La Méditerranée : carrefour de trois civilisations

La Méditerranée : carrefour de trois civilisations

1-Un Empire byzantin en déclin 

-Issu de la partition de l'Empire romain, dont il se revendique l’héritier, l'Empire byzantin s’étend de part et d'autre du Bosphore. Il est dirigé depuis Constantinople par un basileus, empereur dont le pouvoir est théocratique. Il gouverne en s'appuyant sur une armée puissante et une administration centralisée.

-La civilisation byzantine, brillante, est de langue grecque. Les Byzantins sont chrétiens, mais des différences de dogmes et de rites amènent en 1054 à un schisme avec Rome. Dirigés par le patriarche de Constantinople, ils refusent de reconnaître l'autorité supérieure de l'évêque de Rome.

-En 1071 à la bataille de Manzikert, les Byzantins sont défaits par les Turcs seldjoukides, peuple venu d'Asie converti à l'islam, et perdent une grande partie de leurs territoires. En 1204, les croisés pillent Constantinople et disloquent l'empire, dont il ne subsiste que quelques territoires. En 1453, l’Empire byzantin disparaît lors de la prise de la ville par les Turcs ottomans.

2-Une chrétienté latine en pleine affirmation 

-Fondée sur la Bible, la chrétienté latine reconnaît l'autorité spirituelle du pape, évêque de Rome. Celui-ci s’affirme progressivement à la tête de l’Église et la libère de l'emprise des princes, auxquels il tente d’imposer sa primauté. Grégoire VII est au XIe siècle l'un des principaux acteurs de cette réforme grégorienne, à travers laquelle l'Église encadre mieux la société.

-L'Occident est politiquement fragmenté. Le Saint-Empire romain germanique n'a plus qu'une domination théorique sur l'Italie. Ailleurs, dès le XIIe siècle, des pouvoirs royaux et princiers s'affirment progressivement face aux pouvoirs seigneuriaux.

-Cet espace connaît dès le XIe siècle un important essor démographique et économique. II profite notamment aux villes de Méditerranée, qui sont, à l’image de Palerme  (voir exposé) de grands carrefours culturels et sont marquées par d’importants mélanges d'influences.

3-Un monde musulman divisé 

-Les musulmans partagent une même religion, l’islam, née au début du VIIe siècle en Arabie et fondée sur le Coran. Elle se diffuse par les conquêtes et se divise en deux branches : le sunnisme (majoritaire) et le chiisme. Le choix du calife, successeur du prophète, est à l'origine de cette rupture.

-Le monde musulman n'a plus d’unité politique. Le califat abbasside de Bagdad (750-1258) se heurte à l'affirmation de dynasties qui fondent des émirats autonomes, tandis que des califats concurrents sont proclamés en Espagne et en Afrique du Nord. Les califes se voient imposer la tutelle des sultans turcs seldjoukides aux XIe et XIIe siècles, avant que s'affirme la dynastie turque des Ottomans.

-Fondée sur la langue arabe et l’islam, la culture musulmane intègre des héritages grecs, perses, ou indiens, et approfondit les savoirs techniques ou théoriques en mathématiques, médecine, astronomie, géographie. Le sud de l’Italie et la péninsule ibérique, à l'image de Tolède, sont les lieux d’échange avec la civilisation chrétienne.

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Quelle coexistence autour de la Méditerranée ?

1-La Méditerranée, un espace de conflictualité 

-La Méditerranée, dominée par la flotte byzantine jusqu'au XIe siècle, devient un enjeu stratégique lorsque se constitue une flotte arabe. Du VIIIe au Xe siècle, les émirs d'Afrique du Nord et d'al-Andalous multiplient les attaques sur les rives byzantines ou latines. Dès le Xe siècle, les villes italiennes développent une piraterie visant les navires arabes.

-Les pouvoirs établis autour de la Méditerranée sont rivaux. L'histoire de cet espace est faite d'avancées et reculs byzantins, musulmans ou latins le long des côtes, les îles étant notamment convoitées. Sièges de villes littorales et batailles navales rythment ces rivalités.

-Tours et murailles défendent les ports, fermés par des chaînes métalliques (Constantinople, Tyr). Des ribats, à la fois forts et lieux saints, ponctuent les littoraux musulmans. Les flottes sont construites dans des arsenaux fortifiés et le bois, qui manque aux navires musulmans, est un enjeu vital.

2-Des conflits religieux 

- Dès leur origine, ces conflits revêtent une dimension de religieuse. Il est repris par la dynastie des Almoravides dans la péninsule ibérique, puis surtout, lors de la progression des Latins en Orient, par Saladin.

-L'idée de guerre sainte apparaît aussi dans le contexte de la Reconquista, qui s'accélère après a victoire de Tolède en 1085, puis la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212 contre les Almohades. Elle se diffuse ensuite lors des premières croisades.

-On ne saurait toutefois réduire la conflictualité à cette dimension : souvent chrétiens et musulmans s'allient, ou sont déchirés par des affrontements internes. Les relations entre Latins et Byzantins sont ainsi tendues, tandis que s'affrontent des dynasties musulmanes rivales. La diplomatie prévaut parfois.

3- Les croisades latines en Orient. 

Répondant à l'appel du pape Urbain II, qui exhorte en 1095 à porter secours aux chrétiens d’Orient et aux Byzantins, nombre de princes, Chevaliers et simples pèlerins se « croisent»: ils prennent Jérusalem en 1099 et fondent les États latins d'Orient. Des ordres militaires originaux naissent (Hospitaliers, Templiers) pour assurer leur protection.

-D'autres expéditions partent ensuite, mais la désunion des croisés ne permet pas d'empêcher la prise de Jérusalem par Saladin en 1187 1. Les croisades aggravent les tensions entre Latins et Byzantins. Celle de 1202-1205 est détournée par les croisés sur les villes chrétiennes de Zara et Constantinople. Les expéditions se poursuivent sans parvenir à éviter la disparition des États latins. en 1291.