Tous Les Matins Du Monde Et l'Histoire

lace occupe Tous les matins du monde

dans le parcours de chacun des deux auteurs

I. L’écrivain Pascal Quignard

1) Les années de formation Pascal Quignard naît en 1948 à Verneuil-sur-Havre en Normandie, troisième d’une famille de quatre enfants. Deux ans plus tard, ses parents, professeurs de lettres classiques, emménagent au Havre. Pascal Quignard y commence ses études secondaires. En 1959 la famille s’installe en région parisienne. Son enfance est placée sous le signe de deux faits marquants : les crises de mutisme qui le frappent à deux reprises, à deux ans et à seize ans ; et la conscience de la catastrophe que furent la Seconde Guerre mondiale et les camps, conscience étroitement liée à sa vie au Havre, ville martyre, et à la fréquentation d’un oncle détenu en camp de concentration et rescapé. 2) L’édition Alors qu’il poursuit des études de philosophie à l’université de Nanterre, les événements de Mai 1968 le détournent de son projet de thèse. L’envoi aux éditions Gallimard d’une étude sur la poésie de Maurice Scève et sa rencontre avec l’écrivain Louis-René des Forêts vont lui permettre de commencer une carrière de lecteur puis d’éditeur chez Gallimard : il devient lecteur dès 1969, entre au comité de lecture en 1976, puis au comité directeur en 1989 et devient secrétaire général des éditions Gallimard en 1990. 3) La musique La musique occupe une place centrale dans la vie de Pascal Quignard : il s’agit d’un héritage familial dans la mesure où la branche paternelle de sa famille est formée par une lignée de musiciens, organistes depuis des générations. Pascal Quignard a appris le piano et l’orgue, puis le violon, l’alto et le violoncelle. Il fait donc partie de ces rares écrivains capables d’écrire sur la musique à partir d’une pratique très poussée de cet art. En 1988, il est conseiller au Centre de Musique Baroque. Il devient en 1991 président du Concert des Nations dirigé par Jordi Savall et fonde, un an plus tard, le Festival international d’opéra et de théâtre baroques du palais de Versailles. 4) L’écriture Ces activités de lecteur et d’éditeur ainsi que cette pratique de la musique nourrissent intimement son travail d’écrivain. Commencée au cours des années 1970, son œuvre se déploie largement jusqu’à aujourd’hui pour former un ensemble foisonnant et hybride, à la recherche d’une position singulière à la fois dans le champ littéraire et dans le jeu des genres. Commencée par des essais (L’Être du balbutiement 1969, La Parole de la Délie - 1974, son œuvre s’ouvre au roman (Carus - 1979, Les Tablettes de buis d’Apronenia Avitia - 1984, Tous les matins du monde 1991) avant de refuser toute assignation générique. La plupart de ses textes entremêlent récits et réflexions en une série de fragments (Petits traités - 1990, Le Sexe et l’effroi - 1994, Vie secrète - 1998, la série intitulée Dernier royaume : Les Ombres errantes - 2002, Sur le Jadis - 2002, Abîmes - 2002, Tondo - 2002, Les Paradisiaques - 2005, Sordidissimes - 2005). En 1994, il démissionne de toutes ses fonctions professionnelles et se consacre totalement à la littérature. Il a publié plus de 45 livres. 5) Le lien au cinéma Les adaptations de Tous les matins du monde, de L’Occupation américaine par Alain Corneau, ainsi que de Villa Amalia par Benoît Jacquot ont permis que ses textes soient mieux connus du grand public. Plusieurs prix littéraires ont rappelé l’importance de son œuvre, notamment le Prix des critiques (pour Carus en 1980), le Grand Prix du roman de l’Académie française en 2000 (pour Terrasse à Rome) et le Goncourt en 2002 (pour Les Ombres errantes).

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Fiche 1

Un écrivain, un cinéaste (suite)

II. Le cinéaste Alain Corneau

1) Les adaptations Passionné de musique, au point que sa vie demeure partagée entre la musique et le cinéma, Alain Corneau a longtemps caressé le désir de réaliser un film sur cet art. À ses débuts, son œuvre est fortement marquée par le cinéma américain et par un goût pour les films noirs. Il débute par le genre policier avec Police Python 357 (1976) et Série noire (1979). Très vite, pourtant, il s’essaie à des genres variés et se révèle dans des adaptations d’œuvres romanesques : il réalise tour à tour l’épopée Fort Saganne (1984) à partir du roman de Louis Gardel et le récit intimiste Nocturne indien (1989) d’après l’œuvre d’Antonio Tabucchi. Il adapte ensuite les deux romans de Pascal Quignard Tous les matins du monde (1991) et L’Occupation américaine (1995), puis un roman d’Amélie Nothomb, Stupeur et tremblements, en 2002. 2) La musique C’est son désir de réaliser un film dont le personnage principal serait la musique qui l’a poussé à rencontrer Pascal Quignard. Ce dernier refusa d’écrire un scénario mais proposa à Alain Corneau d’écrire un roman qui pourrait être adapté au cinéma : ce fut Tous les matins du monde. Tous deux élaborèrent le scénario à partir du roman. Les dialogues, souvent très proches de ceux du roman, sont signés Pascal Quignard. À la différence des autres textes sur lesquels s’est appuyé Alain Corneau, Tous les matins du monde a donc été écrit dans la pensée du cinéma. En 2004, il reçoit le Prix René Clair. Il renoue ensuite avec la veine intimiste et les personnages silencieux dans Les Mots bleus (2005) et avec le film noir dans Le Deuxième Souffle (2007).

III. Bilan

1) On est toujours tenté de chercher à quelles sources biographiques puise l’œuvre d’un écrivain : quels points communs peut-on observer entre la biographie de Pascal Quignard et le roman Tous les matins du monde ? 2) Lorsqu’on découvre l’histoire de l’adaptation de Tous les matins du monde par Alain Corneau, on comprend que le réalisateur avait peu de risques de trahir l’œuvre de l’écrivain. Expliquez pourquoi.

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Fiche 2

Jansénistes et courtisans

Objectifs : › Analyser le système des personnages › Analyser le système de valeurs mis en place

par les deux œuvres

I. Questions d’analyse (difficulté 1)

1) En quoi Sainte Colombe et Marin Marais s’opposent-ils dans le roman et dans le film ? Justifiez votre réponse en vous appuyant à la fois sur l’apparence physique et sur le caractère des personnages. 2) En quoi peut-on dire que ce contraste qui oppose les deux hommes se prolonge dans les deux filles de Monsieur de Sainte Colombe ? 3) Sainte Colombe et Marin Marais s’opposent aussi dans leur manière d’aimer. Proposez une analyse de ce contraste. Quelle conséquence a l’attitude de chacun d’eux sur l’être aimé ? 4) Tous les matins du monde met en scène l’affrontement entre deux mondes : la société de cour et les jansénistes. Quels sont leurs représentants respectifs ? Quelles sont leurs caractéristiques ? 5) Quels sont les principaux lieux mis en scène dans le film ? Classez-les du plus mondain au plus austère. De quoi chacun est-il le symbole ? 6) À quels moments ces deux mondes entrent-ils en contact ? Analysez et commentez certaines de ces scènes : à chaque fois, laquelle des deux sociétés semble dominer l’autre ?

II. Travaux d’écriture

1) Invention (difficulté 2) : Rédigez le monologue intérieur de Monsieur de Sainte Colombe alors que Monsieur Caignet lui expose la demande du roi de venir jouer à la cour (chapitre IV pages 17 à 19). Vous rendrez compte de la vision critique et satirique qu’a Sainte Colombe de ce personnage entièrement soumis aux usages de la cour et aux désirs du roi. 2) Dissertation 1 (difficulté 2) : Quelle place et quelles fonctions occupent les personnages féminins dans les deux œuvres ? 3) Dissertation 2 (difficulté 2) : Quelle importance est accordée au personnage de Madeleine dans le roman et dans le film ? 4) Dissertation 3 (difficulté 3) : « Dès l’instant où l’individu trouve sa joie à se séparer de la société qui l’a vu naître et qu’il s’oppose à ses chaleurs et à ses effusions, aussitôt la réflexion devient singulière, personnelle, suspecte, authentique, persécutée, difficile, déroutante et sans la moindre utilité collective » (p. 17, Vie secrète). En quoi le livre et le film illustrent-ils cette affirmation de Pascal Quignard ?

III. Bilan

Selon Alain Corneau, Monsieur de Sainte Colombe et Marin Marais sont des personnages « contradictoires mais complémentaires ». En quoi le film illustre-t-il ce jugement ?

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