Rousseau, Confessions
Dissertation : Rousseau, Confessions. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Tassa Schiff • 14 Janvier 2021 • Dissertation • 1 577 Mots (7 Pages) • 772 Vues
Commentaire : Rousseau, Confessions
L’extrait que nous allons étudier est tiré des Confessions de Rousseau, autobiographie publiée entre 1782 et 1789. La scène décrit ici la manière dont Rousseau s’est un jour illustré auprès de Mademoiselle de Breil (dont il est secrètement amoureux) et de sa famille, qu’il sert comme valet. Le registre dramatique est employé ici car il traduit la volonté de l’écrivain de créer une tension et un sentiment d’attente, en structurant son texte autour d’un rebondissement : l’illustration du serviteur auprès de ses maîtres. Il est donc légitime de se demander dans quelle mesure notre texte théâtralise-t-il la revanche de l’écrivain sur l’injustice sociale qu’il a vécue. Afin de répondre à cette problématique, dans un premier temps nous verrons la manière dont Rousseau se met en scène comme un personnage de valet, puis nous étudierons en quoi le texte nous offre la représentation littéraire de l’« inégalité parmi les hommes ». Enfin, nous nous intéresserons à la manière dont Rousseau représente ici la naissance d’un écrivain.
I.
A. Une composition romanesque/dramatique de la scène
I : Nous allons tout d’abord étudier la manière dont Rousseau se met ici en scène comme valet.
A : Pour cela, intéressons-nous en premier lieu à la composition de l’extrait, qui traduit la volonté de l’écrivain de dramatiser la scène.
Argument : En effet, Rousseau ici confère une dimension romanesque à l’anecdote, ce qu’illustre l’évolution du texte, divisé en trois mouvements principaux.
Exemples : Parler des mouvements du texte : évolution entre les mouvements → péripéties, un retournement de situation (ex : passé simple ≠ avant cela : imparfait de narration, qui montre que Rousseau est dans une situation qui n’est pas prête de changer, horizons fermés ; accélération rythme phrase : phrases plus courtes...).
Noter le changement d’attitude de Mlle de Breuil : on passe de « nul » (n’existe pas aux yeux de Mlle) à « levant derechef les yeux sur moi » → regard se pose enfin sur Rousseau, qui existe finalement à ses yeux.
→ Brise le protocole : le valet prend la parole et est enfin regardé.
B.
Par sa position de valet, Rousseau a tout le loisir d’observer le monde qu’il décrit. On pourrait le qualifier d’observateur privilégié notamment à l’égard de Mademoiselle de Breil dont le portrait est décrit de façon très précise dans le texte. En premier lieu Rousseau utilise un procédé courant pour décrire Mademoiselle de Breil, : c’est l’utilisation de nombreux adjectifs qualificatifs comme de la ligne 1 à 6 « jeune », « belle », « blanche », « brune », » « jolie » « éblouissant ». L’utilisation de ces adjectifs qualificatifs nous permettent de nous plonger dans le récit en nous permettant une représentation précise du Portrait de Mademoiselle de Breil tel que se la rappelle Rousseau écrivant. Cette description très détaillée du portrait de Mademoiselle de Breil relève de l’hypotypose , figure de style qui consiste en une description réaliste, animée et frappante de la scène dont on veut donner une représentation imagée et comme vécue à l'instant de son expression. Cette hypotypose se couple au thème central du regard dans l’extrait ce qu’illustre l’isotopie de la vue : « yeux, regard , apercevoir , voyait , regarder » (l.). On le voit ici : Rousseau pose un regard attentif sur son monde, ce que lui permet sa position de valet (il évolue au cœur du commerce familial des De Breuil), mais aussi ses qualités d’écrivain, qui font de lui un fin observateur des hommes.
II.
A.
Rousseau, auteur du Discours de l’inégalité parmi les hommes, nous offre précisément ici une peinture des différences sociales qui président aux rapports entre les hommes. Rousseau se met en scène ici comme un amant éploré, utilisant en cela le topos de l’amour impossible. Thème courant en littérature, ce lieu commun va servir ici à illustrer une problématique d’ordre social. En effet, Rousseau et Mlle de Breuil sont issus de deux milieux sociaux différents et ne peuvent donc se fréquenter. Cet amour impossible est illustré par l’utilisation hyperbolique de l’adverbe « cruellement », qui va servir à la dramatisation des peines amoureuses du narrateur. + commenter : « Que n’aurais-je fait... » : registre lyrique avec exclamation qui dramatisent + « mortification » : hyperbole de l’amoureux souffrant. Ce procédé nous renvoie à la littérature courtoise , puisque les romans de chevalerie qui représente un chevalier fou amoureux de sa dame, et qui souffre et endure des épreuves pou relle. On retrouve cette abnégation du héros amoureux lorsque Rousseau se dénigre au profit de Mademoiselle de Breil, dont il fait un l’éloge dans presque tout le texte. Voir la multiplication d’adjectifs qualificatifs à valeur méliorative [≠ péjoratif : négatif] au début du texte. Rousseau dresse donc un portrait binaire entre une aristocrate décrite sur le mode épidictique [= éloge] et un valet constamment dévalorisé, comme l’illustre la phrase suivante : « analyse de la phrase nul pour elle ». Une nouvelle fois, Rousseau dramatise sa position à travers ici l’emploi de d’adjectif « nul », une image violente pour désigner le néant auquel l’écrivain réduit son existence. Autrement dit, il n’existe même pas aux yeux de mademoiselle de Breil. Ce conflit quasiment antithétique (= opposition entre deux choses : bien/mal...) entre les deux personnages cristallise le conflit social qui oppose les deux protagonistes. À cet effet, la fonction du temps verbal de l’imparfait dans le premier mouvement du texte est intéressante, parce qu’elle est double, comme dans l’exemple suivant : « J’épiais... ». Ici, on peut hésiter entre deux valeurs de l’imparfait : celui d’habitude et celui de narration. Cette ambiguïté nous montre que le fossé qui sépare Rousseau de Mlle de Breuil fait à la fois l’objet d’une dramatisation littéraire (imparfait de narration), mais est aussi le signe d’un conflit social profondément ancré (imparfait d’habitude). Mais la suite du texte nous montre un Rousseau qui, juste que là « nul », par la parole peut enfin exister dans l’espace social.
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