L'Espagne Au Xiie Siècle Terre De Tolérance? Étude De Documents

f ou un chrétien ne pouvait pas commander à un musulman.

Il y a donc une méfiance et un repli sur soi de la part des musulmans. Ils se sentent menacés et dépossédés, pillés : ils accusent par exemple les chrétiens et les juifs de s’approprier leur savoir (ce qui est tout à fait vrai à l’époque). Les musulmans le prennent mal et essayent de se défendre en interdisant les traductions.

Les juifs et les chrétiens ne sont pas expulsés, mais la condition qui leur est faite par les Almoravides les poussent à migrer vers les royaumes chrétiens qui sont en train de s’agrandir.

3. (doc 2) Quelle est la situation matérielle faite aux musulmans ? Dans quels buts selon vous ?

La situation matérielle des musulmans est inchangée, puisqu’ils sont autorisés à conserver leurs biens et il est interdit aux chrétiens d’essayer d’en prendre possession (« aucun chrétien n’entrera de force dans la maison ni le jardin d’un musulman »). Ils doivent néanmoins quitter la ville fortifiée et s’installer dans les faubourgs et doivent d’acquitter d’un impôt, la dîme, qu’ils ne payaient pas auparavant (d’autant plus que c’est un impôt destiné à l’Eglise).

Le but était de ne pas faire fuir les musulmans dont le roi avait besoin pour mettre en valeur le territoire reconquis. Si les musulmans partaient, il manquerait de main d’œuvre et de population.

4. Expliquez en quoi consiste le statut des musulmans à Tudèle. Comparez-le à celui des chrétiens.

Le statut des musulmans est très protecteur. Les musulmans s’administrent de manière autonome, gardent leurs fonctionnaires, sont libres d’exercer leur culte et leur droit à la propriété privée est respecté. Tout est fait pour qu’ils ne se sentent pas menacés par les chrétiens, d’où une attention particulière lors des procès, qui sont garantis comme équitables, es témoignages de chrétiens contre les musulmans étant interdits, par méfiance contre l’intolérance de la population. A aucun moment les musulmans ne doivent se sentir menacés, par exemple on leur garantit de ne pas les forcer à faire la guerre. Il apparaît donc que les musulmans ont les mêmes droits que les chrétiens, à ceci près qu’ils n’ont plus le droit de résider à l’intérieur de l’enceinte de la ville.

Quelles sont les limites de la tolérance réciproque entre chrétiens et musulmans ?

Il y a globalement tolérance réciproque dans l’Espagne des trois religions, mais ce n’est pas une « tolérance » au sens moderne d’acceptation de l’autre dans sa différence. Les autres religions sont considérées comme des erreurs qui voueront leurs fidèles à l’enfer. Le statut des chrétiens et des Juifs à Séville en 1100 montre une grande méfiance vis-à-vis des minorités. La protection des musulmans à Tudèle s’explique par le besoin d’Alphonse Ier de les protéger contre la vindicte populaire. On peut surtout parler de coexistence, notamment pour des raisons économiques (les minorités étant essentielles dans certains métiers, les minorités payant des impôts…).

La tolérance est d’autant plus facile que le pouvoir politique en place est sûr de lui : le califat de Cordoue est beaucoup plus tolérant que l’Empire Almoravide et Almohade dans la mesure où il ne se sent pas menacé et méprise les chrétiens.

La tolérance est précaire, elle dépend des intérêts