu'il pense et ressent. Le langage commun est pauvre, simple, répétitif, limité, implicite et correspond à une syntaxe simple avec un usage fréquent des tournures impersonnelles et de l'impératif. Une place importante est accordée au symbolisme non verbal, à la communication par le corps, les gestes et les non-dits dans les milieux populaires.

Ce qui différencie les enfants des classes dominantes des enfants des classes populaires, et ce qui constitue à la fois une inégalité sociale, est le fait que les premiers connaissent et savent utilisent les deux formes de langages selon le contexte dans lequel ils se trouvent alors que les autres – les enfants des classes défavorisées – n'emploient que le langage commun. Même si Basil Berstein développe cette idée de manière subtile, on peut noter que cette différenciation provient du fait que l'enfant des classes supérieures grandit dans un cadre éducatif rationnel dont les parents organisent son expérience - y compris son expérience scolaire -, dès son plus jeune âge. En revanche, pour l'auteur, l'exercice de l'autorité dans les classes populaires, est souvent arbitraire et l'avenir est considérée de manière plus générale où le hasard a sa place. De ce fait, le comportement affectif et expressif chez l'enfant des classes défavorisées est plus instable et il a plus de difficulté à trouver un sens à son avenir – y compris à l'activité scolaire. Le sociologue explique ainsi les différences de réussite scolaire entre les enfants issus des milieux populaires et ceux issus de milieux favorisées. C'est parce ces derniers ont accès aux deux types de langages, à la transmission d'un capital culturel - pour reprendre les termes de Pierre Bourdieu - et à une éducation organisée qu'ils seront plus curieux et plus attentifs à leur parcours scolaire et qu'ils auront plus de chances de réussir à l'école. En revanche, les enfants défavorisées en capital culturel, dépourvus du langage formel et dont l'éducation est plus arbitraire, connaîtront des chances de réussite scolaire moindres.

On remarque donc qu'il existe différentes formes d'éducation selon les milieux sociaux. Les familles s'inscrivent dans ces derniers et se caractérisent par des stratégies éducatives intériorisées. Celles-ci ont pour première conséquence de transmettre aux enfants des normes, règles et valeurs mais aussi de former les inégalités sociales dès le plus jeune âge. Nous avons vu que les enfants des classes aisées et les enfants des classes populaires n'acquièrent pas le même capital social et le même capital scolaire du fait des différentes socialisations familiales.

Si les enfants des milieux favorisés ont plus de chances de réussite scolaire et que ceux des couches inférieures connaissent des chances de réussite moindres comme l'indique Basil Berstein, alors on peut penser que la structure sociale va se reproduire dans le temps, que les enfants de cadres deviendront cadres et que les enfants d'ouvriers deviendront ouvriers. Ceci nous amène à discuter du rôle des différentes familles et des relations conjugales dans la reproduction sociale.

Pour François De Singly, la famille au XIXème siècle a une fonction de transmission du patrimoine. Un agriculteur transmettait ses terres et un commerçant son magasin. Le patrimoine aidait financièrement l’héritier. Ainsi, les hiérarchies sociales se reproduisaient et les inégalités sociales visibles. En effet, les parcours des individus étaient déterminés selon leur milieu de naissance. La place du père occupait un rôle déterminant dans les trajectoires des fils. Aujourd'hui, la sécurité est dans les études. Elles offrent l'accès à l'emploi et à un revenu. On pourrait donc penser que les inégalités sociales n'ont plus lieu d'être étant donné que l'école est accessible à tous.

De plus, depuis le XVIIIème, le libre choix du conjoint apparaît chez les familles pauvres. Celui-ci s'est aujourd'hui largement diffusé. Ainsi, on pourrait également considérer que le

...

Télécharger au format  txt (22.1 Kb)   pdf (171.8 Kb)   docx (12.8 Kb)  
Voir 13 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com