Oedipe Roi, la place de Tirésias chez Sophocle et Pasolini
Commentaire d'oeuvre : Oedipe Roi, la place de Tirésias chez Sophocle et Pasolini. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar constancemeyl • 3 Octobre 2017 • Commentaire d'oeuvre • 1 404 Mots (6 Pages) • 1 197 Vues
Meylan 25.11.16
Constance TL
-Littérature : question-
-La place de Tirésias chez Sophocle et Pasolini-
Sophocle a ancré sa pièce Oedipe Roi dans l'histoire, ce chef d’œuvre a inspiré de très nombreuses réécritures, comme celle qu'à fait le scénariste réalisateur italien Pier Paolo Pasolini. Pasolini a donc réécrit le mythe œdipien, jusqu'à ce que l’œuvre finale se détache totalement de mythe original, tout en gardant des figures clé de l'intrigue. En effet on peut constater que le personnage du prophète Tirésias garde une place clé dans le mythe tout en restant un personnage très énigmatique. Tirésias est effectivement le premier qui met en lumière les origines du roi Œdipe, et ses révélations sont essentielles dans le déroulement de la tragédie.
Nous verrons donc en quoi la place que tient Tirésias dans les deux œuvres est paradoxale. La première partie traitera de la place de spectateur de Tirésias tandis que la seconde partie portera sur sa place parmi les hommes.
Dans un premier temps on peut observer que le personnage de Tirésias apparaît toujours en retrait des autres. En effet, il est le seul à connaître la vérité concernant le meurtre de Laios, comme il dit vers 328-329 : « parce que vous tous, vous ne savez pas. Eh bien non je ne veux pas dire[...] ton mal ». Il connaît donc la prophétie concernant Œdipe, tout comme il prédit son avenir « un jour tu ne verra plus que l'obscurité », et si ce don de clairvoyance lui vaut un certain respect de la part des thébains, il l'isole aussi des autres hommes. On peut en effet voir dans l’œuvre de Pasolini que malgré le fait que tous s'inclinent devant Tirésias, le seul qui porte secours à l'aveugle devin est le jeune messager qui à mené Œdipe à la Sphinx. Cette isolement est perceptible quand il déclare que « vous tous, vous ne savez pas », cette citation le met en opposition avec les tous autres hommes, comme dans le film lorsqu'il déclare « vous êtes tous fous ». De plus, les plans de tournage du film le montre toujours en opposition par rapport à Œdipe : ils ne sont jamais sur le même plan mais sur des plans juxtaposés, et Tirésias apparaît seul, entouré seulement du jeune messager. Il est isolé au milieu de la foule. De plus, le prophète n'entre que peu en scène: deux fois dans le film, et une fois dans la pièce de Sophocle. Il s'apparente donc a un spectateur, externe à l'histoire. Car si Tirésias a le savoir, la connaissance, ce sont de véritables fardeaux pour lui : il s'exclame « qu'il est horrible de savoir lorsque ce n'est d'aucune utilité pour celui qui sait » chez Pasolini, et déclare « qu'il est terrible de connaître » vers 316 dans l'oeuvre de Sophocle. Tirésias connaît l'histoire, comme le spectateur, et comme lui il souhaite aider mais est impuissant face aux dieux. Il est conscient d'être à leur service-à l'inverse d’ Œdipe-, et même si il est lié au divin « je ne dépends pas de toi mais de dieu », il reste à sa place de mortel. Ce fait se caractérise par le calme du personnage : Tirésias connaît le destin, sait que celui-ci est inéluctable et par conséquent, l'accepte même si il en souffre. C'est pourquoi Œdipe le qualifie d'insensible. Ce calme est remarquable lors la scène de la rencontre entre Œdipe et Tirésias devant Thèbes. Tirésias se tient à l'écart des foules et joue de la flûte. Œdipe s'agenouille et lui dit « tes concitoyens souffrent et pleurent, luttant pour leur sauvergarde, et toi aveugle et solitaire, tu chantes. J'aimerais être à ta place ! Ton chant te place au-delà du destin ». Tirésias semble le scruter de ses yeux aveugles, et continue de jouer, imperturbable. Il semble plus que jamais en marge de l'humanité, cultivant un lien avec les dieux. Cependant ce lien au divin ne le protège pas des hommes, et même si Œdipe de le tue pas lorsque Tirésias l'offense, dans le film le roi le violente, et Tirésias n’apparaît alors plus que comme un vieil aveugle brutalisé, profondément humain.
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