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Moliere

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une foi traditionnelle, qu’il ne discutait pas et dont il faisait l’un de ses fondements sociaux.

Cet honnête homme du XVIIème siècle, élégant et équilibré, préfigurait alors l’esprit des Lumières du XVIIIème.

Quelques citations de l’époque : « L’honnêteté n’est rien de moins que la quintessence de toutes les vertus... peu s’en faut que nous ne comprenions sous ce mot les plus belles qualités du cœur et de l’esprit ». Chevalier de Méré Conversations avec le maréchal de Clérambault Dictionnaire de l'Académie Française, première édition (1694)

2. Analyse de l’œuvre

Molière, Tartuffe ou l’Imposteur, 1669

I. Une œuvre censurée :

1) La critique du clergé, un discours révolutionnaire

a- Tartuffe, un faux dévot

Un dévot est un individu particulièrement attaché aux principes religieux et manifestant un zèle prononcé dans leur pratique. Tartuffe, en effectuant de nombreuses prières quotidiennes et ne perdant aucune occasion pour donner des leçons de morale, avec un langage dévot, a ainsi l’apparence d’en être un. Cependant, il n’en est aucunement le cas puisqu’il n’hésite pas à se servir à outrance des principes religieux, comme prétexte pour parvenir à ses fins, matérielles, mais également amoureuses. Il peut donc être qualifié de faux dévot, comme le témoigne cette réplique de Dorine, à la scène 1 de l’Acte I :

« Et tous les mots qu’il dit sont pour lui des oracles (à Orgon)

Lui, (Tartuffe), qui connaît sa dupe et qui veut en jouir,

Par cent dehors fardés a l’art de l’éblouir ;

Son cagotisme en tire à toutes heures des sommes ».

b- Une critique virulente

Molière en décrivant la fausse dévotion de Tartuffe réalise une critique très violente de certains aspects et de certains membres du clergé de l’époque, notamment le parti des dévots. En effet, tout au long de la pièce, en proposant la description, à travers, notamment, les propos des divers membres de la famille d’Orgon, du caractère et des actions de Tartuffe, Molière va présenter une image très noire des machinations de Tartuffe, qui apparaissent alors comme extrêmement répréhensibles et révoltantes, comme le montre cette citation de Cléante :

« Aussi ne vois-je rien de plus odieux

Que le dehors plâtré d’un zèle spécieux,

Que ces francs charlatans, que ces dévots de place

De qui la sacrilège et trompeuse grimace

Abuse impunément et se joue à leur gré » (I,5).

c- Une dénonciation révolutionnaire dans un siècle absolutiste

L’époque de Molière est marquée par le règne de Louis XIV, monarque absolu, exerçant un pouvoir dit « d’ordre divin ». Les interdits et les obligations des sujets y sont alors nombreux, et face à cela se développent de nombreuses critiques, établies de manière détournée ou cachée, afin d’éviter la prison. La critique du clergé, ici réalisée par Molière, fera partie des idées reprises, dans le siècle suivant, par les révolutionnaires, se levant contre de nombreux principes d'une société inégalitaire. Cléante, ainsi qu’Elmire, représentent des esprits « forts », sachant analyser de situations, précurseurs des idées des Lumières, comme le montre cette citation :

« Cléante : Ces gens (les dévots) qui, par une âme à l’intérêt soumise,

Font de dévotion métier et marchandise » (I,5)

2) Le clergé aux sources de la censure, entre morale et superstition

a- La censure, garante d’un pouvoir tyrannique

Au XVIIème siècle, le régime instauré par Louis XIV est particulièrement strict, et comprend donc de nombreuses organisations et institutions, telles que la censure, établies dans le but de maintenir ce type de régime. Ainsi, dans le cas de cette dernière, tous les écrits devaient, avant d’être publiées, passer entre les mains des censeurs, qui devaient veiller à ce qu’ils ne comportent aucun élément, susceptible d’établir une critique ouverte de la monarchie, ou de présenter une image négative du Roi. Les critiques ne pouvaient donc que difficilement se diffuser, ce qui garantissait alors la pérennité du pouvoir tyrannique. Molière précise d’ailleurs le rôle de la censure, dans le premier placet au Roi « Ainsi, l’autorité dont on prétend appuyer la censure ».

d- La Sorbonne, siège de l’esprit inquisitorial

La Sorbonne est, à sa création, un collège dédié à l’apprentissage de la théologie , bien qu’au fil du temps, d’autres matières y soient dispensées. Ainsi, au XVIIème siècle, en tant que faculté de théologie, elle dispose donc de la censure qui se chargera d’interdire, partiellement ou non, les œuvres offrant des critiques trop ouvertes sur la société, et notamment sur la religion, ou la monarchie.

e- Entre respect et extrémisme, le choix de la juste mesure

Les membres du clergé ne considèrent pas tous, et avec la même rigueur, quelque fois excessive, les dogmes et préceptes religieux. Ainsi, à l’époque de Molière se développe, par exemple, le parti des dévots, très radicaux, prônant l’appartenance du pouvoir politique à l’Eglise. Il s’agit d’une dévotion rigoureuse et souvent trop envahissante, en poussant fréquemment leur intimes convictions jusqu’à l’intolérance. Ils s’opposaient alors, à l’époque, avec d’autres religieux, plus modérés, et notamment avec les « vrais » dévots, dits de « cœur », indulgents, et sachant agir avec mesure. Molière souligne d’ailleurs cette opposition, et la difficulté du choix de la juste mesure dans la Préface de Tartuffe « Je ne puis pas nier qu’il n’y ait eut des Pères de l’Eglise qui ont condamné la comédie ; mais on ne peut pas me nier aussi qu’il n’y ait eu quelques-uns uns qui l’on traitée un peu plus doucement ».

Tartuffe, symbolique de l’hypocrite

2) Une vocation spirituelle usurpée

a- L’hypocrisie, expression d’un vice

L’hypocrisie, est, selon Molière, le « vice de son époque » (Placets au Roi). Il s’agit néanmoins d’un vice intemporel, caractérisé par une dissimulation de ses pensées, de ses opinions et de ses visées, à la manière de Tartuffe, qui agira de manière dévote, tout en ne songeant qu’à profiter de la crédulité d’Orgon, en contradiction avec les principes religieux moraux, qu’il prône en apparence. Tartuffe, est l’incarnation même de l’hypocrisie, véritablement exprimée en sa personne, tant il possède tous les caractéristiques de ce vice. Dorine le remarque d’ailleurs dès le début de la pièce :

« Il passe pour un saint dans votre fantaisie :

Tout son fait, croyez-moi, n’est rien qu’hypocrisie. » (I,1)

b- La prédominance du spirituel dans une société judéo-chrétienne

Le XVIIème est un siècle où règne une grande piété, et où les dévots sont des individus souvent très bien perçus ; Louis XIV, à titre d’exemple, sera grandement influencé, pendant une partie de son règne, par certains hommes d’Eglise, dévots. La croyance en Dieu est alors essentielle pour être reconnu en tant que personne de bonne moralité. Ainsi, Orgon, en accueillant Tartuffe chez lui, et en suivant ses préceptes, va apparaître comme un homme respectable, et moral, comme le souligne si bien Mme Pernelle :

« Je vous dis que mon fils n’a rien fait de plus sage

Qu’en recueillant chez soi ce dévot personnage ;

Que le Ciel au besoin l’a céans envoyé

Pour redresser à tous votre esprit fourvoyé ; (I,1) »

c- Entre volonté de maintien d’une éthique et la manipulation des esprits

Tartuffe, pour donner l’apparence d’un individu parfaitement intègre, et ainsi maintenir une certaine éthique, agrémente et appuie souvent ses propos sur des préceptes et une morale religieuse. Cependant, ces discours permettent, à Tartuffe, la plupart du temps, de parvenir à ses fins, en utilisant la crédulité et la piété de certains des membres de la famille, tels qu’Orgon ou Mme Pernelle. Ainsi, pour ne pas être démasqué, il va s’efforcer de maintenir une certaine éthique, tout en s’occupant

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