La Pierre de Rosette

La Pierre de Rosette fut découverte lors d'une campagne Napoléonienne en Égypte au Nord de la ville de Rosette. Bouchard découvrit la Pierre de Rosette avec ses Hommes. Il semblait que la stèle avait été faites ailleurs puis réutilisée comme un matériaux de construction. Plus tard il fut déduit qu'elle provenait d'un temple de Saïs dans la même branche du fleuve. La partie supérieure manque avec le coin inférieur droit. Elle devient une possession anglaise en 1802 du British Museum. Le décret aurait été fait à la suite du couronnement de Ptolémée V dit Ptolémée Épiphane. Un congrès de prêtres se serait rassemblé à Memphis, qui fut un temps la capitale administrative du royaume d’Égypte ainsi qu'une nécropole royale. Il aurait été édicté le 27 mars 196 av JC, cette date nous est connu de part le calendrier macédonien donnant le 4 candiccus et le 18 Méchir pour celui égyptien et dans le texte l'an 9 du mois de Xandikos jour 4. Cela est indiqué comme étant celle de la 9°année de règne de Ptolémée V. Fut présent le prêtre des cultes divins d'Alexandre le Grand, se prénomment lui aussi Aëtus ainsi que le prêtre responsable du culte de Bérénice II épouse de Ptolémée II, celui de Arsinoé II épouse et sœur de Ptolémée II et Arsinoé III mère de Ptolémée V. Ce décret fut édicté lors d'une période de perturbations importantes. En effet, Ptolémée accède au pouvoir en 204 av JC à l'âge de seulement 5 ans. Ses parents auraient été assassinés à la suite d'un complot exécuté par Agathoclé la maîtresse de Ptolémée IV qui était la jeune sœur de son ministre et conseiller Agatholès. Ptolémée V se retrouve alors sous leur tutelle jusqu'au moment où le général Tlépomus mène une révolte les destituant deux ans après. Ptolémée V change donc plusieurs fois de tutelle en passant sous le général puis sous celle en 201 av JC à Aristomène d'Alyzie le Ier ministre à l'époque du décret de la Pierre de Rosette. Le royaume d'Egypte est alors sous la menace de Antiochos III et de Philippe V de Macédoine qui convoitent les possessions d'outremer comme en Asie Mineure notamment en en Thrace pour ce dernier. Une bataille est menée en 198, celle de Panium permettant à Antiochos de s'approprier Syrie creuse (Syrie intérieure = toute sauf la Phénicie) et la Judée (partie de la Cisjordanie et du Sud d'Israël → région reculée). Lorsque Ptolémée V est au pouvoir, cela continue dans le royaume avec les guerres extérieures. Il est officiellement couronné à l'âge de 12 ans. La pierre de rosette fait partie de la classe de stèle de donation, c'est-à-dire qui accorde des exonérations fiscales aux prêtres. Nous avons un extrait de la partie démotique traduit par Didier Dechauvelle, ancien membre de l'institut français d'archéologie orientale du Caire, il est égyptologue.

En quoi cet extrait nous renseigne-t-il sur la politique menée par Ptolémee V et ses relations avec les temples ? Peut-on parler d'une dynastie égyptianisée ?

Dans un Ier temps nous verrons un roi macédonien égyptianisé. Fort de ce fait nous étudierons les relations avec les temples. Pour finir par la politique intérieure de Ptolémée V.

I – Ptélomée V Épiphane, un roi macédonien égyptianisé.

A – Une inscription type.

→ L.1/3 « An 9, mois de Xandikos, jour 4, ce qui correspond en égyptien au deuxième mois de la saison d'hiver, jour 18 de Pharaon, l'enfant qui est apparu comme pharaon à la place de son père, maître des uraeus […] » → Ptolémée V Epiphane est mineur au moment où il devient. C'est une Ier dans la dynastie avec une crise dynastique importante. Sa mère Arsinoé III est assassinée, pour lui éviter la régence. Des émeutes explosent à Alexandrie. On perçoit un changement en comparaison avec les règnes précédents où régnait une relative stabilité. Dans le système monarchique macédonien, rien ne permet de faire face à un roi trop jeune, étant le plus fort qui commande. Dans le système pharaonique en revanche, la notion de régence en cas de minorité du roi est présente depuis 2460/2200 lorsque la dynastie égyptienne doit y faire face en puisant dans la tradition osirienne en comparant le jeune roi à Horus et la reine comme Isis veillant sur son fils en attendant qu'il soit apte au gouvernement. Ce mode de gouvernance était compris des égyptien au II°s av n.è avec une piété emprunte du culte de l'enfant Horus, culte partagé par les égyptiens mais aussi par les populations grecques comme le montrent des vestiges de terre cuite représentant ce dieu (delta). Ptolémée V semble avoir été représenté comme la tradition le montre avec le pharaon Pépi II (VI°dynastie vers 2300 roi à 6ans) avec les caractéristiques de l'enfant (nu) mais avec les attribues royaux (coiffure/pagne). Cela explique sans doute l'importance du couronnement de Ptolémée V à Memphis lieu où se décret est prononcé, comme Ptolémée Epiphane par le grand Prêtre de Ptah (plus haute autorité religieuse). Il s'agit du Ier couronnement égyptien connu. Il serait le Ier Lagide à se plier à cette tradition égyptienne en raison d'un mouvement d'affaiblissement contre les temples égyptiens. La mention de maître des uraeus fait référence à la Déesse cobra → fille de Rê qui orne la coiffe des souverains égyptien comme symbole de puissance. → L.6/8 « […] maître des années de jubilé comme Ptah, pharaon comme Rê, pharaon des régions supérieures et des régions inférieures […] » → Le Nord comprend le Delta, Arsinoïte, le nome Memphite avec Memphis (ancienne capitale) et l'Hermopolite ainsi que Héracléopolite de la Moyenne Egypte. Ces derniers sont des lieux stratégiques surtout militaire car lieu où se concentre les populations grecques et hellénisées. / La couronne peut sur la Moyenne Egypte avoir la gestion du territoire, du personnel des temples par un personnel royal dès le III°s. / Haute Egypte pour l'essentiel avec la Thébaïde voit un contrôle moins important qui n'est pas spécifié dans le texte jusqu'à la reprise en main lors de la sécession de 205/186. → L.9/10 « […] l'image vivante d'Amon, fils de Rê, Ptolémée vivant éternellement, aimé de Ptah, […] » → Dieu Ptah → Au niveau de la titulature royale, il perçoit ici un changement de préséance du Dieu Amon au Dieu Ptah qui a eu lieu sous Ptolémée III. L'indice de la titulature royale où la place du dieu de Thèbes est réduite à la portion congrue, la préséance étant donnée à Ptah.

B – Un décret honorifique à Ptolémée V Épiphane des prêtres de Memphis.

→ L.4/6 « […] qui affermit l’Égypte et qui a fait qu'elle fut parfaite, dont la cour est bénéfique envers les dieux, qui terrasse son ennemi, qui fait que la vie des hommes soit bonne […] » → Ici, nous avons donc les raisons pour lesquels ce décret honorifique fut rendu à Ptolémée V Épiphane, sa piété envers les dieux et sa bienfaisance envers les hommes. Dans le Pierre de Rosette Ptolémée Épiphane est le seul qualifié de dieu, il n'était pas encore marié lors de son couronnement. → L.26 « […] toutes sortes de Bonnes choses pour faire qu'advint la paix en Égypte [...] » →  Le décret de Memphis de la Pierre de Rosette fut écrit en l'honneur du souverain lagide Ptolémée Épiphane. Il donne de nombreuses indications sur la politique des Ptolémées et les cultes qui leur étaient rendus.

                → Exemptions d'impôts et de corvées → L.25

                → Donations et revenus réguliers accordés aux temples → L.25

                → Allégements fiscaux → L.25

                → Restauration et entretien des canaux → L.43/47

                → Amnisties de prisonniers → L.57

→ L.57 « Diverses mesures d'amnistie et bienfaits aux temples. » → Impôt sur la production céréalières + taxes comme pour la production de papyrus, d'oléagineux, de lin, pour la pêcherie et la brasserie. Seul le roi pouvait accorder de produire, transformer et commercialiser ces produits. Les transactions étaient généralement taxées par un système de douanes qui pèse aussi dans la rentabilité (montant peut aller jusqu'à la moitié de la valeur du produit). Les lagides ont mis une taxe sur le Sel avec une capitation presque universelle. Certaines catégories de la population paient la taxe moins cher voire en sont exemptées. Au III°s se sont des privilèges pour l'essentiel Grec. Au II°s, cela est accordé au clergé des temples égyptiens faisant ainsi un privilèges fiscal. Le roi peut faire des réquisitions de type corvées d'entretien des digues, canaux donc une force de travail mais aussi à domicile pour le cantonnement des troupes. Il y a une forme d'héritage égyptien avec une complexification lagide dans l'augmentation des taxes. La couronne s'affirme par l'écartement des taxes pour les temples qui à l'époque dynastique accomplissaient le prélèvement de l'impôt. Au III°s, changement des scribes par des scribes royaux qui continuent d'employer l'infrastructure des temples créant un manque à gagner pour les temples. De plus le paysan doit remettre une partie de sa récolte en titre d'impôt au fermier.