Tristan et Iseut

Ni Vivre ni Mourir sans Toi

Dans Le Roman Tristan et Iseult (1170), Normand Béroul illustre les stratégies politiques, la puissance du système féodale, et le fin'amor du 12ème siècle à travers la dangereuse histoire d’amour de Tristan et Iseult. À cause du philtre d’amour, la tendre dévotion féodale et loyauté que Tristan éprouve pour son suzerain sont redirigées à l'amour courtois pour Iseut. La passion que le couple subit est artificiel grâce au élixir qui suscite un désir irrésistible et incontrôlable l’un pour l’autre dont ils ne savent comment ni veulent pas maîtriser. En transgressant le devoir féodal et les codes sociaux afin de consacrer leur fidélité à l’amour entre eux, le couple consciemment créent leurs propres pièges mortels en allant contre le roi et engendrant le chaos total peu importe la situation. Ainsi, leur l’amour est un idéal inaccessible, en le rendent encore plus désirable, qui les provoque à agir d'une façon irrationnelle ou exagérée et les amène finalement vers le malheur. La fusion entre les deux amants est seulement possible dans la mort, renforcent la nature destructrice et fatale de leur état. En analysant la progression et les obstacles qui élèvent le prix de leur passion, on exposera son essence non naturelle et toxique qui provient de leur amour de l’amour au lieu de l’amour entre eux-mêmes en les poussant à inventer des tourments seulement pour garder leur désir en vie.

Avant d’avoir bu le philtre, l'amour pour son roi, son honneur, et sa gloire étaient tout ce qui comptait dans la vie pour Tristan. Son indifférence vers Iseut, même après avoir lui sauver la vie deux fois, est claire, en démontrant qu’il n’y avait même pas une étincelle entre eux qui aurait pu susciter de l’affection. Car Iseut le repousse et le haine puisque dans ses yeux Tristan n’est qu'un “ravisseur, … le meurtrier du Morholt; … [qui] avait arraché par ses ruses à sa mère et à son pays” (41). Donc, l'occasion pour l'amour de s'épanouir entre eux n'était pas possible. Cette opposition est même évidente après qu’ils ont bu l'élixir, soulignant que les émotions amoureuses déroulent contre la volonté des amants. Par exemple, Iseut avoue qu’elle “voulait le haïr, et ne pouvait, irritée en sa cour de cette tendresse plus douloureuse que la haine” (43). En s'abandonnant aux effets de la potion, le couple accepte volontiers “l’amour et la mort,” qui préfigure leur destin tragique. (46)

Quand ils fuient dans la forêt du Morois, Tristan et Iseut peuvent finalement vivre ensemble parce que “la puissance de leur amour” permettait que “ni l’un ni l’autre ne tirent sa misère” (94). Néanmoins, la visite du roi les a ému et ils ont décidé de retourner au palais. Cette séparation démontre qu’ils