Ronsard, Quand vous serez bien vielle 

 Quand vous serez bien vielle 

O- L’auteur :

Pierre de Ronsard alias « Prince des poètes et poète des princes » est né en septembre 1524 au château de la Poissonnière près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois et est mort le 27 décembre 1585 au prieuré Saint-Cosme.

C’est un des poètes français les plus importants du XVIème siècle et une figure majeure de la littérature poétique de la Renaissance. Ronsard est un poète de la « Pléiade », un groupe de poètes français du XVIème siècle, leur ambition était de renouveler et de perfectionner la langue française et de participer à son émancipation du latin et de participer à l’unification de la France par le biais de la langue française (=but politique).

Il a été l’auteur d’une poésie engagée et officielle dans le contexte des guerres de Religion comme Les Hymnes et les Discours (1555-1564), ou la poésie lyrique avec les recueils Les Odes (1550-1552). De là, il utilise de plus en plus le sonnet (transplanté en France par Clément Marot en 1536). Il est le précurseur d’une langue modernisée et vérifiée qui est le français.

L’utilisation du style imagé, révolutionne le rythme de l’époque en imposant une nouvelle versification, comme son œuvre « Les Odes » qui constitue le début de sa gloire en 1550, qui est :

 - un poème lyrique développant les thèmes de la nature et de l’amour

   - un poème associé aux références de l’Antiquité gréco-latine et à la forme du sonnet.

N- Le livre :

Il provient de « Sonnet pour Hélène », qui est un recueil du poème paru en 1578 (contient 111 sonnets + 4 autres poèmes). Il est le 43ème sonnet du deuxième livre. Ses poèmes sont souvent désignés et titrés par leur 1er vers.

Son poème « Quand vous serez bien vieille » éclipse les autres sonnets par sa célébrité, au point d’être parfois pris pour l’unique « Sonnet pour Hélène ». Ce sonnet "Quand vous serez bien vieille" est extrait du recueil Sonnets pour Hélène publié en 1578. Celui-ci, composé en alexandrins, s'adresse à Hélène de Surgères, une de ses nouvelles amantes. Quand il l'écrit, Ronsard est déjà un poète célèbre.

Dans ce sonnet, Ronsard veut séduire Hélène en lui peignant les conséquences qu'aurait un refus de sa part à ses avances amoureuses.

L’analyse :

N- Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.

Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

O- Je serai sous la terre et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1578

N- Dans ce sonnet, il évoque la jeune femme par un tableau sombre, Il décrit l’avenir d’Hélène et sa vieillesse en utilisant évidemment le temps du futur : « serez », « direz », « aurez », « prendrai » …

Ronsard utilise quelques adjectifs mélioratifs tels que : « belle », « louange immortelle » avec le sentiment du regret : « regrettant mon amour et votre fier dédain ».

Il développe une vision d’une existence monotone, triste, nostalgique, comme pourrait être sa vie sans elle.

Malgré cela, il ne se montre pas dans son grand âge, il ne se décrit pas physiquement mais, il fait allusion à son âge en disant être déjà enterré.

Il veut montrer à Hélène une vision cruelle de son avenir en mettant en valeur son talent poétique, il veut lui faire comprendre qu’elle devrait accepter ses avances pour profiter des moments présents car plus tard, lui sera mort (enterré) et elle, sera vielle.

O- La stratégie de Ronsard est de laisser un portrait négatif d’Hélène en se mettant lui-même en valeur.

Il joue donc sur la pitié d’Hélène, pour lui faire comprendre qu’elle devrait profiter de ces moments présents en lui décrivant son futur, sa vieillesse, pleine de regrets…  et accepter ses avances : « vivez, si m’en croyez, n’attendez demain »

Par continuité, il laisse sous-entendre qu’Hélène le regrettera plus tard si elle n’accepte pas maintenant, car il sera trop tard.

Y- Nous avons ensuite analysé deux extraits du poème :