La Commode aux tiroirs de couleurs

Raphaël est mort en Espagne et Rita , après s’être marié avec André, donne naissance à Cali, la fille de Rafaël.

Quand nous sommes ensemble elle et moi, tout devient simple, serein. Rafael s’installe entre nous et me souffle son bonheur, sa fierté de voir quelle maman je suis devenue. Cali m’adoucit. Je ressemble moins à ma mère, du coup. Elle est restée un chien fou jusqu'au bout et, la maternité, il n'y a rien changé. Pour preuve, son tout dernier choix.

Alors oui si nous étions restées … Si nous étions restées, nous serions mortes pendant la guerre, on nous aurait torturées ou tuées, nous accusant d'être porteuses du “gène rouge”, puis nous aurions dû vivre côte à côte avec nos bourreaux sous prétexte que la guerre était finie. Le pire, c'est que ça perdure. Peu avant ta naissance, l'Espagne a déclaré une amnistie destinée à effacer l'ardoise de tous les criminels de guerre franquistes. Ceux qui serraient les dents depuis des années, en espérant voir un jour la justice reconnaître les victimes de Franco, voir punir les meurtriers et tortionnaires qui appliquaient ses ordres, souvent avec une perverse délectation, continuent à vivre malgré ça. Quand je suis retourné en Espagne après la mort de Rafael, j'ai constaté que la rue de mon ancienne école avait été rebaptisée du nom du général qui avait mis la tête de mes parents à prix. Cette rue porte toujours ce nom aujourd'hui, n'est-ce pas complètement fou ? Oui, c'est comme ça que j'ai compris pleinement cette forme de guerre si spéciale qu'on appelait la “guerre civile”. Les perdants ne rentrent pas chez eux pas plus que les gagnants, non, non. Les gagnants, les perdants se les coltinent et les regardent silencieusement frimer dans leurs rues. Avec nos foutus caractères, ça aurait été invivable. Ma mère était frondeuse, Léonor plus discrète, mais ses convictions politiques et sociales prenaient autant de place dans sa philosophie de vie que ses fesses sur une chaise. En gros, toute la place. En tout cas jusqu'à la naissance de sa fille. Moi aussi, Cali m'a changée.

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Compétences 30

« Elle est restée un chien fou jusqu'au bout ».

Quelle est la figure de style employée dans cette phrase ? Comment s’appelle-t-elle ? (1pt)

Expliquez-la. (1pt)

«  restée un chien fou » est une métaphore puisque Rita comparé sa mère à un chien fou. Sa mère, comme un chien fou, ne peut pas être maîtrisée, commandée : elle fait ce qu’elle veut et agi selon ses propres convictions.

Que semble reprocher Rita à sa mère ? Justifiez votre réponse. (6pts)

Rita reproche à sa mère son caractère rebelle, révolté « Ma mère était frondeuse », « chien fou ». Elle lui reproche d’avoir fait passé son engagement politique avant son rôle de mère car « ses convictions politiques et sociales prenaient autant de place dans sa philosophie de vie que ses fesses sur une chaise ».  Elle n’a pas vraiment été une mère car elle a préféré se suicider lors de la défaite des Républicains que de se montrer une mère « Elle est restée un chien fou jusqu'au bout et, la maternité, il n'y a rien changé. Pour preuve, son tout dernier choix ».

Quels changements a amenés la maternité dans la vie de Rita ? (4pts)

Rita a évoluée grâce à la naissance de sa fille :  « Moi aussi, Cali m'a changée ». Elle est devenue plus sereine et semble oublier les épreuves qu’elle a subies « Quand nous sommes ensemble elle et moi, tout devient simple, serein » ; « Cali m’adoucit ». Elle est  éprouve de la « fierté de voir quelle maman je suis devenue » et se sent heureuse « bonheur ».

Comment sont présentés les Franquistes dans cet extrait ? Relevez les mots qui les qualifient (5pts)

Les Franquistes sont présentés comme des « bourreaux », « des criminels de guerre » ; « des meurtriers », des « tortionnaires » obéissants et pervers («  qui appliquaient ses ordres, souvent avec une perverse délectation »).

En quoi consiste l’injustice de la Guerre civile espagnole ? (3pts)

La Guerre civile espagnole comme toute guerre civile implique que « les perdants » et « les gagnants » doivent cohabiter. De plus, l’Espagne a réglé cette guerre civile par « une amnistie » sans rendre justice (« l'Espagne a déclaré une amnistie destinée à effacer l'ardoise de tous les criminels de guerre franquistes »). Elle n’a pas effacé les traces du Franquisme « j'ai constaté que la rue de mon ancienne école avait été rebaptisée du nom du général qui avait mis la tête de mes parents à prix . Cette rue porte toujours ce nom aujourd'hui. »

Comment Rita réagit-elle a cette injustice ? (2pts)

Elle est en colère puisqu’elle trouve que la situation est inadmissible « Le pire, c'est que ça perdure ». Elle est indignée car elle utilise une phrase interrogative : « Cette rue porte toujours ce nom aujourd'hui, n'est-ce pas complètement fou ? »

Quels sont les points communs entre le texte et l’image ? (8pts)

L’image fait référence à la guerre civile espagnole comme le texte car les deux font référence à « Franco » comme le montre le portrait en haut au milieu de l’affiche et le drapeau de l’Espagne franquiste.

Dans le texte, Rita dénonce les exactions des Franquistes qui sont pour elle des « meurtriers », des « tortionnaires ». Dans l’affiche ont voit une banderole avec le mot « tortura ».

Rita est en colère contre l’amnistie dont bénéficie les Franquistes ( « l'Espagne a déclaré une amnistie destinée à effacer l'ardoise de tous les criminels de guerre franquistes ».) Sur l’image, la colère des jeunes générations contre l’amnistie est représentée par les manifestants qui lèvent le poing et le sous-titre « la justice contre l’oubli ».

Compétences gram 19

« Si nous étions restées, nous serions mortes pendant la guerre, on nous aurait torturées ou tuées, nous accusant d'être porteuses du “gène rouge”, puis nous aurions dû vivre côte à côte avec nos bourreaux sous prétexte que la guerre était finie ».

Indiquez le mode et le temps de chacun des verbes soulignés. (6pts)