Anne Frank

noms ont été modifiés), qu’ils se réfugient dans l’Annexe, une pièce secrète en retrait des bureaux de la société d’Otto Frank, son père. Là sont entassées des réserves de nourriture et de fournitures diverses. Plusieurs employés de l’entreprise les ont aidés non seulement à se cacher, mais leur ont aussi fourni des médicaments, de la nourriture et des nouvelles du monde extérieur pendant tout ce temps.

Le 6 juillet 1942, la famille doit s’installer définitivement dans l’Annexe. On laisse leur appartement en désordre pour faire croire à une fuite soudaine.

Dans l’Annexe, les occupants des lieux suivent l’évolution de la guerre à la radio. Quelques unes des informations retiennent tout particulièrement l’attention d’Anne, c’est pourquoi on les retrouve dans son journal. Cela permet de nous fournir un aperçu précis du contexte historique, mais aussi de ses pensées intimes. Les adultes font des paris optimistes quant à la fin de la guerre, mais leur moral prend un coup sévère lorsque les Alliés sont défaits par les avancées allemandes. Amsterdam est dévastée par la guerre pendant les deux années d’enfermement de la famille Frank. Les habitants de la ville souffrent de plus en plus, car la famine guette et les vols se multiplient.

Anne écrit souvent sur ses sentiments d’isolement et de solitude. Ses relations avec les adultes de l’Annexe sont tumultueuses, en particulier avec sa mère, qu’elle estime froide et dépourvue d’affection. En revanche, Anne adore son père ; mais elle est fréquemment critiquée ou réprimandée par M. et Mme Van Daan. Avec sa sœur Margot, la relation évolue. Au départ, bien qu’elle pense que sa sœur est intelligente, jolie et agréable, elle ne ressent pas de connexion particulière avec elle. Mais peu à peu, un lien inattendu se crée entre les sœurs.

De plus, Anne se lie d’amitié avec le timide Peter Van Daan (le fils des Van Daan, âgé de 16 ans), avec qui elle finit par avoir une relation. M. Frank n’approuve toutefois pas cette histoire, et l’engouement d’Anne pour le jeune adolescent finit par s’affaiblir.

Anne mûrit énormément pendant toute la période que couvre son journal. Des activités quotidiennes basiques, elle passe à une écriture plus profonde de ses sentiments et réflexions sur l’humanité et sa propre nature humaine. Il lui est difficile de comprendre pourquoi les Juifs sont persécutés. Cela la confronte notamment à sa propre identité. Par exemple, bien qu’elle se considère Allemande, sa citoyenneté lui a été enlevée et, alors qu’elle voit la Hollande comme sa maison, la plupart des Hollandais se sont retournés contre les Juifs. Dès lors, Anne développe un fort sentiment de solidarité avec son peuple persécuté, mais dans le même temps, elle veut qu’on la considère comme un individu, plutôt que comme membre d’un groupe victime.

Les deux années rapportées par le journal sont synonymes pour Anne d’enfermement et de privations ; cela rend plus difficile encore le passage à l’adolescence et la perspective de l’âge adulte, encadrés par la brutalité de l’Holocauste. Son Journal décrit ainsi la lutte qu’elle mène pour se trouver, au beau milieu d’un climat d’oppression et de violence.

Le Journal d’Anne s’achève brutalement le 1er août 1944, après une journée en apparence normale, qui nous laisse nous attendre à une suite dans les pages suivantes.

Mais la famille Frank est dénoncée aux Nazis et arrêtée le 4 août 1944, et l’Annexe est découverte par les services de sécurité de la police allemande, sans que l’on n’ait jamais identifié la personne qui les a trahis.

Otto Frank est le seul à survivre, et il récupère le journal de sa fille. Il décide d’exaucer le vœu de la jeune fille en le faisant publier. Le Journal d’Anne Frank devient un témoignage d’horreur et de dénonciation de l’Holocauste, et l’un des rares documents présentant la perspective d’une adolescente.

Dans la mesure où ce journal est le véritable compte-rendu d’une existence réelle, on ne peut l’analyser selon les critères d’une œuvre de fiction ou d’un roman. Certains passages sont par exemple destinés à tous les lecteurs, tandis que d’autres sont clairement privés. L’analyse de l’œuvre passe donc par son contexte historique, mais aussi par l’idée de l’écriture d’une jeune fille.

II- PRESENTATION DES PROTAGONISTES

Anne Frank

La jeune fille est née le 12 juin 1929 à Francfort, en Allemagne. Elle a quatre ans seulement lorsque son père cherche en Hollande un refuge pour protéger sa famille. Très intelligente et perspicace, Anne rêve de devenir écrivain. Le Journal retrace son évolution personnelle, d’une jeune fille innocente et précoce à une adolescente de quinze ans pleine d’esprit et empathique.

Anne Frank meurt du typhus dans le camp de concentration de Bergen-Belsen en février ou mars 1945.

Margot Frank

La sœur aînée d’Anne Frank a seize ans lorsque s’ouvre le journal. Elle est calme, studieuse et humble, toujours prête à satisfaire les attentes des adultes de son entourage. Les deux sœurs se disputent souvent, car Anne est vue comme la plus rebelle des deux. Nombre de personnes ont en tout cas vu en elle un modèle d’émulation pour la cadette. Margot est la première à être appelée par la Gestapo à Amsterdam. C’est cela qui force les Frank à se cacher. Elle meurt quelques semaines avant Anne, dans le même camp de concentration.

Otto Frank

Le père d’Anne et de Margot est originaire d’une famille aisée, et a passé la plupart de sa vie en Allemagne. Lorsqu’Hitler parvient au pouvoir en 1933, Otto déménage avec sa famille avec l’espoir d’une vie meilleure aux Pays-Bas. Là, il travaille chez Opekta Works, une entreprise spécialisée dans la pectine de fruits. Puis les Nazis envahissent la Hollande, ce qui pousse Otto à s’organiser pour cacher sa famille dans l’immeuble où il était auparavant employé (puisqu’il n’a désormais plus le droit de travailler avec des non-Juifs).

Anne chérit son père ; elle le voit comme son sauveur et son confident dans l’Annexe. Il est le seul, au final, à survivre à la guerre. C’est lui qui fera paraître le journal de sa fille. Il meurt au début des années 80.

Edith Frank

La mère d’Anne est originaire d’Aachen, en Allemagne, et épouse Otto en 1925. Elle s’entend mal avec sa fille, car Anne lui reproche d’être trop distante et de cacher ses sentiments. Leurs relations sont donc tendues la plupart du temps.

Edith décède de faim et d’épuisement à Auschwitz, au mois de janvier 1945.

M. et Mme Van Daan

Leur véritable nom était Van Pels. La famille Van Daan/Van Pels est composée de Hermann, Augusta (rebaptisée Petronella) et de Peter, leur fils âgé de 16 ans avec qui Anne entretient une brève idylle adolescente. Anne ne s’entend pas avec M. et Mme Van Daan. Le premier meurt gazé à Auschwitz, tandis que Mme Van Daan décède à Belsen.

Albert Düssel

De son vrai nom Fritz Pfeffer, M. Düssel est un ami dentiste des Frank, qui se cache avec eux. Anne a du mal à avoir de bonnes relations avec lui, car elle est obligée de partager la même chambre et ne supporte plus ses habitudes et ses lectures. Il meurt au camp de Neuengamme.

Les personnes ayant aidé les réfugiés de l’Annexe pendant tout ce temps, au péril de leur vie, sont :

M. Kugler, Miep Gies et son mari, Johannes Kleinman, Bep Voskjuijl et son père.

III- AXES D’ANALYSE DE L’ŒUVRE

Maturité et identité

Anne ne cesse, tout au long de son Journal, de s’interroger sur son identité, sur le type de personne qu’elle pense être. Comment doit-elle se placer par rapport à ceux qui souffrent à l’extérieur ? Est-elle égoïste et puérile? Et surtout, comment interpréter le fait que les Allemands l’ait rejetée simplement parce qu’elle est Juive? Ce genre de questions ne cesse d’agiter ses pensées et rappelle qu’il s’agit bien du témoignage d’une adolescente.

Anne ne trouve aucune réponse facile à ses interrogations, mais elle s’en sert pour se définir et définir qui elle veut devenir plus tard.

Cette perspective rejoint celle, plus large, du passage à l’âge adulte. Anne, en tant qu’adolescente et malgré le contexte de la guerre, se bat avec des problèmes typiques de l’adolescence : trouver sa place dans le monde des adultes, gérer sa sexualité, trouver sa propre identité, son espace personnel avec un peu d’intimité. Vers la fin du journal,