Diderot : Le neveux de Rameau
Commentaire d'oeuvre : Diderot : Le neveux de Rameau. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar alicoufnr • 2 Mars 2023 • Commentaire d'oeuvre • 1 047 Mots (5 Pages) • 523 Vues
Le Neveu de Rameau, Diderot : le portrait du Neveu[pic 1]
Consigne : rédiger une synthèse sur le portrait du Neveu en instant sur l’art, l’écriture et la composition du portrait.
Introduction
Dès les premières pages, après avoir parlé ses propres habitudes, le narrateur introduit le personnage du Neveu de Rameau dont il dresse un long portrait physique et moral. Le lecteur perçoit le regard de Diderot qui donne son avis sur un personnage qu’il connait déjà et qui diffère beaucoup de lui. Le portrait du Neveu, chargé d’ambivalences, permet au lecteur de saisir la singularité du personnage. Ainsi, nous verrons comment le portrait oxymorique du Neveu de Rameau rend compte de l’originalité du personnage qui est à l’origine de l’intérêt du dialogue.
I. Un portrait oxymorique
La description du neveu agencée par Diderot se contredit systématiquement. Le neveu est « un composé de hauteur et de bassesse, de bon sens et de déraison ». L’antithèse ici présente dès le début du portrait nous laisse à voir l’ambivalence du personnage. L’homme est un mélange de caractéristiques opposées, il a « de bonnes qualités » mais en a aussi reçu des « mauvaises ». Le portrait physique du neveu est lui aussi sans cesse nuancé. Les traits négatifs « maigre et hâve », « en linge sale, couvert de lambeaux », « la tête basse » se retrouvent corrigés par des traits opposés « gras et replet », « poudré, bien vêtu », « la tête haute ». On remarque ici que le neveu peut être élégant et raffiné mais peut aussi avoir une allure négligée. Le lecteur saisit d’emblée la contradiction du personnage et de son mode de vie : il peut être vu comme un mendiant « on serait tenté de l’appeler pour lui donner l’aumône » un jour et comme un « honnête homme » l’autre jour. On observe tout au long du portrait des parallélismes de construction : « il est maigre et hâve, comme un malade (…) ou qu’il sort de la Trappe. Il est gras et replet, comme s’il n’avait pas quitté la table d’un financier, ou qu’il eût été renfermé (…) ». Ici, la construction des phrases renforce la dimension oxymorique du portrait qui confère au Neveu des oppositions physiques, morales et sociales. Après avoir parlé de son portrait moral et physique, Diderot en vient à décrire son quotidien. Or, le neveu de Rameau n’a pas vraiment d’habitudes, puisqu’il « vit au jour la journée ». La conjonction « ou » répétée par le narrateur « Ou il regagne, à pied, un petit grenier (…) ou il se rabat dans une taverne du faubourg où il attend le jour » montre que ses journées varient sans cesse selon l’argent qu’il a en poche ou selon la saison. Ainsi, il peut passer d’un confort certain à une triste précarité. Le Neveu est donc mû par des changements constants, il n’a pas d’identité ni de statut fixe. Le portrait oxymorique renforce l’instabilité du personnage qui est sans cesse en mouvement dans le temps et dans l’espace et qui vit sans aucun fondement. Il balance entre les extrêmes. Le Neveu est tout à la fois : morale et amorale, riche et pauvre, honnête et malhonnête. Il connait tout et a donc une portée universelle. Cette universalité va faire de lui sa singularité.
II. Qui fait ressortir la singularité du personnage
Le narrateur commence le portrait du Neveu en parlant d’« un des plus bizarres personnages ». Le neveu s’écarte de l’ordre habituel des choses, le narrateur exprime donc d’emblée sa singularité. Le terme employé pour décrire le Neveu « c’est un composé » au lieu de « il est un composé » est étonnant et renforce l’idée que cet homme n’est pas un individu comme les autres, il est spécial et se fait remarquer : « si son originalité ne vous arrête pas ». Le narrateur utilise une seconde fois le terme « original » pour décrire le Neveu « je n’estime pas ces originaux-là ». En effet, le Neveu se distingue des autres par son caractère « qui tranche avec celui des autres » et car il rompt avec « cette fastidieuse uniformité que notre éducation, nos conventions de sociétés, nos bienséances d’usages ont introduites ». S’il a un mode vie plutôt bohème et critiquable, il se montre « homme de bon sens » en société. Il « fait approuver ou blâmer ; il fait sortir la vérité ; il fait connaitre les gens de bien ; il démasque les coquins ». Ainsi, il agit en sorte de prophète qui détient une influence sur les autres dont il se distingue. Cet individu étrange est décrit longuement avant que le narrateur donne enfin son nom, achevant le portrait par le seul trait qui confère au personnage une stabilité : son nom.
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