Le legs / Pierre de Marivaux
Commentaire de texte : Le legs / Pierre de Marivaux. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar atresgots1 • 5 Mars 2022 • Commentaire de texte • 2 515 Mots (11 Pages) • 1 820 Vues
Commentaire littéraire Pierre de Marivaux : LE LEGS, comédie en un acte (1736)
Marivaux (1688-1763) est un écrivain du XVIIIème siècle mais également journaliste, connu pour son théâtre et attaché aux comédies italiennes il écrit principalement du théâtre, des comédies et des poésies. Il est spectateur d’un monde en pleine transformation, en effet il le reflète dans ses œuvres avec des thèmes comme l’amour naissant avec Le jeu de l’amour et du hasard ou bien Le legs. Le théâtre de Marivaux porte une morale et répond à la devise latine « castigat ridendo mores » (qui « corrige les mœurs par le rire »). Marivaux appartient bien au mouvement des lumières, s’appuyant sur l’importance de la vérité et de la raison dans le monde. Ce courant de pensée au XVIIIème siècle se développe dans un climat intellectuel propice pour plusieurs raisons. La monarchie est de plus en plus critiquée, car les rois n'arrivent pas à réformer l'État. Le public fit bon accueil au Legs, pièce où l’amour, bien réel dès le début de la pièce de théâtre. C’est une comédie en un acte et en prose publiée en 1736 par Marivaux, ayant pour thème l’héritage d’où le nom du « legs ». Le texte étudié est la première scène de l’acte un, c’est un dialogue entre Hortense et le chevalier qui explique comment Hortense va trouver un moyen d’obtenir une part de l’héritage d’un membre de sa famille en influençant le choix du Marquis car il hérite de 600 000 francs, à charge pour lui, soit d'épouser Hortense, soit de lui verser 200 000 francs. Nous nous demanderons comment Marivaux respecte les critères de la scène d’exposition. Pour cela, nous décrirons en première partie les éléments introduisant la pièce, puis nous analyserons en seconde partie l’intrigue.
Nous nous intéresserons donc en premier lieu à la façon dont Marivaux introduit le début de l’œuvre lors de cette scène première, nous verrons donc les informations relatives à la mise en situation de la scène (où, quand, quoi…) puis nous analyserons les personnages présents, et enfin nous examinerons chaque personnage décrit par les personnages présents dans la pièce.
Dès la première réplique de la scène 1 « La démarche que vous allez faire auprès du Marquis m'alarme. » on voit que la scène a commencé « in medias res » (avant le lever de rideau). L’environnement de la pièce est exprimé par Hortense avec un complément circonstanciel de lieu (l.24) « Depuis le temps que nous sommes à cette campagne chez la Comtesse » et elle précise aussi une durée avec un complément circonstanciel de temps (l.25) « Il y a six semaines», nous permettant de savoir approximativement le temps qui s’est écoulé depuis le décès du membre de la famille. (l.2) « Raisonnons » avec ce verbe à l’impératif on constate que les deux personnages présents se concertent pour trouver une solution pour récupérer cet héritage en faisant le point sur la situation (l.2) « Défunt son parent et le mien lui laisse six cent mille francs, à la charge il est vrai de m'épouser, ou de m'en donner deux cent mille ; cela est à son choix».
Par ailleurs sur cette scène, deux personnages sont présents, le chevalier, et Hortense, on voit très rapidement l’inégalité de la répartition du temps de parole entre les deux personnages, Hortense parle plus que le chevalier. Le chevalier est un personnage inquiet pour Hortense (l.1) « m'alarme » verbe au présent décrivant son état soucieux, de plus on le voit avec l’apparition de phrases interrogatives (l.10 et 27) permettant ainsi au public de connaitre la situation sur les problèmes des personnages et fait réfléchir Hortense sur les éventuelles situations. Il contredit par ses questions les pensées de Hortense ainsi il va pousser à développer la penser de Hortense (l.10) avec la négation « ne le hais pas ? » donnant la possibilité d’une information erronée sur l’amour de la Comtesse et le Marquis forçant Hortense à argumenter. Il ne veut pas qu’elle ait de fausses illusions sur le choix que compte faire le Marquis « J'ai peur que l'événement ne vous trompe », on voit bien le registre lyrique. Il veut lui montrer le dilemme que le Marquis puisse avoir, il fait une comparaison (l.19-20) « Ce n'est pas un petit objet que deux cent mille francs » pour montrer l’importance des choix que le Marquis a à disposition. C’est un raisonneur, il pose de simples questions courtes pour permettre un épanouissement de la réflexion d’Hortense. Hortense, est une femme qui a son destin entre les mains d’un homme (l.4) « cela est à son choix » montrant une femme qui n’est pas libre. Malgré ça, elle est confiante sur son avenir en étant persuadé du choix que le Marquis compte prendre (l.2) « Je ne risque rien, vous dis-je. », (l.28) Eh ! Non, vous dis-je. Laissez-moi faire » on a ici un parallélisme entre la ligne 2 et 28, montrant que sa façon de récupérer l’héritage n’a pas changé, le pronom personnel « moi » montre qu’elle est débrouillarde. « (l.29) « mais que cela ne vous épouvante pas » signifiant qu’elle se sent intouchable en étant persuadée de son avenir et rassure par la même occasion le chevalier. (l.11) « À mille petites remarques que je fais tous les jours » avec ces compléments circonstanciels de quantité, elle est certaine de ce qu’elle dit, (l.11) « et je n'en suis pas surprise. » l’attribut du sujet « surprise » nous indique qu’Hortense reconnait que le Marquis aime la Comtesse. (l.23) « il faudra bien qu'il parle » avec le verbe au futur simple désigne une action poussant le Marquis à prendre une décision. (l.2) « Défunt son parent et le mien lui laisse six cent mille francs, à la charge il est vrai de m'épouser, ou de m'en donner deux cent mille » on voit ici qu’il y une inégalité sur les parts d’héritages entre les genres, le Marquis et Hortense sont tous les deux autant impactés par le défunt pourtant c’est l’homme qui possède une grande ou voir même la totalité de l’héritage, Marivaux reflète juste les actes de son siècle.
De plus, Hortense présente sur scène va introduire d’autres personnages à travers ses paroles. Le Marquis est un homme avec un bon statut social (l.5) « assez riche par lui-même » cet adjectif est très important puisqu’il permet de comprendre le niveau social de sa famille ainsi que celle d’Hortense. (l.4) « cela est à son choix », le pronom possessif appuie le fait qu’il possède le destin d’Hortense. (l.13-14)« Le Marquis est un homme doux, paisible, aisé à conduire » avec le champ lexical de la soumission, et la personnification on découvre son caractère docile, on pourrait croire que l’on parle de lui comme un chien (l.16) « Elle n’est plus de cette grande jeunesse : il a trente-cinq ou quarante ans », les nombres présents insistent sur la différence d’âge du Marquis par conséquent la Comtesse à plus de quarante ans, elle est comme une ainée pour Hortense. La Comtesse est décrite par Hortense ainsi on ne peut pas distinguer le véritable caractère de la Comtesse cependant on peut visualiser le personnage, (l.12) « Du caractère dont elle est, celui du Marquis doit être de son goût », avec cette litote Hortense nous donne une image capricieuse de la comtesse (l.16) « Le Marquis est d’un âge qui lui convient ». Elle la décrit comme supérieure à elle à travers une énumération avec le champ lexical de la puissance (l.12-13) « La Comtesse est une femme brusque, qui aime à primer, à gouverner, à être la maîtresse. », sa supériorité est aussi représenté par son statut, elle est Comtesse, (l.8-9) comparaison sur les richesses d’Hortense et celles de la Comtesse. On a donc une description morale et physique de la Comtesse et du Marquis. Les deux domestiques sont présentés à la fin de l’extrait par Hortense, « Voyons ce que me diront là-dessus Lépine et Lisette, qui vont venir me parler », cela nous indique qu’Hortense se repose sur l’avis de ses serviteurs. De plus elle les décrit (l.33) « L'un est un Gascon froid, mais adroit ; Lisette a de l'esprit. Je sais qu'ils ont tous deux la confiance de leurs maîtres » ici, elle attribue des qualités aux domestiques grâce aux adjectifs qualificatifs et la comparaison « qu'ils ont tous deux la confiance de leurs maîtres » la complicité des personnages. (l.33-34) « je les intéresserai à m'instruire, et tout ira bien », la proposition coordonnée signifie que les serviteurs l’aident afin de prendre une bonne décision.
Ce passage est en effet très pratique au public car elle place le cadre spatio-temporel et les personnages et leurs relations lors de la pièce donnant les bases pour comprendre la pièce. Cependant avec ces seules informations le public ne va pas trop si intéresser, Marivaux doit alors introduire sa critique de la société faisant en sorte que la pièce ne soit pas ordinaire.
Lors de cette seconde partie nous travaillerons sur l’intrigue, c’est-à-dire le mariage et l’argent introduit par les personnages.
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