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Comment la pensée européenne a-t-elle considéré l’Autre depuis le XVI siècle ?

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Par   •  15 Octobre 2021  •  Dissertation  •  2 602 Mots (11 Pages)  •  411 Vues

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Dissertation

         La Renaissance en Europe, constitue une période de bouleversements et de ruptures pour l’Occident. Elle inaugure un nouvel humanisme. Les vieilles assises intellectuelles et les vieux cadres géographiques se fissurent sous l’effet de plusieurs facteurs : la découverte de nouveaux mondes et de nouveaux peuples.
Cette extension prodigieuse des horizons géographiques et mentaux de l’Europe du  xvi e siècles, comment va-t-elle se traduire dans la perception et l’interprétation des autres cultures et, à travers celles-ci, de soi-même ?

Force est de constater que dans la majorité du temps, la découverte de nouvelles humanités n’a permis ni une prise de conscience positive de la diversité humaine, ni la constitution d’un savoir sur la variabilité de l’homme à travers le monde. Au contraire, les descriptions recueillis sur place sont systématiquement mélangés à des éléments  empreints de fantasmes et d’a priori religieux. Des idées préconçues d’ordre théologique et éthique  interviennent constamment dans  les interprétations et ce, depuis le XVI eme siècle. 

Comment la pensée européenne a-t-elle considéré l’Autre depuis le XVI siècle ? 

Dans un premier temps,  nous nous pencherons sur la vision péjorative que l’on peut porter sur l’autre . Dans un second temps nous nous demanderons comment notre prochain peut être sujet à nous délivrer un apprentissage sur nous même. Enfin, nous expliquerons les causes de l’appréhension de l’autre « étranger ».

                   

 

           La grande majorité des européens s’accorde à assimiler l’autre  à l’infériorité. Et ce,  dès les prémisses de la découverte des Amériques,  dès lors, le colonisateur et l’évangélisateur portaient un regard gourmand sur des êtres qui étaient de leur point de vu, de toute évidence inférieurs. Ainsi, dans l’imaginaire de chacun, les peuples étrangers apparaissaient comme barbares, dépourvu de toute forme de civilisation, de culture voire d’humanité. Ainsi, le dénigrement des sociétés autochtones prit une ampleur démesurée dès que l’on prit connaissances de certaines de leurs pratiques. En effet, le portrait des indiens dressé par les conquistadors  a provoqué l’ébranlement des mentalités restreintes de l’ensemble des européens. Ainsi, au dévoilement de pratiques pour le moins scandaleuses au yeux des occidentaux, les indiens sont rapidement passés pour des êtres infâmes, dépourvus de la vertu humaine. Ce raisonnement est d’ailleurs  tenu par de nombreux lettrés en Europe tel  Juan Ginès de Sepúlveda. Les arguments qu’il avançe à l’encontre du peuple indigène sont  notamment rapportés dans  la controverse de Valladolid de Jean Claude Carrirere.      

          C’est ainsi qu’ il  affirme que les indiens ne sont pas dignes de porter l’apanage de l’humanité, et ce, en plusieurs points. Dans un premier temps, il fait part du  « retard » de leur technologie, il évoque notamment leur ignorance quant à  « l’usage du métal », « des armes à feu » ou de  « la roue ». En outre, il évoque l’esprit rétrograde des indiens, il mentionne par exemple leur l’ignorance quant à la valeur de l’argent ou encore leur nudité.

       En termes de pratiques, l’érudit  évoque  le « plaisir » de ces peuples à s’adonner à l’anthropophagie . En effet,  les indiens  dont « le ventre est gonflé de chair humaine » n’ont pas hésité à sacrifier « des dizaines de milliers de victimes » lors de l’inauguration du temple de Mexico et ce, par la futile motivation de satisfaire leurs « idoles ». En outre, la position que soutient cet érudit est partagé par un grand nombre de ses homologues tel Fernández de Oviedo.  Dans  son œuvre intitulé  « Substances comestibles, gastronomie et rituels alimentaires indigènes dans la Historia general y natural de las Indias » l’accent est mis sur l’atrocité de cette pratique. Selon lui, elle est l’indice de la monstruosité des indigènes, le comble de la barbarie. Oviedo indique qu’ils sont de « Véritables bouchers autant que cyniques gourmets » et qu’ils considérerait la viande humaine  sabrosa y dulce y les sabía muy bien. » C’est un régime alimentaire qui fait frémir par sa banalité.Par ailleurs,  les indiens ont coutume à la polygamie, une pratique qui mime l’indécence puisqu’aux yeux des euro,elle  porte le caractère de l’animosité. Dans des cannibales de Montaigne, l’humaniste rapporte que « les hommes, dans leurs pays, ont plusieurs femmes », or la polygamie et plus largement l’adultère sont des pratiques vivement réprimées  en Occident.

Sur le plan spirituel, les indiens n’ont pas fini de choquer la pensée occidentale : ils attachent un intérêt à vénérer plusieurs divinités. Ainsi, Sépulveda condamne fermement cette pratique scandaleuse dans une Europe monothéiste d’ailleurs très attachée aux dogmes  chrétiens. C’est ainsi b ainsi qu’il évoque « les monstres devant lesquels ils se prosternent » et brosse le portrait de leurs idoles dont la hideur suffirait à repousser n’importe quelle âme. Pour aboutir à la déshumanisation des peuples autochtones,  Juan Ginès de Sepúlveda  justifie l’esclavagisme par le biais d’un argument religieux : il affirme que « ces créatures » ne font pas partie [du] peuple de Dieu ».  

     

          De même,  l’orgueil des européens est tel,  qu’ils associent  constamment leurs moindres faits et gestes à la servilité d’un esclave. Une attitude qui, du point de vue occidental,  atteste par  surcroît de l’infériorité de l’esprit des peuples indigènes. M dit témoigne de leur curiosité, penser incroyable,du coup ils font pareil pour essayer de parfaire leur coutumes.  

         Si, l’autre  « sauvage » était  parfois exclu de l’humanité,  incapable d’accéder à la civilisation, à l’inverse, les humanistes, se détachant de la pensée commune, parviennent à  percevoir son potentiel et à lui attribuer sa valeur juste.  En effet, pour bien d’autres, l’autre participe d’une humanité perfectible. Au mieux, les indiens étaient perçus comme l’image ancienne des Européens. Leur nudité supposait en fait la proximité du Paradis terrestre encore habité par des hommes innocents. Associée à la jeunesse et à la beauté physique, cette vision est à l’origine de ce qu’on appellera au Siècle des Lumières le mythe du « bon sauvage ». Sans foi ni lois, ces hommes libres à l’état de nature apparurent bien vite sinon comme des modèles pour les Européens « civilisés », du moins comme des vestiges d’un Éden à jamais disparu. Chez Montaigne, dans des Cannibales,  , l’humaniste est persuadé qu’ils sont rescapés de l’age d’or. En effet, il considère ce peuple  barbare seulement « dans la mesure où il ont été peu façonné par l’esprit humain » et sont donc « très proche de leur simplicité universelle ». Cette proximité à la nature porte une connotation méliorative, leur esprit étant « pure » dépourvu de « mensonges » ou de « médisance ». Ce même aspect en surpasserait presque les œuvres antiques, d’ailleurs, Montaigne regrette que « Platon » ou « Lycurgue » ne les aient pas connus.

     

            En plus d’être doté d’un esprit humain d’une grande vertu, de nombreux humanistes sont convaincus que ces êtres sont sujet à  délivrer un apprentissage sur notre propre personne. Ainsi, par le désir d’épancher la soif de savoir, certains humanistes se sont penchés  sur les mœurs des peuples autochtones . En effet,  la relation à l’autre joue le rôle de miroir et permet d’approfondir la connaissance de soi.  Par exemple, dans des Cannibales , Montaigne indique que l’harmonie dans laquelle vivent les indiens tient son origine de la satiété. La concorde étant, selon lui, corollaire à l’esprit frugale indien. Il compare ainsi le dessein  des peuples amérindiens à faire à la guerre à celui des européens. Alors que les indigènes se battent par l’unique motif « d’émulation à la bravoure »,  les occidentaux « se disputent » par inappétence  et pour la conquête de nouvelles terres ». Dans le même élan,   ces penseurs  d’un genre nouveau attachent  un réel intérêt au discours que l’autre peut tenir sur leur civilisation. Ceci se concrétise  par le biais du procédé  du regard faussement naîf.  Dans les lettres Persanes, Montesquieu donne la parole à un étranger arrivé sur le sol français. Son discours fait l’objet d’une vive critique des valeurs morales partagées par l’ensemble de la société française. En effet, l’importance est donnée à l’apparence physique au détriment  de la raison. Ainsi, les hommes de lumière distingue le potentiel de l’autre qui se  traduit notamment par la recognition des divergences de leur mode de vie qui porte un caractère édénique, proche de celui de l’age d’or. De même, ils sont soucieux d’apprendre de leur prochain qu’il voit comme un reflet de leur personne, et ce , malgré la pression morale qu’exerce la société  ethnocentrique de leur temps.

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