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Première partie lecture linéaire de "Correspondances", FDM, Baudelaire

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Par   •  2 Octobre 2019  •  Commentaire de texte  •  847 Mots (4 Pages)  •  914 Vues

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Lecture suivie : « Correspondances » (IV), Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire

Dans Les Fleurs du Mal, Baudelaire conçoit le statut du poète en tant qu’intermédiaire entre le monde sensible et le monde des Idées. En révélant aux Hommes les messages et les symboles cachés du monde sensible, le poète devient le seul être en mesure de les accompagner dans leur désir d’élévation vers le monde dissimulé des Idées et sa perfection. Dans le sonnet « Correspondances » (IV), l’auteur partage au lecteur des clés de lecture de son œuvre, Les Fleurs du Mal, pour mieux cerner la capacité du poète-alchimiste à transformer la boue du monde physique en or dans le monde des esprits. De plus, à travers sa contemplation mystique de la Nature et sa méditation sur l’Homme, Baudelaire expose une méthode permettant de mieux concevoir le monde spirituel et son mystère, celle des synesthésies ou des expériences sensorielles. Ainsi, « Correspondances » remplit la fonction de poème didactique en plus de s’affirmer comme une expression de « l’art poétique », soit la formulation d’un projet esthétique, dans les deux quatrains, en même temps que son illustration par l’exemple, dans les deux tercets.

L’objet envisagé par Baudelaire dans les deux premiers quatrains est la formulation de la théorie des correspondances, selon laquelle il existerait une communication secrète entre le monde matériel et le monde de l’Idéal, les correspondances verticales, ainsi qu’une profonde unité dans tout l’Univers malgré un apparent désordre : ce sont les correspondances horizontales.

Dans le premier quatrain, Baudelaire incite le lecteur à contempler la Nature et ses symboles pour comprendre les correspondances verticales. Dans le premier vers, la Nature est présentée comme un lieu sacré, un « temple », soit un lieu privilégié entre le monde matériel et le monde spirituel, duquel « de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles » (v.1-2). Ici, l’oxymore « vivants piliers » et son assonance en « I » évoquent toutes les dimensions de la nature, minérale comme végétale, durablement installées en son temple. Les signes de la Nature sont difficiles à comprendre : comme une langue ancienne et primitive gravée dans un temple, elle résonne en l’Homme, ce sont les « confuses paroles ». De plus, l’adverbe « parfois » laisse à penser que les signes de la Nature ne sont pas toujours perceptibles, que l’Homme doit être constamment à son écoute, et donc à l’écoute des « paroles » du poète, s’il veut la comprendre. La fin du vers est d’ailleurs marquée par une ponctuation forte le « ; » qui tranche avec la seconde moitié du quatrain. Aux troisième et quatrième vers, Baudelaire évoque le passage furtif de l’Homme dans une Nature éternelle qui le surpasse : « L’homme y passe à travers des forêts de symboles qui l’observent avec des regards familiers ». La double métaphore filée entre le temple et la forêt se poursuit dans la seconde partie de la première strophe. En outre, « les forêts de symboles » représentent le monde sensible qui entoure l’Homme à la manière d’un voile opaque derrière lequel se dresse le monde spirituel. Un voile mystérieux, tantôt franchissable, puisque selon Baudelaire, l’intelligence de l’Homme est invitée dans la surréalité par l’Intelligence bienveillante de la Nature, qui lui adresse des « regards familiers ». Cette relation complexe et innée entre l’Homme et la Nature, pousse le premier à déchiffrer les symboles de son temple, guidé par le poète et la Nature bienveillante, afin de réaliser son ascension vers le monde des Idées qui donne un sens au monde sensible de l’Homme, soit à la pâle copie d’une surréalité : ce sont les correspondances verticales.

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