DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Molière

Recherche de Documents : Molière. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 9

ions ajoute encore à cet assaut verbal. Les mots « beau », « belle », « beauté », reviennent six fois dans le texte. La formule « je vous aime trop pour cela, et c’est du fond du cœur que je vous parle » réapparaît d’une manière condensée à la fin du texte : « je vous aime de tout mon cœur «. Don Juan, qui a compris la secrète ambition de Charlotte, flatte aussi habilement sa vanité et son désir d’ascension sociale, elle mérite mieux qu’ « un simple paysan ».

II – Charmer

La flatterie a d’autant plus de pouvoir qu’elle émane, dans le cas de Don Juan, d’un homme beau et paré de tous les prestiges de l’aristocrate. Il impressionne par sa prestance physique et la richesse de ses habits, qui nous ont été décrits précédemment. Sa désinvolture et l’élégance de ses manières tranchantes avec la balourdise et la rusticité de pierrot. Mais c’est par l’allure noble de son discours qu’il se distingue le plus. Il use d’un ton courtois pour faire sa déclaration : « n’ayez point de honte d’entendre dire vos vérités », « s’il vous plait », « de grâce », « je vous en prie », « souffrez que je les baise, je vous prie ». Il sait tourner le compliment avec raffinement précieux : « Point du tout, vous ne m’êtes point obligée de tout ce que je dis, et ce n’est qu’à votre beauté que vous en êtes redevable ». Charlotte n’a sûrement pas l’habitude d’être traitée avec d’autant d’égards.

III - Promettre

La flatterie et le charme personnel seraient insuffisants pour séduire promptement, si Dom Juan ne faisait pas implicitement une promesse de mariage. C’est l’estocade qui, en apportant une preuve décisive bonne foi, enlève à la victime les derniers doutes. Rappelons que le mariage a, au XVIIème siècle, un caractère beaucoup plus sacré qu’aujourd’hui, qu’il est indissoluble et qu’une femme abandonnée, comme l’a été Elvire, est vouée à la honte et au déshonneur. En contractant ces mariages qu’il rompt aussitôt, Don Juan prend des risques : ainsi les frères d’Elvire sont partis à sa poursuite et veulent sa mort.

Pour Don Juan, le mariage n’est qu’un moyen de parvenir à ses fins. C’est pourquoi il le fait très vite intervenir dans sa déclaration : « vous n’êtes pas mariée, sans doute ? « Charlotte se méfiera avant de céder car elle est promise à Pierrot. En attendant, elle est surprise par la hâte du libertin qui propose de l’enlever. Plus loin dans la scène, il sera tout à fait clair : « je n’ai point d’autre dessein que de vous épouser ».

B – Les acteurs du combat amoureux

Pour Don Juan l’amour est un combat qui prend d’autant plus d’intérêt que son adversaire lui résiste. Ce jeu bien sûr est cruel et révèle ma perversion du personnage.

I – La résistance de Charlotte

Charlotte est éblouie par Don Juan. Elle qui dans la scène précédente avait une position supérieure et manifestait à l’égard de Pierrot dédain et froideur, se trouve maintenant sans la situation fragile de manifestait à l’égard de Pierrot dédain et froideur, se trouve maintenant dans la situation fragile de l’amoureuse. Consciente, de surcroît, de la barrière sociale qui la sépare de Don juan, elle adopte un ton de soumission : « Je vous suis bien obligée », « Monsieur, c’est trop d’honneur que vous me faites ». Elle ne cède pas sans résistance, car elle n’est pas sotte et ne manque pas de qualités morales. Les éloges de Don Juan la gagnent et alertent sa pudeur : « monsieur, vous me rendez toute honteuse ». Ella a de l’amour-propre et le sens de sa dignité : « Monsieur, cela vous plaît à dire, et je ne sais pas si c’est pour vous railler de moi.» Elle connaît ses limites et le signale au libertin qui la met mal à l’aise par ses subtilités verbales : « Monsieur, tout ça est trop bien dit pour moi, et je n’ai pas d’esprit pour vous répondre.» Elle connaît ses limites et le signale au libertin qui la met mal à l’aise par ses subtilités verbales : « Monsieur, tout ça est trop bien dit pour moi, et je n’ai pas d’esprit pour vous répondre.» elle est honnête, et bien qu’elle soit peu enthousiasmée par Pierrot, elle révèle qu’elle lui est promise.

Mais cette prudence et ce bon sens paysans ne sont pas assez forts pour résister au plaisir de la vanité. Charlotte écoute avec complaisance les éloges appuyés de don Juan. Elle ne refuse pas le baiser qu’il lui donne sur la main. Loin de s’indigner, elle réagit même avec coquetterie : « si j’avais su ça tantôt, je n’aurais pas manqué de les laver avec du son.» On sent qu’elle fait un effort d’expression pour se mettre au niveau de Don Juan, en évitant les tournures et les jurons de son patois. Poussée enfin par une secrète ambition, elle écoute avec intérêt ses alléchantes propositions. Il se présente en effet à elle comme le prince charmant qui vient l’enlever à sa misère et lui promettre le bonheur amoureux. Charlotte ne peut résister au romanesque de cette situation où le rêve devient réalité. En fait, sans le savoir, elle est la proie d’un fauve.

II – La perversion du héros

Don Juan est un pervers qui, pour satisfaire son égoïsme et son appétit de jouissance, ne recule devant rien. S’il est séduit par Mathurine, puis par Charlotte, c’est parce que qu’il ne peut résister à ses impulsions sexuelles. Il est immédiatement attiré par la beauté de la jeune paysanne, qu’il traite comme un cheval ou un chien : « Peut-on rien voir de plus agréable ? Tournez-vous un peu, s’il vous plaît (…) Haussez un peu la tête, de grâce. (…) Ouvrez vos yeux entièrement (…) Que je vois un peu vos dents, je vous prie ». Don Juan, avant de consommer, vérifier la qualité de la marchandise. Charlotte n’est pour lui qu’un objet sexuel, qu’il dévore déjà du regard. Il approche en chasseur, mais aussi en gourmet qui se lèche les babines. Il va même jusqu’à s’avilir, en embrassant la main sale de la paysanne. Ce moment qui précède la capture est celui qu’affectionne le libertin. Le désir y est exacerbé par l’attente et l’excitation de la chasse.

Le plaisir de Don juan est cependant plus raffiné que la simple satisfaction instinctive. Il aime que Charlotte lui résiste et l’idée qu’il va briser son union avec Pierrot ajoute du piment à son entreprise. Ce plaisir de souiller un bonheur neuf est d’autant plus odieux et déloyal que Pierrot à qui il va enlever Charlotte est l’homme qui, un instant auparavant, lui a sauvé la vie, en le tirant des flots. Non content de cette ingratitude, il ment avec un sang-froid cruel, sachant qu’en promettant le mariage à l’ingénue jeune fille et en l’abandonnant, il l’expose au déshonneur public et au ressentiment de Pierrot.

Le raffinement dans l’érotisme de la séduction est porté à son comble avec l’usage du blasphème. Charlotte accuse Don Juan de la railler. Celui-ci, alors qu’il ment effrontément, se défend en invoquant Dieu : « Moi, me railler de vous ? Dieu m’en garde ! » Il pousse l’insolence jusqu’à se faire allégrement passer pour un envoyé divin : « le ciel, sui le connaît bien, m’a conduit ici tout exprès pour empêcher ce mariage ». Méchanceté, hypocrisie, impiété, ingratitude, tels sont quelques-uns des ingrédients qui composent chez Dom Juan le plaisir de faire le mal.

C – Une scène de farce

Malgré la cruauté de Dom Juan, cette scène appartient au registre de la farce tellement les éléments qui la composent sont outrés.

I – Les jeux de scène

La farce met en scène des âmes frustes dans des situations simples, en recourant à un comique qui repose autant sur les paroles que sur les gestes. Certes Don Juan n’est pas un être grossier, mais il se prête ici complaisamment à une situation bouffonne, en se compromettant avec des paysans, aux réflexes attendus. Don Juan s’amuse, et l’on imagine

...

Télécharger au format  txt (13.2 Kb)   pdf (113.3 Kb)   docx (10.7 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com