Ronsard, "Quand au temple nous serons..."
Commentaire de texte : Ronsard, "Quand au temple nous serons...". Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Louannnee • 14 Juin 2022 • Commentaire de texte • 1 932 Mots (8 Pages) • 707 Vues
C’est au XVIe siècle, pendant la Renaissance où les auteurs redécouvrent les textes de l’Antiquité et ainsi, développent des thèmes antiques, avec par exemple le “carpe diem”, que Ronsard, poète majeur de la Pléiade, écrit un poème intitulé “Quand au temple nous serons”. Celui-ci fait partie du recueil Meslanges qui fut publié en 1554. C’est un reproche du poète à sa maîtresse : il est très pressant car elle refuse de s’adonner aux plaisirs charnels. Ce poème est écrit sur une tonalité humoristique et grivoise. Son ode est argumentative : il essaie d’y convaincre la jeune fille de profiter de l'instant présent. Il en fait momentanément le portrait. Ce poème est écrit en heptasyllabes et compte huit sizains. Nous demanderons ce que l’auteur reproche à la jeune fille et par quels moyens. Et pour ce faire, nous verrons qu’il dénonce avec humour la résistance des jeunes filles face à la sexualité, puis qu’il fait une allégorie de la jeunesse et enfin qu’il utilise la provocation pour tenter de convaincre son amante.
Au fil du poème, Ronsard utilise l’humour pour s’indigner du comportement puritain de la jeune fille face aux plaisirs charnels. Le premier trait d’humour est l’opposition choquante qu’il fait entre les deux premières strophes et cela donne un sentiment de stupéfaction. Le poème débute d’abord de façon très sage. Il use d’un lexique religieux comme les noms : “temple”, “église”, “Dieu”, “dévots” et de verbes tels que “agenouiller”, “louer”, “se courber”. À la fin de cette première strophe, on peut s’attendre à lire une suite de la même nature lorsque l’interjection “mais” introduit le second sizain tout en opposition. Dans celui-ci Ronsard utilise un vocabulaire hardi tel que les mots “lascifs”, “amans”, “mignardises” pour évoquer les plaisirs charnels. Ce brusque changement d’ambiance amène facilement le sourire du lecteur. L’humour apparaît aussi à la troisième strophe via une question rhétorique à son amante dans laquelle il lui demande, de façon ironique, si elle veut ressembler à une nonne et s’enfermer dans un cloître. Puis, avec le même ressort de la question rhétorique, Ronsard pose la question à la fin du quatrième sizain : “En veus-tu baiser Pluton / Là-bas, apres que Caron / T’aura mise en sa nacelle ?”. C’est une caricature : Pluton est connu pour être très laid et Caron est le passeur du Styx. Ainsi Ronsard lui demande si elle souhaite attendre d’être morte pour s’offrir au dieu des enfers. Ce qui est encore une plaisanterie. Il pousse à l’extrême son raisonnement jusqu’à l’hyperbole pour atteindre l’effet escompté : l’humour, et aussi sans doute, la réaction de sa maîtresse. Ronsard use encore du ressort de l’humour lorsqu’il imite un commandement religieux, dans le septième sizain en lançant “Incontinent tu mourras / Lors tu te repentiras / De m’avoir esté farouche.” Il utilise le verbe “repentir”, qui appartient au lexique religieux, pour prédire à sa maîtresse qu’elle se repentira de respecter les commandements de Dieu... Il détourne le style religieux au profit de son raisonnement, ce qui est très drôle. De même les interjections faites avec les “Ah” dans le dernier sizain sont drôles par leur répétition : il souffre tellement de n’être aimé en retour de la même façon qu'il crie de supplice. Et enfin, le tout dernier vers du poème est un sous-entendu sexuel qui le rend pervers, ce qui provoque le rire chez le lecteur.
Ronsard utilise aussi l’hyperbole dans tout son poème pour appuyer ses effets comiques. Il est excessif en tout : il est “très” sage à la première strophe puis “très” sensuel dans la deuxième. Il est aussi “très” scandalisé par la réaction de son amante et en est “très” amoureux. Il est tout aussi excessif dans sa description de la mort. Il est macabre. Ronsard reproduit encore le procédé hyperbolique en écrivant dans le cinquième sizain : “Aux Ombres je n'avouerais/ Que jadis tu fus m’amie.” Il annonce ainsi que sa maîtresse sera alors si laide qu’il aura honte d’avouer qu’elle a jadis été son amante, ce qui renforce sa description macabre. Mais avec l’humour Ronsard aborde aussi des sujets plus philosophiques, notamment la résistance de son amante à ses avances.
Tout au fil du poème, l’amante est montrée comme une jeune fille n’osant s’adonner aux plaisirs charnels comme dans le vers 42 : “Et ne m’espargne ta bouche :” ou encore le vers 45 : “ Tu fuis comme fan qui tremble”. L’amante cherche à résister à l’appel du plaisir pour rester chaste selon les principes chrétiens. Par l'intermédiaire de Ronsard on comprend que la relation ne va jamais jusqu’au physique avec les vers 17 et 18 : “Contrefais-tu la nonnain / Dedans un cloistre enfermée ?”. La jeune femme parait se battre contre sa soif de sensation physique de Ronsard. On associe souvent la relation sexuelle à la sensation d’être en vie. L’amante semble si prude que Ronsard la compare à une nonne. Il avance de cette façon la philosophie du carpe diem. Il veut l’inciter à profiter des plaisirs de la vie. L’amante résiste avec force à tel point que Ronsard lui demande si elle ne souhaite pas être morte pour offrir son corps à Pluton, dieu des enfers. La résistance de l’amante se fait car elle refuse de s’adonner aux plaisirs charnels.
Tout au long du poème Ronsard fait des allusions au sexe et aux plaisirs physiques notamment dans la deuxième strophe qui y est consacrée : “Mais quand au lit nous serons / Entrelassés, nous ferons / Les lascifs, selon les guises / Des amans, qui librement / Pratiquent folatrement / Dans les dras cent mignardises.” Il invite ouvertement son amante à profiter de la vie au jour le jour. Il se fait ainsi pleinement l’adepte de la philosophie d’Horace, le “carpe diem”, qui veut qu’on jouisse de la vie sans attendre. Il tente de la séduire, de lui donner envie. C’est une déclaration d’amour désespérée et drôle. Ronsard utilise donc l’humour pour tenter de convaincre sa maîtresse mais il l’utilise aussi pour parler de sujets plus importants tels que la sexualité ou la mort. C’est ainsi qu’il parle de la jeunesse en l’opposant à la mort, ce qui en fait une allégorie.
Ce poème est une allégorie car en apparence il ne semble qu’être une invitation au plaisir alors qu’il y a beaucoup plus d'idées sous-jacentes. Notamment, Ronsard aborde la sexualité, le carpe diem et la mort. Il crée beaucoup d’oppositions pour son argumentation. Ces oppositions se retrouvent dans chaque sizain et peuvent se faire entre strophes ou même entre groupes de vers. La première opposition flagrante est celle qu’on peut voir entre les deux premières strophes : le premier sizain aborde l’église, la dévotion pour dieu alors que le deuxième traite de la sexualité. Le changement brutal d’ambiance se fait par l'intermédiaire de l’interjection “Mais”. Le lexique religieux passe à un lexique grivois sans qu’on s’y attende.
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