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Discours de suede - Camus

Commentaire de texte : Discours de suede - Camus. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  19 Septembre 2021  •  Commentaire de texte  •  1 687 Mots (7 Pages)  •  5 048 Vues

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Dans la première moitié du XXe siècle, la situation de l’Artiste a connu un changement radical. La Seconde guerre mondiale, et les nouveaux conflits qui menaçaient le monde, ne permettaient plus que l’artiste, et surtout l’écrivain, demeure isolé, comme il pouvait se le permettre avant. Aussi l’artiste s’est-il vu forcé, souvent malgré lui, de prendre position, même dans les questions qui ne relevaient pas de son art. On commençait à parler de la « littérature enga¬gée ». C’est ainsi qu’est née la littérature de l’absurde, dans un premier cycle, qui présente une image tragique de l’homme, voué à la solitude dans un monde dénué de sens. Camus réfléchit ensuite sur l’absurde et propose pour dépasser cette condition tragique de l’homme, de faire entendre une révolte humanitaire et solidaire qui ouvre le cycle de la révolte, où l’action individuelle et collective est le seul rempart à l’absurdité du monde.

Contrairement à ce que fera Jean-Paul Sartre sept ans plus tard, Albert Camus accepta en 1957 le prix Nobel de Littérature qui lui fut décerné, et il se conforma aux rites solennels de cette attribution. Après avoir reçu le prix des mains du roi de Suède, il prononça, le 10 décembre à l'Hôtel de Ville de Stockholm, en guise de remerciement, un discours où il dessine ce qu’il estime être le métier d’écrivain.

C’est pourquoi nous pouvons nous demander comment l’auteur engage cette réflexion sur son art, son sens et ses devoirs et son rapport à la réalité dans ce discours.

C’est ce que nous nous attacherons à définir, en voyant tout d’abord quelle conception de l’art Camus expose dans ce texte puis sa définition du rôle de l’écrivain.

Albert Camus se définissait avant tout comme un artiste. Lors de ce discours, c’est encore en artiste qu’il s’affirme à la face du monde. Pourquoi « artiste » et non pas « écrivain », puisqu’aussi bien, c’est surtout de littérature qu’il s’agit ? Certes, c’est le mot le plus courant à son époque. Mais le terme lui permet de se démarquer du XIXe siècle qui a sacralisé l’écrivain, et fait du « Poète » un prophète. Le terme « artiste », plus vaste, lui permet ainsi de dépasser les genres et d’englober l’ensemble de ses activités créatrices. Il a ainsi une conception particulière de l’art.

Dans la manière dont il perçoit l’art, il expose tout d’abord ce que l’art lui apporte sur le plan personnel et le rôle que celui-ci joue auprès des hommes en général puis explique pourquoi l’artiste a besoin des autres.

Dans la première partie de son discours, Camus expose sa perception de l’art et celui-ci revêt en l’occurrence une importance primordiale pour lui au regard de l'emploi de la forme négative dans les phrases qui donnent une tonalité oratoire au texte et mettent surtout en relief l'importance que l'auteur accorde à l’art : « Je ne puis... », « Je n'ai jamais... », « n’est pas à mes yeux... ».

Pour Camus l’art est un besoin vital « je ne puis vivre personnellement sans mon art » mais il ne le place pas « au-dessus de tout », il écarte ainsi toute idée de supériorité. Il le conçoit comme un moyen de se rapprocher des hommes et de se placer à leur niveau, « [l’art] me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous ». Après avoir défini l’apport de l’art au plan personnel, il décrit ensuite le rôle qu’il doit jouer auprès des hommes. En effet, pour lui, l’art est loin d’être « une réjouissance solitaire » ; il considère, au contraire, qu’il participe à rassembler les hommes en leur faisant partager la même émotion : « Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant une image privilégiée de souffrances et de joies communes ». Il en donne ainsi une définition : « un moyen d'émouvoir » exclut un art qui ne mettrait pas au premier plan la sensibilité, un art qui ne serait qu'intellectuel. La part du cornique y sera donc limitée. « Le plus grand nombre d'hommes » exclut de même la littérature aristocratique. « Les souffrances et les joies communes » : les thèmes seront donc les plus généraux, les lieux communs de la vie humaine, l'amour et la mort. Seule l'expression « image privilégiée » souligne la qualité artistique, l'importance de la forme et du style. Sans eux, l'image serait banale ou terne, mais c'est aussi indiquer que technique et moyens d'expressions sont au service du sentiment ou de l'idée.

Enfin dans ce premier temps du discours, Albert Camus s’attache à expliquer pour l’artiste a besoin des autres. Pour Camus, l’artiste a besoin des autres parce qu’il ne peut en aucun cas « s’isoler » et parce que qu’il ne peut s’accomplir qu’au contact des autres (« Il ne nourrira son art et sa différence, qu’en avouant sa ressemblance avec tous »). C’est une obligation à laquelle tout artiste doit se soumettre pour mériter le statut de « vrai artiste ». Pour lui également, l'homme qui s'adonne à un art le fait « parce qu'il se sent différent d'autrui » ; c'est parce qu'il a à dire quelque chose de différent qu'il va écrire, peindre ou sculpter. Mais il priverait son art de vitalité, s'il ne reconnaissait pas « qu'il ressemble à tous », qu'il est "tout homme". Il exprime ainsi une position en totale opposition avec celle de « l’art pour l’art », une conception qui ne se préoccupe pas des contingences matérielles, qui ne s’intéresse pas à ce qui se passe autour d’elle dans la société ou pour l’homme du point de vue économique, social ou religieux. Pour Camus l’art doit donc servir la société et l’homme, c’est un « art utile ». Le point de vue esthétique est permanent dans la manière dont il appréhende le monde, et l’éthique surgit de cela. Le point de vue esthétique implique une perspective d’ensemble dans la prise en compte du réel ; il est éthique en soi car il consiste, d’abord et avant tout, à ne rien exclure. « .. les vrais artistes ne méprisent rien; ils s’obligent à comprendre au lieu de juger». Camus en tire enfin la conclusion que le mouvement

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