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Baudelaire, le spleen de paris, le port

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de "élancées". Triple répétition rythmant la fin du poème : "de ceux qui […] de ceux qui […] de ceux qui".

Le port ainsi décrit par Baudelaire n’est cependant rattaché à aucun lieu géographique connu ; il s’agit donc d’un port imaginaire, d'un espace créé par le poète et répondant aux aspirations de son âme.

II – Le port, source d'évasion pour l’artiste en mal d'inspiration

En caractérisant un port abstrait issu de son imagination, Baudelaire invite le lecteur à entrer dans son univers poétique.

Le port, source d'inspiration : lieu de contemplation. Il y a ici le lexique du regard : « amuser les yeux », « contempler », des effets de lumière et de reflets : "colorations changeantes", "scintillements des phares", un effet d'optique : transformation du regard à travers "un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser". L’Idéal baudelairien du regard est transformé par un prisme (cf. Les Fenêtres, Le Mauvais vitrier, par exemple). Le port, source d'inspiration : lieu de mouvement. "Architecture mobile des nuages" + "colorations changeantes de la mer" + "oscillations harmonieuses" entretiennent le goût du rythme et de la beauté. Effets rythmiques évoquant le flux et le reflux de la mer. Dans la 2e phrase : rythme binaire de l'énumération ; l'asyndète renforce cette impression. Même impression avec l'expression : "ceux qui partent" (flux) et "ceux qui reviennent" (reflux).

On a ainsi montré que les caractéristiques mises en avant par le poète définissent un cadre idéal, propice à éveiller l’inspiration créatrice. Or, perçus en creux, ces éléments révèlent également un certain malaise, fait de solitude et de résignation.

III. Le poète, un être en marge, entre terre et mer

Même si ce n’est pas explicite, l’âme évoquée à deux reprises par Baudelaire dans ce poème définit implicitement celui qui a si diversement exprimé sa "fatigué des luttes de la vie".

On a ici un esthète marginal, évocation d’un plaisir "mystérieux et aristocratique" à contempler le port = caractéristique du voyant à qui il est donné de voir ce que les profanes ne peuvent percevoir, ni comprendre. Il se distingue par sa singularité (cf. le jeu du singulier au pluriel dans les pronoms démonstratifs : "celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition" se distingue de "ceux qui partent", reviennent, et se distingue surtout de "ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir").

Un artiste en proie au spleen, d’où un vision pessimiste (cf. négations) : même si elle évoque une certaine alchimie ("merveilleusement", "mystérieux") qui rend la création possible (l'existence de ce poème l'atteste !), il en ressort que le poète ne fait pas partie du voyage, que lui n'a plus le désir de voyager ou de s'enrichir. Le port est une métaphore de cette ouverture vers un ailleurs fécond qui permettrait de s'enrichir, mais le poète reste "couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle", il reste à terre, contrairement à ceux qui partent. C’est un poète amer, sans espoir, avec une attitude nonchalante. On est dans le spleen, humeur noire.

On a donc un espace emblématique de la poésie baudelairienne, le port représente aux yeux de l’artiste le point de rencontre, entre fixité et mobilité, des éléments propres à éveiller l’inspiration : la mer, le ciel, la terre. Dans cette pièce, le poète décrit un port idéal concrétisé par des références connues du lecteur, mais surtout par la musicalité

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