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A une robe rose Théophile Gautier

Dissertation : A une robe rose Théophile Gautier. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  20 Novembre 2021  •  Dissertation  •  1 983 Mots (8 Pages)  •  1 565 Vues

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La femme est un thème récurrent de la poésie depuis ses origines; celle-ci est le plus souvent décrite par sa beauté et son mystère. Théophile Gautier, à la fois poète et peintre, reprend cette inspiration dans «A une robe rose» issu du recueil Emaux et Camées publié une première fois en 1853 puis enrichi de nouveaux textes dans 3 éditions successives. Proche des Romantiques, il souhaite soustraire la poésie à toute intention politique ou aux épanchements trop lyriques pour privilégier la perfection formelle; il devient alors le précurseur du Parnasse.Le poème étudié, composé de 8 quatrains d'octosyllabes en rimes croisées, fait l'éloge d'une robe rose. Ce vêtement est décrit comme l'écrin d'une femme à la beauté idéale, digne d'une œuvre d'art mais aussi comme une enveloppe sensuelle. Nous nous demanderons donc si l'intention du poème est simplement contenue dans le titre choisi . Dans un premier temps, nous nous intéresserons au double éloge présenté par le poème puis nous analyserons les relations entre le poète et son sujet.

Théophile Gautier dresse l'éloge d'une femme vêtue d'une robe qui la sublime. Le poème présente une double évocation élogieuse,celle d'une robe, annoncée par le titre, mais aussi celle de la femme qui la porte. Théophile Gautier mène donc deux descriptions, parfois parallèles parfois se confondant l'une avec l'autre. On observe dans un premier temps que le titre est dédié à la robe et non à la femme. Pourtant dès le vers 1, les deux sont évoquées par l'emploi du pronom personnel «tu » et celui du substantif»robe». On remarque aussi une alternance dans le premier quatrain, entre les vers 1 et 3 consacrés à la femme , les vers 2 et 4 à la robe alors que le vers 9 mêle peau et tissu avec «épiderme» et «soie». Par ailleurs le choix de la couleur est intéressant car le rose peut renvoyer au tissu du vêtement comme à la chair de la femme, tout comme le mot « bouton« au vers 18 qui désigne le mamelon mais peut renvoyer au bouton de la robe. Très rapidement en fait, le poème mêle les deux sujets car la robe met tout simplement le corps de la femme en valeur jusqu'à la confusion physique avec «robe [ ...] faite de ta chair» aux vers 13 et 14, avec le verbe «renvoyer» au vers 11 et avec «teinte ds ta pudeur» aux vers 20 et 21. On note d'ailleurs au vers 7, la personnification du tissu avec le terme» caresse», puis au vers 15 avec « trame vivante » et enfin « tunique de baisers » au vers 32 . L'association entre «étoffe» et «pudeur» est aussi la traduction d'une émotion ou d'un sentiment, le tissu n'est donc plus simplement un objet mais est un élément du corps de la femme et ressent des émotions ou les traduit.

D'autre part, la robe comme la femme qui la porte sont décrites comme parfaites. On relève plusieurs comparaisons mélioratives telles que celle avec Vénus au vers 17, personnage mythologique dont le poète évoque la naissance extraordinaire avec le mot «coquille», la femme est donc divinisée. Par ailleurs, le vocabulaire avec «beauté» au vers 8 puis le terme «splendeur» au vers 24 qui illustre une perfection aboutie et moins banale est élogieux. La perfection s'exprime aussi dans les effets d'harmonie sonore. Le poème est écrit selon un rythme régulier et mélodieux grâce aux rimes croisées et aux vers homométriques. Le vocabulaire employé crée aussi une harmonie visuelle par l'évocation de la lumière et de couleurs notamment avec la rime entre « reflétés» et «argentés» aux vers 10 et 12 et «chair et «clair» aux vers 14 et 16 mais aussi avec le champ lexical de la couleur composé des mots «rose», «rose thé», «vermeille», «chair» aux vers 6,11,14,16 et 21 et celui de la lumière avec «clair», argentés » et »reflétés» aux vers 10,12 et 16 .Il faut noter que ces termes renvoient autant à la femme qu'au vêtement.

On peut d’ailleurs se demander si à travers cet éloge, l’auteur ne rend pas un hommage indirect à la princesse Borghèse. En effet plusieurs éléments du poème pourraient suggérer un portrait en creux de Pauline Bonaparte qu’on surnommait Vénus après qu'elle avait été représentée par le sculpteur Canova dans une position très sensuelle. Le vocabulaire de la nudité avec «nu», «chair», « épiderme», « peau» et «déshabiller» aux vers 2,4,9, 14 et 16 associé à celui du tissu avec «tissu»,«étoffe» et »voile»aux vers 7,21 et 25 rappelle tout à fait la statue de Canova pour laquelle Pauline Bonaparte apparaît le torse dénudé et le bas du corps pris dans une étoffe comme pourrait l’expliciter le vers «jetant le voile qui te pèse» .

Enfin le poète loue la sensualité de la femme mise en valeur par la robe. On relève tout d'abord un champ lexical du corps très présent avec les termes «bras», «sein», «gorge», «chair»,» peau»et «épiderme»aux vers 3,4,9, 11et 16 qui ont pour la plupart une connotation sensuelle voire sexuelle ou encore la métaphore « coquille de Vénus » au vers 18 qui désigne la sexe de la femme. Par ailleurs les sonorités sifflantes suggèrent la sensualité du tissu donc de la femme avec notamment «tissu», «caresse», «frissons», «glissent», «désirs, «rose», «soie», «baisers» aux vers 7,9,10,12,16,29 et 32 auxquels s'ajoutent les effets de liaison notamment aux vers 10 et 30. Plusieurs sens sont représentés et ainsi définissent la sensualité de la femme ; l'ouïe est évoquée avec les termes» abeille» et «glissent» aux vers 5 et 10; le toucher avec «frais»,«soie»,«caresse»,»lèvres», «baisers» aux vers 6,9,7,29 et 32 ;la vue avec les notions de couleur telles

que «rose», «teinte»,«tons»,» rose clair»,»rose thé»et «rose clair» aux vers 6,12,16,20 et 21. La sensualité tient aussi aux mouvements gracieux que fait la robe autour du corps de la femme . On relève ainsi les termes « voltiger», «jaillir», «caresse», «glissent», «modelée», «jeter» aux vers 7,8,10,22 et 25. Enfin la sensualité de la femme est présentée comme audacieuse , notamment pour l'époque, par l'expression de la nudité dès le début du poème avec le terme «nu» qualifiant le bras aussi associé à l'adjectif «païen». Cet adjectif indique une attitude sans doute provocatrice de la femme, en tout cas selon les codes moraux et religieux de l'époque. On retrouve cette idée au vers 25 avec l'expression «jetant le voile» puisque la femme sujet du verbe «jeter» Ce portrait est donc une véritable ode à une femme sublimée par une robe qui la rend superbe et désirable mais au delà de cette description élogieuse le poète exprime une relation multiple avec celle qu'il décrit.

Le poète est dans un premier temps émerveillé par la beauté de la femme qui l'étonne et l'intrigue en même temps. Le poème débute par une phrase exclamative qui traduit un émerveillement spontané. Cet émerveillement comme nous l'avons vu précédemment est évidemment traduit par une importance accordée aux termes mélioratifs et par la comparaison à l'art. Mais les strophes 4, 5 et 6 formulent trois questions qui prouvent que cette femme reste un mystère, mystère traduit par ailleurs par les termes «étrange» au vers 13, «semble» au vers 14 et «inconnus» au vers 19. Face à

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