Lecture linéaire - l'Albatros de Baudelaire
Fiche de lecture : Lecture linéaire - l'Albatros de Baudelaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Café _Noir • 23 Novembre 2023 • Fiche de lecture • 2 146 Mots (9 Pages) • 280 Vues
Explication linéaire 16 : « L’Albatros »
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! L’un agace son bec avec un brûle-gueule, L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
| Sens | Procédés et effets produits | Interprétation |
Premier mouvement : Une scène qui s’inscrit dans un calme et une douceur apparente, l’albatros est dans le ciel, au paradis des albatros
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Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, |
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Adverbe temporel indique une action courante, non exceptionnelle
Le groupe prépositionnel « pour s’amuser » précise la finalité d’une action que l’on ne connaît pas encore mais qui est associée à l’idée de jeu, d’enfance, à un divertissement innocent
Le sujet « les hommes d’équipage » arrive en fin de vers et l’enjambement retarde l’action au vers suivant : « prennent des albatros » ce qui crée une suspension en adéquation avec l’atmosphère aérienne du quatrain. Les albatros sont décrits par deux périphrases placées en apposition : 1) « vastes oiseaux des mers » qui souligne leur amplitude, leur majesté et l’univers dans lequel ils évoluent, la mer et 2) « indolents compagnons de voyage » qui suggère une forme de passivité et de douceur, confortée par le verbe « suivent ». |
Douceur crée un cadre paradisiaque dans lequel règnent le calme et l’harmonie Majesté associée à ces oiseaux qui évoluent dans un élément aérien et divin : le ciel
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Le navire glissant sur les gouffres amers. |
Indolents signifie étymologiquement : « celui qui ne souffre pas » | Le dernier vers précise le COD du verbe « suivent » (dont le sujet est « des albatros »), soit le navire, dont la fluidité du mouvement est indiquée par le verbe « glisser » qui évoque un mouvement sans heurt, ni violence. Un élément dissonant vient cependant clore le poème avec le complément circonstanciel de lieu « sur les gouffres amers » - les « gouffres » ouvrent une profondeur inquiétante et esquissent l’idée d’une chute. |
Le gouffre se présente comme l’envers du ciel et annonce un mouvement d’inversion de l’harmonie en destruction, du paradis en enfer. |
- Ataraxie : recherche du bonheur par l’absence de souffrance et de troubles de l’âme.
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Lien problématique : Ce quatrain dessine une scène d’une tranquillité trompeuse. L’impression de paix va être brisée au quatrain suivant qui décrit les conséquences de la prise et de la chut e des oiseau x.
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| Sens | Procédés et effets produits | Interprétation |
Deuxième mouvement : La chute des oiseaux et l’arrivée dans l’enfer terrestre
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A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches |
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« A peine » indique une quasi-simultanéité entre le contact avec la terre et la perte de majesté des albatros Les albatros sont COD de « déposer » (comme dans le précédent quatrain : « prennent des albatros » mais où ils étaient associés à un verbe de mouvement « suivent ») – cela montre qu’ils subissent l’action des hommes d’équipage.
Antithèse = souligne le contraste entre la majesté des albatros dans les airs et leur piteux aspect au sol. Assonance en eu = fait entendre la plainte et les pleurs des albatros |
Contact avec la terre est fatal aux albatros qui perdent tous leurs pouvoirs. « Les planches » renvoient au bateau mais aussi à la scène. En effet, le lecteur va assister au spectacle de leur douleur et de leur humiliation.
Les « ailes » évoquent bien sûr les oiseaux mais aussi les anges dont le domaine est le ciel et dont la terre est aussi le lieu d’une déchéance.
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Comme des avirons traîner à côté d’eux.
| La maladresse de l’albatros est mise en valeur, marquée par la lourdeur de la nouvelle condition de cet oiseau sur Terre – comparaison « comme des avirons » + verbes « traîner » et « laisser »
| Les ailes qui leur permettaient de s’élever et de voler sont désormais inutiles, lourdes comme du bois, elles semblent même les empêcher de s’échapper. | |
Lien problématique : Les albatros, arrivés sur terre , perdent toute leur magie, leur beauté et leur pouvoir. Ils deviennent « maladroits et honteux » ce qui va attiser la cruauté des homme s qui s’amusent, non pas innocemment, comme le premier quatrain pouvait le laisser imaginer, mais cruellement, en faisant de la souffra nce des alb atros un objet de spectacle.
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| Sens | Procédés et effets produits | Interprétation |
Troisième mouvement : Le troisième quatrain confirme que l’arrivée sur terre est une descente aux Enfers.
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Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule2 !
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| « Comme » est ici un adverbe exclamatif qui vient souligner l’intensité de la maladresse de l’albatros, inadapté à la terre
| Le voyage aérien est devenu une descente aux Enfers dans lequel l’albatros doit désormais séjourner. La beauté s’inverse en laideur lorsqu’elle entre en contact avec des hommes incapables de la reconnaître et qui cherchent à l’abîmer |
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