Sonnet les regrets
Commentaire de texte : Sonnet les regrets. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar trottiO • 2 Avril 2020 • Commentaire de texte • 1 526 Mots (7 Pages) • 1 274 Vues
Dans l'Odyssée, Homère trace l'histoire d'Ulysse, qui, étant partit pour la guerre de Troie, revient par la suite sur les terres d'Ithaque. Ainsi, ce périple fût pour sa femme Pénélope et son fils Télémaque huit longues années d'attente. Dans le sonnet 31 de Les Regrets, Joachim Du Bellay évoque dès le premier vers le mythe d'Ulysse, partit loin de son pays et de sa famille : « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage ». Si nous nous penchons sur la vie de Joachim Du Bellay, nous notons des similitudes avec le mythe, car lui aussi partit pendant quelques années loin de ses repères. En effet, il est partit quatre ans, de 1555 à 1558, aux côtés de son oncle à Rome en tant que secrétaire. Les textes des Regrets ont sans doute été écrits lorsque Du Bellay était à Rome, ils auraient été publiés à son retour. Ainsi, le recueil Les Regrets a été rédigé lorsque Joachim Du Bellay était loin de son pays natal. Le sonnet évoque les terres angevines, région où l'auteur possède ses racines familiales, il possède une forte dimension sentimentale et nostalgique, l'auteur regrette sa famille et compare les souvenirs du pays d'Anjou à Rome, qui apparaît alors comme une ville froide et sans âme. L'auteur, étant à Rome lors de l'écriture des sonnets, nous partage sa déception pour la ville de Rome, souvent considérée comme idéale et majestueuse, elle est ici dessinée comme une ville sans intérêt et peu attractive.
Si dans le sonnet nous retrouvons le leitmotiv de la déception du voyage et le sentiment de nostalgie, nous pouvons nous demander de quelle manière l'auteur fait porter le sentiment de rivalité entre Rome et son pays natal ?
L'auteur décrit le voyage comme une expérience personnelle, ouvrant un accès à son histoire et à ses souvenirs.
Dans la majorité des poèmes du recueil Les Regrets, Du Bellay fait référence à des événements personnels, il retrace les expériences vécues au cours de sa vie, c'est le cas dans le poème « Heureux qui comme Ulysse ». A la première strophe, nous notons la référence au mythe d'Ulysse, l'utilisation de la troisième personne du singulier renvoie aux aventures d'Ulysse, parti depuis huit années loin des siens pour combattre. Puis, assez rapidement le « je » de l'auteur vient prendre place, à la deuxième strophe. Le lien entre Ulysse et l'auteur est rapidement fait, notamment avec l'élément de comparaison « comme » au vers 1.
Première strophe = Référence au mythe d'Ulysse. Utilisation de la troisième personne du singulier pour évoquer les aventures d'Ulysse. Puis le « je » de l'auteur suit directement à la deuxième strophe. => expérience ne relève plus du mythe, mais de l'expérience en première personne, autobiographie. Mais aussi des adjectifs possessifs (« mes» vers 9,« mon » vers 13), ainsi que les expressions « ma pauvre maison » vers 7, « mon Loyre Gaulois » vers 12, « mon petit Lyré » vers 13.
Tout d'abord, attardons nous sur l'expression « Quand revoiray-je » au vers 5, qui peut être assez éclairante sur l'état d'âme de l'auteur. Premièrement, l'utilisation du futur nous laisse penser que l'auteur n'est toujours pas rentré chez lui, qu'il écrit ces lignes alors qu'il est toujours sur place, à Rome. L'idée du temps est donc très importante pour l'auteur puisque cela représente pour lui le seul lien qui le garde avec ses origines : bientôt il rejoindra ses proches. L'expression « Revoyrai-je » est répétée à deux reprises dans la deuxième strophe, au vers 7 c'est d'ailleurs un enjambement qui fait résonner la question, ressemblant de plus en plus à une plainte douloureuse. L'utilisation du futur émet l'idée que l'auteur porte son regard vers l'avenir, le présent ne l'intéresse plus et pense à ce qu'il va advenir. Cela traduit alors sa forte déception et sa tristesse quant à son périple. Car même si le voyage apparaît au premier vers comme une expérience plutôt positive « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage », le souhait de revoir les siens est directement annoncé dès la strophe suivante : « Quand revoiray-je, helas, de mon petit village […] Qui m'est une province, et beaucoup d'avantage ? » vers 5 à 8. Le temps semble donc être un réel problème pour l'auteur : les expressions comme « Quelle saison » (vers 7) sont des repères temporels qui viennent accentuer l'impatience de l'auteur. D'ailleurs, le voyage d'Ulysse décrit à la première strophe contient en elle-même les mots « a fait » (vers 1) et « est retourné » (vers 3), traduisant ainsi le trajet logique d'un voyage : il va pour ensuite revenir, c'est la suite logique d'un départ, puisque c'est la « raison » qui motive son retour (vers 3).
Du Bellay est connu pour porter des valeurs humanistes au travers de ses poèmes, ainsi le thème du voyages a inspiré de nombreux humanistes. Ce courant a hérité d'une culture antique et mythologique très forte : la présence des références mythologiques ne sont donc pas ici par hasard. Tout d'abord, la référence à l'Odyssée d'Homère est très claire, le voyage d'Ulysse pour retrouver les siens résonne très fortement dans le premier vers : « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage ». Mais nous pouvons également noter la référence à l'épisode de la Toison d'or. En effet, même s'il n'est pas clairement nommé, nous pouvons deviner que Du Bellay dans l'expression « Ou comme cestuy là qui conquit la toison » veut parler de Jason. Ainsi, dans la première strophe le voyage s'apparente à un périple initiatique, ou la « raison » serait un facteur de départ. La notion d'« aage » est aussi a noter, car elle signifie que le voyage serait un moyen d'acquérir de la maturité, dans la définition même de ce qu'est le voyage initiatique : permettre à l'individu de découvrir et de se découvrir. En plus, l'effet de rime entre les mots « voyage »
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