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Comment Fiodor Dostoïevski fait-il de la souffrance la condition même du plaisir ?

Synthèse : Comment Fiodor Dostoïevski fait-il de la souffrance la condition même du plaisir ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  23 Novembre 2023  •  Synthèse  •  878 Mots (4 Pages)  •  276 Vues

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Titre Image: Comprendre : Comment Fiodor Dostoïevski fait-il de la souffrance la condition même du plaisir ?

Comment Fiodor Dostoïevski place-t-il la souffrance comme condition même du plaisir ?


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(2 ou 3ème photo)


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Fiodor Dostoïevski, écrivain russe de renommée (1821-1881), se distingue par sa rare aptitude à mettre en œuvre des personnages étriqués destinés à « peindre les profondeurs humaines ». Cette faculté, et plus généralement ce talent littéraire feront de lui l’objet d’un intérêt particulier, puisqu’il influencera notamment des auteurs de référence comme Albert Camus, Jean Paul Sartre et André Malraux.

Dans « Les Carnets du sous-sol », publié en 1864, Dostoïevski élabore la critique de divers concepts et phénomènes aliénant l’homme moderne. Parmi eux, l’ascension fulgurante de la bureaucratie, l’occidentalisation de la Russie du 19ème siècle et l’utilitarisme. Cependant, l’objectif premier de cet ouvrage reste l’étude abyssale de cette âme humaine si complexe.

En guise de fil conducteur de cet article, tenons-nous à cette citation : « La souffrance est l'unique cause de la conscience. »


Dostoïevski, de sa plume exceptionnelle, dépeint la psychologie à priori paradoxale d’un personnage incarnant l’archétype même de l’anti-héros. En effet, ce misanthrope sans nom distille au gré d’un mélancolique monologue intérieur les pensées et fantasmes émergeant de ses expériences, dans le cadre d’un masochisme exacerbé.

Ridicule et insignifiant, sa vie n’est que ressentiment, haine et désolation. Cependant, la dimension intrigante du personnage réside dans le fait qu’il semble tirer du plaisir de cette humiliation constante.

Pour Dostoïevski, il s’agit ici de mettre en lumière cette nébuleuse relation entre souffrance et plaisir.

Le narrateur semble en réalité éprouver du plaisir de sa souffrance dans la mesure où cette dernière lui insuffle l’impression d’exister et lui donne des objectifs ayant vocation à obtenir une certaine reconnaissance. En somme, cet homme rejeté, moqué et ignoré tout au long de sa vie se nourrit de sa désolation.


Un exemple typique de cette observation est au niveau du désir sa rencontre avec une jeune prostituée, nommée Lisa.

Alors qu’il avait toujours été rejeté, volontairement ou non, cette dernière tombe mystérieusement amoureuse de lui. Surpris, puisque sa tirade se résumait à l’humilier, il la rejette dans un discours aussi franc que virulent.

René Girard propose alors une explication à la tendance récurrente du personnage d’idolâtrer ceux qui le font souffrir et d’éprouver un désintérêt total pour ceux qui lui vouent de l’importance.

Tout réside dans son concept de désir mimétique, stipulant que le désir est originellement triangulaire.

En effet, dans le cadre de sa rencontre avec Lisa, nul ne la désire du fait de son statut peu glorifiant. Le narrateur avait besoin de calquer son désir sur celui d’un rival, ici inexistant. Par ce processus intelligible, il est incapable d’éprouver une once de désir pour celle qui à la fois n’en fait l’objet d’aucun, mais qui paraît également incapable de lui faire endurer quelconque souffrance.

Ce constat girardien peut-être aussi appliqué dans ses nombreuses autres œuvres et plus particulièrement dans « L’éternel mari », lorsque qu’un homme en deuil voue à l’ancien amant de sa femme un intérêt tout particulier, presque énigmatique.

Alain Finkielkraut peut également dans une certaine mesure compléter cette analyse lorsque qu’il affirme que l’homme du sous-sol est rongé par son amour-propre, et que ce dernier « le dévore à un point tel qu’il lui est impossible de voir dans autrui autre chose qu’un spectateur ou un adversaire. »

Ainsi, pour Dostoïevski, la souffrance s’inscrit comme un besoin irrationnel de l'âme humaine, pouvant se traduire par cette citation, issue du livre : « Effectivement, je suis en train de me poser cette question odieuse de savoir ce qu’il vaut mieux – un bonheur à trois sous ou des souffrances supérieures ? Dites voir ? Qu’est-ce qui vaut mieux ? ».


Enfin, il pourrait être intéressant de remarquer l’analogie entre la vie sentimentale de l’auteur et ses personnages. René Girard dira d’ailleurs à son propos qu’il « exorcise, l’un après l’autre, ses démons, en les incarnant dans son œuvre romanesque ».

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