La musique Baudelairienne

Le XIXe siècle est marqué par un renouveau poétique, initié d’abord par la révolution romantique et poursuivi par les auteurs symbolistes, dont Baudelaire est une des figures centrales. Poète de génie et amateur de peinture et de musique, Charles Baudelaire célébra dans ses poèmes la beauté de l’art sous toutes ses formes. En 1856 il publie une premier fois « Les Fleurs du Mal » qui est son œuvre la plus connue. Mais cette dernière va etre réécrite de nombreuses fois du fait de son côté polémique

+6et par son opposition à Dieu. Au sein de ce recueil, il va critiquer la société et nous faire part de ses pensées et de ses sentiments même les plus profonds. Il est composé de 6 parties qui abordent chacune un thème comme la mort le spleen et l’Ideal ou bien même les tableaux parisiens qui est un ajout lors de sa réécriture de 1861. En outre ce recueil, met en avant le mouvement auquel Baudelaire est l’héritier : le romantisme. Le poème étudié ici est « La musique », c’est l’occasion pour Baudelaire de nous montrer son engouement pour cette dernière. Ce poème est situé au milieu de l’œuvre faisant parti de la section en lien avec le spleen et l’idéal. Dans ce poème, il y décrit notamment son tiraillement entre ses profondes angoisses existentielles et la quête d’un idéal qu’il obtient en se rapprochant de Satan et non de Dieu.

La problématique première de ce passage poétique est de montrer toute l’ambiguïté de ses états d’âme tout en utilisant la comparaison d’une de ses passions et d’une métaphore filée.

Notre plan nous amènera donc dans un premier argumentaire, à montrer comment ce poème, très particulier dans sa forme, sa structure et son écriture est inspiré par une passion musicale créant ainsi une sensation de mouvement permanent.

Nous poursuivrons notre développement en montrant que Baudelaire associe l’idée de musique avec   un voyage maritime créant ainsi un rythme particulier dans ce poème.

 Enfin, nous verrons dans une troisième partie que l’écrivain exprime tout son mal-être en évoquant l’ambiguïté entre son Spleen et son Ideal.

1 partie : Poème musical

Dans un premier temps, nous montrerons que la forme de ce poème est singulière tant dans sa structure que son écriture. Ce poème peut être organisé en 3 parties et correspondre finalement aux 3 uniques phrases du poème. La première phrase qui est constituée du vers 1 ouvre le sujet et reprend le titre afin d'exposer l'idée traitée tout au long de cette écriture. La 2e phrase, longue et rythmiquement régulière, allant du vers 2 au vers 13 développe le sujet en accentuant les différentes comparaisons. Enfin, la 3e phrase, courte et incisive, est composée de la fin du vers 13 et du vers 14 marque une fin soudaine et inattendue, cette partie montre la vraie face du poète et le sens du poème d'où cette inversion qui attire l'attention du lecteur. 

En effet, ce dernier est formé de 2 quatrains et de 2 tercets composés chacun d'alexandrins et de pentasyllabe. Nous pouvons ainsi que ce poème est un faux sonnet car il ne respecte pas les rimes et la forme syllabiques qui doivent être normalement égales. L'alternance de vers paire et impaire confère à ce poème un aspect très particulier est remarquable. Tout du long, nous remarquons que les rimes sont croisées sauf sur les 2 derniers vers où les rimes sont plates. Cela permet à Baudelaire de mettre en exergue un changement, une rupture dans ce poème.

Par ailleurs, les 3 premières strophes sont structurées de manière identique tandis que la 4e il apparait une inversion de style où le ton est plus ferme accentuant ainsi le message porté par Baudelaire. Une fois encore, cette rupture est marquée par le passage d'une phrase longue et déclarative à un passage très court et exclamatif.  Cette différence de ponctuation oppose donc une partie centrale au rythme régulier à une fin faite d’une rupture volontaire. Finalement, Baudelaire prend quelques libertés avec les usages poétiques car il veut rendre ce poème singulier et original dans sa structure afin de le rendre métaphorique avec notamment la Musique.

D’ailleurs, dans un second temps, nous allons voir que Baudelaire s’inspire de cette passion musicale pour rendre ce poème rythmé et mouvementé.  Le poète place la musique au centre de ce poème on y retrouve le champ lexical de la musique comme « la musique » « « vibrer » « bercent » ou encore « dos » en référence de la note de musique « do ». Par l’emploi de ce champ lexical, Baudelaire crée quelques références écrites en lien avec la musique.

Aussi, cet auteur nous emmène dans un chemin musical en décrivant les sensations qu’il peut éprouver quand il écoute de la musique. Cela se traduit notamment par les mots « me prend » « bercent ». La musique est pour lui une source d'inspiration « je mets la voile » en est un exemple criant car cela tend à montrer que cette musique le transporte ailleurs.

Il apparait également des allitérations en M et en L ainsi que l’emploi de mot qui se ressemblent tel que « mer » « vers » ou même « étoile » « voile » « toile » qui donnent ici une forme et un ton très mélodieux. Par conséquent, Baudelaire donne volontairement un caractère rythmé à son poème pour s’identifier à ce que lui procure l’écoute de la musique.

 Par ailleurs, nous pouvons voir que Baudelaire compare la musique avec le mot « mer » référer à un univers maternel « mère ». Cet homonyme montre indiscutablement que cet art lui est cher comme pouvait l’être une mère. Elle fait donc partie intégrante de sa vie et semble lui procurer beaucoup de sensations de diverses natures.

Pour conclure sur cette partie, nous avons vu que Baudelaire avait structuré son poème de manière spécifique afin de créer un rythme à sonorité musicale. Mais finalement, n’est-ce pas une métaphore filée avec un voyage maritime qui fait la particularité première de ce poème ?

Partie 2 : Voyage maritime

Dans un second temps, nous montrerons que Baudelaire compare effectivement sa passion musicale à un voyage maritime.

Dès le premier vers l'écrivain annonce explicitement cette comparaison, où il pose l’idée d’un périple en Mer.  Sur le reste des écritures, il utilise une métaphore filée qui lie finalement le rythme de la musique et le mouvement perpétuel de la mer et de ses environs. Il emploie beaucoup de comparatif comme au vers 5 ou l’on peut penser qu’il écrit « poumons » et « voile en avant » pour comparer un chanteur qui gonflerait ses poumons pour mieux chanter et la toile d'un navire qui se gonflerait afin d'avancer le plus vite possible.

Par ailleurs, Baudelaire utilise des nombreuses figures de style tel que le champ lexical de la mer avec « mer » « plafond de brume » « toile » « voile » « vaisseau » « bon vent » « tempêtes » qui nous laissent pleinement imaginer l'intention du poète d’emmener le lecteur vers un sentiment de mouvement incessant et contrasté, comme semble être sa vie. Aussi, les allitérations sont nombreuses en « v » et « f »  ( écrire les vers… ) qui renvoient au vent qui souffle et nous amène à penser que la suite de ce périple sera difficile.  En poursuivant sur la structure du poème, nous pouvons constater que Baudelaire créée une forme d’écriture en vague en alternant des phrases longues et courtes.