Le Songe d'une nuit d'été, Musset
Fiche : Le Songe d'une nuit d'été, Musset. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar ineswan • 20 Octobre 2020 • Fiche • 3 558 Mots (15 Pages) • 704 Vues
Le Songe d’une Nuit d’Eté
- 2ème partie du 16ème siècle, meurt en 1616
- Premières représentations de l’œuvre : 1595
- Société protestante, société où la condamnation du théâtre n’existe pas comme dans le catholicisme français
- Pratique théâtrale profane mais beaucoup plus libre dans la mesure où elle ne rivalise pas avec le dogme catholique et le véritable cérémonial qu’est la messe et le prêche catholique. Si le théâtre français est autant régulé et interdit, c’est sous pression de l’Eglise.
- Chez les Anglais, le spectacle est autorisé et connaît beaucoup moins de censures. Par conséquent, les thèmes shakespeariens vont pouvoir aborder des questions beaucoup plus corporelles, sensuelles et mettre en scène une transgression de la morale chrétienne (le temps d’une représentation). Et pourtant, tout ne peut se faire que si on dit que c’est faux. Pour notre pièce, toute la mise en scène de l’amour charnel est possible par cette suspension du temps vrai, 3 éléments : hors de la cité des Hommes mais dans la forêt, c’est la nuit (inconnu et transgression) et on est dans le merveilleux. Par conséquent, la pièce pourrait se résumer sous forme d’une question philosophique : Sommes-nous porteurs d’une quelconque vérité ? Est-ce que la réalité de l’homme n’est-elle pas sa variabilité sensible et la domination de son imagination sur sa raison ? Le propos de Shakespeare sur l’amour va découler de ces questions càd d’une dialectique entre raison et imagination 🡪 question épistémologique plus qu’une question morale
Qu’est-ce qui perdure au-delà d’une nuit de merveilleux ?
- Quelques mises au point notionnelles
- La différence entre réel, réalité et vérité (concepts)
- Termes très riches par rapport du point de vue de l’amour
- Commencer par des hypothèses qui découlent de la doxa, de l’opinion publique « on dit que »
- Nombreux proverbes font de l’amour quelque chose qui découle de l’illusion, comme si l’amour était qqc qui travestissait la réalité
- On retrouve au sujet de l’amour un des grands problèmes épistémologiques : l’amour problématise notre connaissance du monde puisque comme le montre Shakespeare à travers le philtre d’amour. C’est dire que l’amour est un filtre qui fausse notre rapport à la connaissance et à la vérité, une connaissance qui est double : connaissance du monde et connaissance de soi-même.
- La doxa présente l’amour comme un filtre obscurcissant, aveuglant, déformant du réel. Le réel est ce que nous vivons sans filtre, notre vécu. La réalité est notre réalité, càd ce que nous projetons du réel. Chez Shakespeare, cela est très bien montré à travers les deux couples amoureux. Les amoureux recréent une réalité, la leur, à partir de l’être aimé. Mais le théâtre de Shakespeare, parce qu’il nous montre l’expérience de plusieurs personnages prouve que ces différentes réalités ne sont pas le réel. Chez Shakespeare, l’expérience de l’amour est donc une négation de la vérité. Il n’y a pas de vérité. Il n’ y a pas de point stable qui nous permettrait de sortir du conflit entre réel et réalité. Par contre, chez Stendhal comme chez Platon (de manière différente), il y a, par l’amour, l’accès à une vérité.
- Chez Platon, parce que le réel est impur (sensible, jamais stable) et parce que la réalité que nous en formons est mensonge (représentation du réel), que la seule connaissance c’est une vérité qui est hors monde, hors réel, une vérité transcendante donc le seul vrai amour est transcendant, vrai, spirituel.
- Chez Stendhal, on a aussi ces trois temps. Le réel est montré comme décevant, malheureux, comme une impasse de la vie. Les réalités qu’on s’en forge sont dès lors des remèdes mais ce sont des remèdes passagers : amour de la patrie (culte napoléonien), amour pour Gina (« Je t’aime, moi qui ne sais pas ce que c’est que d’aimer amour »). La vérité est atteinte une seule fois, c’est une vérité de l’amour vrai, fou, prédestiné avec une seule personne.
- Chez Platon comme chez Stendhal, on est dans une expérience initiatique de l’amour (il nous conduit à une vérité). A contrario, chez Shakespeare, le spectacle de la profusion et du mélange des amours annule toute vérité. On a donc chez Shakespeare une morale typiquement théâtrale. Chez Shakespeare, l’être humain est voué à vivre l’amour comme une réalité plaisante et passagère. C’est une manière d’enjoliver le réel, que Shakespeare ne condamne pas, et jamais de sortir de notre condition humaine définie par notre vanité. Nous ne sommes rien alors jouissons de la vie. Il n’y a donc pas d’élus dans un monde de vanité.
- L’essentiel de la leçon shakespearienne est de nous montrer que nous ne sommes rien de stable, que nous sommes de passage et que l’Homme passe comme une ombre.
- Imaginaire et imagination (notions)
- Chez Shakespeare, il y a une véritable dimension imaginaire qui est le recours au merveilleux, càd que l’imaginaire c’est ce qui est posé et admis comme faux et inventé. Autrement dit, ce qui est imaginaire n’a aucun lien avec la vérité ou la réalité. L’imaginaire est une invention qui permet à l’auteur de proposer un sens symbolique. Il ne s’agir aucunement de nous faire croire que cela est vrai.
- On retrouve aussi une dimension imaginaire dans cette cour de Parme inventée par Stendhal.
- Par contre, les mythes utilisés par Platon sont des croyances.
- La problématique de l’imaginaire va être de nous déniaiser par rapport à l’illusion. En poussant jusqu’au bout le principe de destruction du réel, l’imaginaire nous fait comprendre que nous pouvons nous laisser manipuler par des mensonges. On transgresse tout esprit de logique, de vérité et de réalité.
- Par contre, l’imagination, c’est notre faculté à nous représenter quelque chose. Elle est liée à notre nature humaine. Nous ne sortons jamais de l’imagination. C’est elle qui participe à la transformation du réel en réalité. Tout ce que nous percevons est, par nature, transformé, connoté. Nous lui apposons une valeur, une beauté, un goût. C’est parce que nous sommes des êtres d’imagination qu’il n’y pas de vérité de la perception.
- Le seul des trois auteurs qui sort de l’imagination est Platon. La vérité de l’amour est suprasensible car elle est l’accès à la chose en soi, à la beauté en soi, qui n’est plus du tout reliée à notre perception.
- Par contre, chez Stendhal et chez Shakespeare, l’imagination participe pleinement de l’expérience de l’amour. L’amour n’est pas le réel mais une façon de voir le réel. L’amour est une fiction du réel et non pas un mensonge, qui peut donc être positive ou négative selon les expériences. Nous ne pouvons pas faire autrement que de percevoir par l’imagination. L’imagination n’est pas le faux mais notre manière de percevoir le réel et qui fait que notre réalité n’est qu’une représentation du réel.
« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas » Pascal
(L’amour entre Fabrice et Clélia est né de l’imagination. ≠ imaginaire
Rôle de l’imagination dans l’amour
Gina découvre que son amour est imaginaire car non réciproque)
- Shakespeare se détache de la vérité, sa réponse sur l’amour se fait hors de toute stabilité, de possibilité de réponse fixe. Nous sommes dans le réel et parfois dans des réalités montrées comme illusoires, éphémères, illusoires (philtre d’amour)
- Stendhal et Platon créent des équations morales visant à donner une certaine définition de l’amour. Quelque chose comme l’amour est proposé comme réponse à l’équation morale.
- Mise en abyme : André Gide, fait de mettre une image dans une image, création d’un principe de double délégation, ce qui fait que fiction + fiction = leçon, forme dé vérité
- Ici, on joue une pièce dans une pièce (troupe de Peter Quince) burlesque, bande de partisans ignares et qui est commentée par le public noble à la fin de l’œuvre. Rien ne tient, tout est faux-semblant et comédie, même la vie.
- Chez Shakespeare, tout tend à montrer qu’il n’y a pas de réalité, qui est matière mouvante qu’on se doit de vivre sans fixité.
- Couple Lysandre/Hermia, Démétrius/Héléna
- Idée de Shakespeare : illusion de vérité, les Hommes ne seront jamais d’accord sur ce que c’est que l’amour et l’auteur choisit le théâtre (genre de l’illusion), contraire du cinéma, c’est une réflexion à l’intérieur de la pièce avec Peter Quince et sa troupe qui prennent tout au 1er degré, ils incarnent ceux qui croient à la vérité (naïf, enfant, ignare) 🡪 dimension qui joue du genre même dans lequel Shakespeare écrit.
- Théâtre : genre de l’illusion où l’imaginaire va être accepté sans problème ; apporte qqc de + (CDP) sur la temporalité (≠ roman : genre de la durée, questionne l’amour par rapport à la question de la durée, l’amour vrai chez Stendhal –amour fou- possède une qualité qui est la durée) 🡪 Il n’y a que le roman qui peut écrire dans la durée (série aussi)
- Théâtre : temps restreint de la représentation, on pose une toute autre problématique à l’amour. Ce n’est pas une problématique de la durée mais plutôt de la constance et de l’inconstance. Par conséquent, l’illusion et la désillusion arrivent sous forme de philtre d’amour et très vite. Les procédés théâtraux sont des procédés qui vont jouer sur un dytique imagination/imaginaire et dans notre pièce, il y a donc une distinction entre les procédés d’imagination qui sont tous les questionnements Pourquoi c’est toi que j’aime ? Parce que c’est lui, parce que c’est elle ? Pourquoi Hermia refuse ce que son père lui propose, à savoir substituer l’être qu’elle aime ? On garde cette question de l’imagination mais ce qui est privilégie est le recours à l’imaginaire càd à une pure destruction du réel qui nous permet de poser des questions limites et tabous, d’aller plus loin que ce que la censure morale d’une époque permet de poser sur l’amour.
- Alors que Le Banquet de Platon évince le corps et l’érotisme au sens vulgaire pour en venir au seul vrai amour : la contemplation du vrai en soi, alors que Stendhal laisse dans l’ombre la sexualité de Clélia et Fabrice (dont nous savons l’existence). Grâce au recours à l’imaginaire, Shakespeare peut s’attaquer au désir charnel le plus cru (l’âne, le fait que les amoureux changent de partenaires). Il nous permet de réintroduire pleinement la question du désir charnel, de la sexualité dans l’équation morale de l’amour.
Conclusion : L’imagination est sine qua non dans la question de l’amour, dans la mesure où elle est notre condition de perception du réel, à moins de sortir du réel comme Platon, l’amour à toujours quelque chose à faire avec l’imagination donc avec une possibilité de se tromper. Par contre, l’amour n’est pas toujours relié à l’imaginaire car dès que l’imaginaire apparaît, nous ne sommes plus dans le réel mais dans l’invention donc l’illusion pure. Quand on dit que des amours sont imaginaires, cela veut dire qu’elles n’existent pas dans le réel (Madame Bovary, rêve d’amour mais ne vit que des amours imaginaires donc finalement ne vit rien) : c’est tout le contraire chez Stendhal. Il y a tout un temps où Fabrice et Clélia ne peuvent se voir mais vivent leur amour. Chez Shakespeare, on réfléchit en régime non réel : des choses imaginaires posées comme telles.
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