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Platon et Pétrarque: au sujet de l'amour.

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Par   •  4 Mai 2016  •  Dissertation  •  4 372 Mots (18 Pages)  •  1 651 Vues

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Olivia Périat

o.periat@hotmail.fr

MA3 : Pétrarque et le pétrarquisme de Ronsard à Rousseau

2015-2016

Travail d’attestation

Platon et Pétrarque: au sujet de l’amour.

Sujet: Influence de la théorie platonicienne de l’amour dans la poésie et les écrits de Pétrarque. Analyse de la pensée véhiculée dans Le Banquet et mise en relation avec le Canzoniere et le Secretum.

Introduction

Qu’est-ce que l’amour? Quel est ce sentiment que nous désirons tous connaître pour le bonheur qu’il procure? Différentes définitions sont aujourd’hui assignées à cette notion: Inclination d’une personne pour une autre, de caractère passionnel et/ou sexuel ou encore: Mouvement de dévotion qui porte un être vers une divinité, vers une entité idéalisée. Il semble que ces deux définitions diffèrent quant à l’objet-même de l’amour: beauté des corps, des âmes ou amour tourné vers un idéal. Quel est donc le véritable objet de l’amour? Plus encore, quel est son but? L’eros mène-t-il nécessairement au bonheur? Si ces interrogations restent très actuelles, elles existaient déjà dans la Grèce Antique. Le Banquet de Platon nous présente une série de six discours portant sur la nature et les vertus de l’amour. Chez Platon, l’objet de l’amour évolue avec l’âge et l’expérience: plusieurs étapes sont nécessaires pour atteindre ce bonheur, ce but ultime de toute vie humaine: l’élévation des âmes vers la contemplation des Idées.

La théorie platonicienne de l’eros eut une forte influence sur les philosophes et poètes qui suivirent. Au 14ème siècle, le poète Pétrarque, dans son Canzoniere, met en vers son amour pour Laure avant et après sa mort. Or, la poésie de l’amour de Pétrarque est souvent décrite comme s’enrichissant « autant de l’héritage platonicien que de la tradition chrétienne ». Dans ce travail, il s’agira de voir dans quelle mesure cet héritage platonicien apparaît dans la poésie et les écrits de Pétrarque. Deux problématiques principales seront traitées :

Quelle a été l’influence de la théorie de l’amour de Platon telle qu’elle nous est présentée dans Le Banquet sur la pensée de Pétrarque? Qu’advient-il de ce lien décrit par Platon entre amour et bonheur éternel dans les écrits de Pétrarque?

Dans un premier temps nous présenterons la théorie platonicienne de l’amour d’après Le Banquet puis nous étudierons plusieurs passages des écrits de Pétrarque afin de mettre en relation ces deux lignes de pensées.

Platon: théorie métaphysique de l’amour

Le Banquet de Platon présente les points de vue de six personnages sur ce qu’est l’amour, quelle est sa nature, comment le définir. Chaque discours entend témoigner de ce qu’est l’eros. Ces discours seront présentés selon trois groupes constitués de développements opposés.

Phèdre et Agathon

Pausanias et Eryximaque

Aristophane et Socrate.

Chaque discours contient une part de vérité que Platon retient pour sa théorie de l’amour.

Phèdre et Agathon

Le premier discours tenu est celui de Phèdre. Il entend faire un éloge de l’amour en le définissant comme un dieu, le plus ancien qui soit.

De tous les dieux, l’Amour est le plus ancien, le plus auguste et le plus capable de rendre l’homme vertueux et heureux durant sa vie et après la mort.

Si, selon Phèdre, Eros est le dieu le plus à même de rendre l’homme vertueux et heureux, c’est en raison de son ancienneté. «Pourquoi Platon fait-il de l’amour le plus ancien et le premier des dieux? Parce qu’il incarne un bien suprême et ce qui est vieux est bon ». Qu’ils s’agisse de l’être aimé ou de l’aimant, Eros les conduira au chemin du bonheur. Agathon, quant à lui, rejette l’idée selon laquelle Eros est le dieu le plus vieux. Bien au contraire, il le considère comme étant le plus jeune.

Un bon indice qui vient appuyer ce que je viens de dire se trouve fourni par lui-même ; voyez de quelle fuite il fuit la vieillesse, laquelle évidemment est rapide et vient en tout cas à nous plus rapidement qu'il ne faudrait.

Phèdre et Agathon s’accorde sur l’existence d’un dieu de l’amour unique. Toutefois, chez Agathon il s’agit du dieu le plus jeune:

Ainsi, me semble-t-il Phèdre, Eros est le premier car il est, lui, le plus beau et le meilleur, par suite, il est cause pour le reste des êtres d’autres effets de cet ordre.

B) Pausanias et Eryximaque

Pausanias et Eryximaque se distinguent des deux précédents discours présentés dans la mesure où ils considèrent qu’il n’y a pas un mais deux Eros. Dés les premières lignes de son discours Pausanias déclare:

Tout le monde sait bien qu’il n’y a pas d’Aphrodite sans Eros. Si donc il n’y avait qu’une seule Aphrodite, il n’y aurait qu’un seul Eros, mais puisqu’il y a bien deux Aphrodite, il s’ensuit nécessairement qu’il y a aussi deux Eros.

Pausanias distingue une Aphrodite dite « céleste », plus ancienne et une autre dite « populaire » ou « vulgaire ». Eros ne pouvant être dissocié d’Aphrodite, il s’ensuit que l’Eros né de la première sera et ne produira qu’un amour vertueux alors que le second engendrera un amour qui porte davantage sur les corps que sur les âmes.

Il n’a d’autre but que de parvenir à ses fins sans se soucier de savoir si c’est de belle façon ou non.

Tandis que l’Eros vulgaire concerne aussi bien les hommes que les femmes, l’Eros qui se rattache à l’Aphrodite céleste ne s’intéresse qu’aux mâles, porte davantage sur l’âme que sur les corps et se préoccupe non pas des fins effectives mais de sa bonne réalisation.

Pausanias condamne l’amour engendré par l’Eros vulgaire, le considérant comme laid et mauvais et ne pouvant être l’origine d’une vertu. Il souhaite éliminer toute relation inspirée par l’Eros vulgaire.

La distinction entre les deux Eros défendue par Pausanias se fait dans une perspective d’ordre moral: « l’amour noble est le seul qui devrait avoir droit de cité ».

Eryximaque s’accorde avec Pausanias concernant l’existence de deux Eros. Toutefois, selon lui, ce principe du double Eros ne s’applique pas uniquement aux Hommes. Il généralise ce principe et l’étend à la médecine, la musique ou encore à l’astronomie. Il nous donne comme premier exemple la nature des corps:

En effet, la nature des corps comporte le double Éros que je viens d'évoquer. Car, dans le corps, ce qui est sain et ce qui est malade, c'est, tout le monde l'admet, quelque chose de différent et de dissemblable. Or le dissemblable recherche et aime le dissemblable. Ainsi donc, l'amour inhérent à la partie saine est différent de l'amour inhérent à la partie malade. Dès lors, de même qu'il est beau – Pausanias le disait à l’instant d'accorder ses faveurs aux êtres humains qui le méritent, et honteux d'accorder ses faveurs aux débauchés, de même, quand il s'agit des corps eux-mêmes, favoriser ce qu'il y a de bon et de sain dans chaque corps est beau et c'est ce qu'il faut faire, et c'est cela que l'on appelle médecine, tan- dis que cela est honteux pour ce qui est mauvais et malsain et qu'il faut défavoriser, si l'on veut suivre les règles de l’art.

Eryximaque, tout comme Pausanias, affirme qu’il faut assurer la survie du bel amour, i.e l’amour céleste et être prudent avec l’Eros vulgaire.

C) Aristophane et Socrate

Les discours d’Aristophane et de Socrate s’insèrent dans un processus très différent des quatre discours précédent. En effet, alors que les éloges faites par les personnages déjà présentés s’inscrivent dans un procédé herméneutique des enseignements mythologiques liés à Eros, Aristophane, dans son discours, s’attache davantage à révéler la puissance et le pouvoir d’Eros, permettant la guérison des maux qui frappent l’Homme, plutôt que de décrire sa véritable nature.

A mon avis, en effet, les êtres humains ne se rendent absolument pas compte du pouvoir d’Eros (…) il vient à leur secours, il est leur médecin, les guérissant de maux dont la guérison constitue le bonheur le plus grand pour le genre humain.

Aristophane se lance donc dans une description de ce qu’était auparavant la nature de l’être humain et ce qui lui est arrivé.

L’état antérieur de l’espèce humaine comprenait trois catégories: le mâle, la femelle et l’androgyne, ce dernier formant la synthèse des deux premiers. Chacun avait la forme d’un oeuf et était constitué de 4 bras, 4 jambes, 2 visages et surtout 2 sexes. Chacun de ces êtres avait une origine spécifique: le mâle était un rejeton du soleil, la femelle de la terre et l’androgyne, synthèse du mâle et de la femelle,

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