Chimères et Illusions chez la Fontaine

Introduction

Nous allons traiter le sujet des chimères et des illusions en nous intéressant à 5 fables que l’on va résumer rapidement. La Laitière et le Pot au lait met en scène Perrette, qui s’apprête à vendre son lait et qui s’imagine déjà la richesse qu’elle va pouvoir se faire avec, sauf qu’elle finit par renverser le lait. Ensuite, Le Curé et la Mort parle d’un curé qui trouve un mort et qui va l’enterrer tout en se réjouissant d’avance des bénéfices qu’il se fera, mais le cercueil du mort lui tombe dessus et il se fait donc briser le crâne, ce qui cause sa mort. Puis, l’Homme qui court après la Fortune, et l’Homme qui l’attend dans son lit parle d’un homme qui parcourt le monde pour trouver la Fortune tandis que son ami l’attend dans son lit. L’homme revient après avoir compris que son voyage était inutile et retourne dans son village où il voit la Fortune à la porte de son ami endormi. Quelle conception de l’illusion et des chimères nous est proposé par La Fontaine ?

Axe 1 : Illusions et chimères indispensables à l’Homme

Certes, La Fontaine nous montre que les illusions et les chimères sont indispensables à l’Homme. En effet, dans la morale de la Laitière et le Pot au Lait, il nous montre bien que personne ne peut s’empêcher de rêver, de poursuivre ses chimères et que c’est presque une nécessité pour l’Homme. On le voit lorsqu’il dit : « Quel esprit ne bat la campagne ? Qui ne fait châteaux en Espagne ? » qui sont deux questions rhétoriques comportant deux expressions (battre la campagne qui signifie le fait de divaguer, de délirer et faire châteaux en Espagne qui signifie le fait d’avoir des projets illusoires). Ces deux questions nous montrent la logique d’avoir des chimères. Il insiste vraiment sur le fait que ce soit normal en disant : « Autant les sages que les fous. Chacun songe en veillant, il n’est rien de plus doux ». L’antithèse entre « sages » et « fous » nous montre que tout le monde aime rêver et se faire des illusions et qu’il n’y aucune différence à ce niveau-là malgré l’appartenance à des classes sociales distinctes par exemple. Le pronom « chacun » implique tout le monde dans son affirmation. Et en disant « il n’est rien de plus doux », La Fontaine a l’air de défendre les chimères en admettant les plaisirs qu’ils peuvent nous procurer. Ensuite, dans l’Homme qui courait après la Fortune et l’Homme qui l’attendait dans son lit, La Fontaine nous rappelle encore une fois par une question rhétorique que l’Homme ne peut s’empêcher de s’illusionner et que c’est dans sa nature : « Qui ne court après la Fortune ? ». Elle désigne de façon allégorique la poursuite de la chance et de la richesse par l’Homme qui en veut toujours plus. Puis, la morale du Statuaire et de la statue de Jupiter nous montre que l’Homme est en fait attiré par les chimères et

donc par les mensonges. La Fontaine y dit « L’homme est de glace aux vérités ; Il est de feu pour les mensonges ». On observe un parallélisme de construction qui met en évidence l’antithèse entre les mots « glace » et « feu » et « vérités » et

« mensonges ». La Fontaine utilise également deux métaphores contraires (« être de feu » et « être de glace ») pour nous montrer que l’Homme préfère aller vers chimères plutôt que vers le concret. On voit alors la complexité de l’Homme vis-à- vis des illusions et des chimères puisqu’il aime se mentir à lui-même. On le remarque d’ailleurs dans le Rat et l’Huître, où le rat se fait des illusions en se croyant être savant et donc supérieur aux autres alors qu’il est tout à fait ignorant dans le monde qu’il découvre. Il passe même pour un pédant et devient vaniteux mais ses illusions lui font dire des mensonges. Enfin, encore dans la morale de la Laitière et le Pot au Lait, la Fontaine nous avoue que lui-même rêve de richesse et de popularité bien qu’il redevienne, comme il le dit, « Gros Jean comme devant » qui est une expression indiquant ici qu’il se retrouve bête après être retourné dans la réalité puisqu’absolument rien n’a changé.

Axe 2 : Mais, chimères et illusions qui peuvent être condamnables

1. Le Curé et le Mort

– le curé se réjouit d’enterrer un mort pour en tirer de l’argent mais finit par mourir assommé par le cercueil de ce dernier : il paie de ses actes, subit les conséquences de ses rêves immoraux.

– lien avec la Laitière : La Fontaine effectue lui-même le lien avec la Laitière et le pot de lait : elle et le curé se sont tous deux accrochés à un rêve trop précipité qui s’est brisé.

2. L’homme qui court après la Fortune et l’homme qui l’attend dans son lit

– l’homme cherche sans répit la Fortune, après qui il court à travers le monde,

alors que son ami lui avait préféré attendre.

– « l’ambitieux, on si l’on veut, l’avare » l’appellation « l’avare » renvoie au péché et au vice = démontre que nos illusions nous conduisent vers le vice. La Fontaine appuie ce côté malsain des rêveurs/illusions en faisant référence au péché capital.

– possibilité de diérèse (appuyer sur