Le libertinage au 18ème siècle

Le mot « libertin » vient du latin « libertus » qui signifie « affranchi ». Très vite le terme a pris un sens lié à la religion. En effet du temps de Blaise Pascal, au XVIIe siècle, ce mot désignait plus particulièrement celui qui était affranchi de toute doctrine religieuse, autrement dit celui qui avait une liberté de penser. Le libertin est donc celui qui remet en cause les dogmes établis, c’est un libre penseur (ou libertin d’esprit) dans la mesure où il est affranchi.

Le sens qui prévaut de nos jours et depuis le XVIIIeme siècle se réfère au libertin de mœurs, c’est-à-dire celui qui s’adonne aux plaisirs charnels avec une liberté qui dépasse les limites de la morale conventionnelle et de la sensualité bourgeoise normale, mais aussi avec l’idée d’un certain raffinement cultivé. L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert qualifie le libertinage comme « l'habitude de céder à l'instinct qui nous porte aux plaisirs des sens »

La plus célèbre héroïne libertine est sans doute la Marquise de Merteuil dans les Liaisons Dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos. Elle est décrite comme très belle, riche, mais surtout manipulatrice et parfois cruelle. Avec son complice et ancien amant le Vicomte de Valmont, ils s’amusent tous deux à séduire de jeunes gens, et se racontent leur stratagèmes par lettres interposées. Merteuil est une libertine accomplie qui a passé sa vie à se jouer des hommes. Elle s’interdit tout sentiment amoureux et enchaîne les conquêtes éphémères.

L’auteur le plus connu en terme de littérature libertine est sans nul doute le Marquis de Sade. Tous les héros de ses nombreuses œuvres sont en fait des héroïnes comme Justine, Juliette, Aline. Sade est un auteur qui déploie une connaissance du féminin, en donnant la parole aux femmes il évoque le poids des injonctions à la pudeur et à la vertu qui pesaient sur les épaules des femmes à cette époque. Il a une vision plutôt novatrice, et met la sexualité féminine sur le même plan que la sexualité masculine en affirmant à travers ses écrits que les femmes ont le droit au même bonheur sexuel que les hommes, ce qui pour l’époque est très innovant.

On désigne par l'expression "Siècle des Lumières" le 18e siècle en tant que période historique. Cette expression était déjà utilisée au 18e siècle par les écrivains. Ils étaient alors convaincus qu'ils venaient d'émerger d'une longue période de noirceur et d'ignorance et qu'ils entraient dans une nouvelle ère, illuminée par les lumières de la raison, de l'esprit scientifique et du respect de l'humanité. Le 18e siècle est marqué par une profonde évolution de la pensée. De là va donc naître les libertins… Le xviiie siècle connaît en France un tournant remarquable dans les représentations littéraires de l’amour, ainsi que dans les pratiques amoureuses, du moins au sein de la société de cour. Alors que le Grand Siècle avait valorisé la figure idéale d’un amour vertueux et passionné, - la disparition du Roi Soleil ouvre une période d’intense activité philosophique et de contestation politique qui se manifestent dans une déconstruction critique de la figure amoureuse et dans un débridement des mœurs. Le Siècle des lumières est donc celui des libertins. Le contexte politique et intellectuel inauguré par la Régence autorise que se déploient ouvertement les liaisons sexuelles multiples et adultères, et surtout, que l’on en parle et que l’on écrive à leur sujet. Les libertins souhaitent faire de leur vie une expérience esthétique, dans le but d’échapper aux sentiments aliénants, comme l’amour. L’érotisme libertin ne poursuit que l’union des amants ainsi que l’exaltation de toutes les formes de plaisir à travers l’approche esthétique  : la peinture en particulier.