L'accident de la Lison Emile Zola / Les Rougon-Macquart
Commentaire de texte : L'accident de la Lison Emile Zola / Les Rougon-Macquart. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Chris Ldbg • 20 Avril 2022 • Commentaire de texte • 1 445 Mots (6 Pages) • 1 484 Vues
Le roman et le récit du XVIIIème siècle au XXIème siècle
COMMENTAIRE LITTERAIRE : L’accident de la Lison
Chap. 10 : « C’était l’inévitable. […]d’enragé désespoir. », Émile Zola, La Bête humaine (1890)
Introduction :
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la révolution industrielle bouleverse les rapports sociaux et suscitent des conflits dont les romanciers, conscients des enjeux et du rôle de la littérature, se font l’écho. Chef de file du naturalisme, Émile Zola est un romancier et journaliste majeur de cette époque.Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart : une fresque romanesque de vingt romans dépeignant la société française sous le Second Empire qui met en scène la trajectoire de la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations et dont chacun des représentants fait l'objet d'un roman.Parmi ces ouvrages, La Bête humaine,publié en 1890, relatel’histoire d’un mécanicien nommé Jacques Lantier, un homme aux pulsions meurtrières, qui ne trouve la sérénité que lorsqu’il est à bord de sa locomotive nommée la Lison.L’extrait étudié se situe vers la fin du roman.Dans ce passage, Flore, folle de jalousie car elle a deviné la relation qui unit Jacques et Séverine, a décidé de mettre un terme au trajet Le Havre-Paris en faisant dérailler le train.Il s’ensuit une scène d’accident absolument spectaculaire.
Nous nous demanderons comment Zola a métamorphosé cette catastrophe ferroviaire en une scène dramatique et tragique, dans laquelle la locomotive, personnifiée, semble souffrir comme un être humain à l’agonie ?
Nous verrons dans un premier temps que le récit de cette catastrophe ferroviaire est une scène à la fois réaliste et naturaliste. Puis, nous montrerons par quels moyens il met en avant la dimension dramatique et tragique de cette catastrophe spectaculaire. Enfin, nous analyserons dans une dernière partie, le processus d’agonie de la locomotive chérie par Jacques Lantier.
Proposition de plan détaillé :
- Une scène réaliste et naturaliste d’une catastrophe ferroviaire
- Une description naturaliste
→ Volonté de Zola de décrire avec une grande précision la réalité sociale et technologique de son temps. L'œuvre se situe dans le cadre de la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle. C'est pourquoi Zola se réfère au champ lexical récurrent du chemin de fer : « train », « wagon », « tampons », « rails »…
→ Le goût du détail se manifeste par le récit des différentes étapes et par l'usage de nombreux verbes à l’imparfait qui ont une valeur descriptive et ceuxau passé-simple qui concourent à la vivacité et à la précision de la scène : « trainait », « vint »...
→ Les précisions données sont sordides : on peut noter des verbes avec gradation dans l'horreur « cinq chevaux, quatre, roulés, traînés, étaient tués net » et des détails de mutilation de la locomotive : « robinets arrachés », « tuyaux crevés », « rouges comme le sang », « ses bielles tordues », « ses cylindres cassés »…
- Le récit d’une catastrophe ferroviaire
→ Analyse de la première phrase « C’était l’inévitable. » : phrase programmatique de la catastrophe racontée par la suite. Sa brièveté donne une intensité dramatique au passage et le place sous le signe de la fatalité.
→ Temps du récit : imparfait
→ Anaphore du verbe « allait » : répété pour montrer que la locomotive continue d’avancer, malgré tous les efforts de Jacques. Cette anaphore renforce l’intensité dramatique du paragraphe. + Nombreux verbes de mouvement.
→ Une vaine tentative pour échapper à la fatalité : « avait tourné le volant du changement de marche, […] d’écarter la barricade géante, là-bas. »
→ Le refus de s’arrêter : analyse des phrases de forme négative et des verbes de refus : « n’obéissait pas », « à peine ralentie », « n’était plus la docile », « ne cessait pas »…
→ Une gestion différente de la peur chez Jacques et chez Pecqueux.
- Le point de vue
→ Repères spatiaux marquant la progression de la description : « là-bas », « au milieu », « à vingt mètres d’eux, du bord de la voie », « à gauche », « par-dessus », « entrée en terre », « à l’endroit »…
→ Point de vue omniscient.
- Le spectacle de la catastrophe
- Des spectateurs et victimes impuissants
→ La présence de Misard, Cabuche et Flore dramatise la scène en les plaçant en spectateurs impuissants. Leurs gestes et leur attitude en témoignent: « les bras en l’air » (l. 24-25), « les yeux béants » (l. 25), « l’épouvante les clouait » (l. 24).
→ Le discours tragique des voyageurs blessés : la parole rapportée a une tonalité tragique : l’appel à l’aide (« au secours ! ») se transforme en supplication (« mon Dieu ! »), pour devenir enfin la constatation d’une vérité tragique (« je meurs ! ») (l. 44-45).
- La destruction
→ Figures de style participent à l’exagération et à la dramatisation de la scène.
→ Champ lexical de la destruction (très riche) : « abominable craquement », « débâcle informe », « débris », « réduits en miettes », « enchevêtrement de toitures défoncées », « roues brisées », « morceaux de vitre », « broiement », « écrasement sourd », « éventrée », « fendues » , « volaient en éclats »...
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