Voltaire - Histoire Des Voyages De Scarmentado
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II La sagesse du récit : un dénouement dérisoire.A/ L’extériorité légitimante : se déplacer pour comprendre. Voir le principe du voyage au XVIII°s qui est d’aller voir ce qui se passe ailleurs pour mieux comprendre et juger là où l’on vit. Le capitaine nègre apparaît ainsi comme une figure topique (=récurrente en littérature) du vieux sage.B/ Une argumentation par l’absurde, mais dans un monde absurde : ici réside la sagesse du texte. Voir les présupposés et l’organisation fallacieuse de l’argumentation du capitaine nègre qui prête à sourire.C/ Le relativisme voltairien : symbolise le dénuement total de l’homme face à son destin. Tous les hommes sont en fin de compte pareils.
Ce texte a ceci de particulier dans la production romanesque de Voltaire qu’il finit sur une note résolument pessimiste, sans ironie flagrante finale. La dernière phrase du récit clôt le texte de façon presque tragique.
III Les vertus du conte philosophiqueA/ Scarmentado : un personnage silencieux (contrairement à Zadig par exemple) : aucune intériorité esquissée, il ne parle jamais, ne donne jamais son avis sur ce qui lui arrive (cf. « je ne disais mot » au début du texte)B/ La morale finale du récit : la résignation face au monde : fuir et/ou accepter. Voir l’utilisation du « je » (pronom personnel sujet de première personne), qui est rare dans les contes philosophiques de Voltaire. Quel effet cela crée-t-il ?C/ L’ironie entre délectation morbide et antiphrase désabusée : une abdication devant l’absurde ? Nous sommes loin ici de l’ « ironie voltairienne » typique des autres contes.
Offrir le moins de prise possible à l’hostilité du monde, fuir, payer, se taire, tel est, non pas l’art de vivre, mais l’art de subsister que nous propose un Voltaire tristement assagi par l’expérience « qu’il a acquise à ses dépens », selon la signification littérale du mot espagnol « (e)scarmentado ». Le monde de Scarmentado est un monde désolé et désolant, coupé radicalement de toutes les valeurs, où l’on se sent partout un étranger. L’homme n’est plus dans l’homme, et la loi naturelle n’est qu’une expression vide de sens. Le discours du « capitaine nègre » dans sa logique désespérante est présenté comme un modèle de sagesse.Un tel dégoût dans l’ironie chez un tempérament impulsif comme celui de Voltaire trahit une certaine chute de vitalité, et comme une abdication devant l’absurde. La structure de l’œuvre autant que sa tonalité portent la marque de cet amoindrissement et nous donnent dans l’Histoire des voyages de Scarmentado l’exemple d’un conte voltairien réduit à sa plus simple expression littéraire.
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