Introduction de L'espace Vivant de Jean Cousin

Il existe une relation prépondérante entre les configurations spatiales et l’homme qui les habite. Et depuis des décennies, l’être humain s’est intéressé à cette relation et a tenté de la comprendre dans sa totalité aussi complexe soit elle. Jean Cousin, professeur et savant français du 20e siècle (1902-1981), s’intéressa de très près à la question dans son ouvrage écrit en 1980 L’espace Vivant : Introduction à l’espace architectural premier. Dans son introduction, il étaye l’objet de l’ouvrage en partageant avec ses lecteurs sa propre expérience, qui lui servira d’amorce.

Apres de nombreuses années vécues à Casablanca, Jean Cousin s’est habitué à cette grande ville. Une relation s’est alors formée entre les espaces de cette ville, à l’exception de quelques « aspects désagréables », et notre auteur. Subséquemment, suite à son départ vers Montréal, l’ensemble urbain montréalais n’animait pas en lui cette sensation de plaisir. Néanmoins, quelques espaces urbains éveillaient en lui une agréable émotion.

Cependant, quelques années plus tard, Jean Cousin s’accoutuma à tous les espaces urbains montréalais, ou presque, et commença à s’approprier l’ensemble architectural, tout comme Casablanca autrefois.

Vingt ans plus tard, Jean Cousin retourna à Casablanca. Dès lors, un phénomène étrange s’est produit. La relation immanente, dont on a parlé plus haut, a disparu. Cette expérience fascinante, poussa Jean Cousin à se poser des questions sur la nécessité de comprendre ce qui rend les espaces physiques si agréables pour la majorité, quoique cela s’avère difficile voire impossible. Surtout en l’absence de sciences physiques qui prendraient en compte le comportement humain, et de vue globale qui tiendrait compte des variations des conditions physiques. Quelles relations peuvent ainsi lier l’individu à son environnement spatial ? Comment percevons-nous cet environnement, et ce dernier peut-il influencer notre comportement ?

Cependant, les facteurs sociaux, outre le fait qu’ils conditionnent les perceptions par leur rapport à l’éducation et à la culture qui s’avèrent non universalisables, ne cacheraient-ils pas un fond universel, commun à l’humanité entière mais qui serait modulé par ces facteurs sociaux ?

Afin de répondre à ces questions, l’homme a été pris comme entité physique, comme organisme intelligent, d’abord sensibilisé aux relations spatiales avant d’être confronté à des impératifs sociaux. Ainsi, nous avons pensé qu’il existe des conditions particulières de l’environnement spatial pour que s’établisse une complicité entre l’homme et l’espace.

L’individu, par ses facultés de projection dans l’espace et de par ses capacités à s’y identifier (grâce à la vision, étant le premier contact entre l’individu