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Commentaire acte IV scène 3 Dom Juan

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Par   •  19 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  2 200 Mots (9 Pages)  •  5 017 Vues

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Commentaire Acte IV, Scène 3 Dom Juan

Au XVIIe siècle, la littérature associe l’argent au bas et est absent des grandes tragédies de Corneille ou de Racine, mais si cet argent est absent dans la tragédie, il en va différemment dans la comédie qui elle a pour topos ce thème.

Molière, grand auteur de comédie du XVIIème siècle va aborder ce thème dans l’une de ses œuvres les plus célèbres : Dom Juan, œuvre narrant les aventures du personnage éponyme utilisant ses talents de séducteur pour aller de conquête en conquête. Sa première représentation a lieu le 15 février 1665.

Dans ce passage, Dom Juan accueille, chez lui, M. Dimanche, un créancier venant réclamer son argent mais Dom Juan va utiliser ses talents de séducteur pour mettre à la porte M. Dimanche sans jamais avoir à entendre la requête de celui-ci.

Nous allons nous demander comment, à travers une scène comique, Molière traite de diverses questions sociales de son époque.

Dans une première partie nous aborderons l’aspect comique de cette scène et ses différents procédés.

Puis nous montrerons en quoi Dom Juan est un grand acteur.

Et enfin nous verrons le rapport inégal qu’entretiennent les deux personnages de la scène.

Alors que l’œuvre de Molière s’inscrit dans le registre de la tragi-comédie, cette scène relève, elle, uniquement du registre comique. Elle est destinée à amuser les spectateurs grâce à différents procédés utilisés tout le long de celle-ci :

Tout d’abord, on peut observer un comique de situation, les rôles de Dom Juan et M. Dimanche s’inversent : le débiteur, Dom Juan, est à l’aise alors que le créancier, M. Dimanche, est gêné et ne trouve pas les moyens de réclamer son argent. En temps normal, l’inverse aurait été plus probable : celui qui doit rendre l’argent devrait être intimidé face à celui qui lui en prête, car ce dernier est légalement en position de supériorité. L’amabilité de Dom Juan est excessive, il fait comme s’ils étaient amis de longue date : il veut que le marchand soit bien installé, il lui parle de sa famille (un sujet très personnel), il lui propose même de diner avec lui. Cette amabilité exagérée déconcerte M. Dimanche qui se voit obligé de remercier le séducteur à plusieurs reprises « nous vous sommes, Monsieur, infiniment obligés » « Vous avez trop de bonté pour moi ». M. Dimanche est dans une situation inhabituelle, presque désagréable, qui amuse le spectateur. Dom Juan est aussi d’une gentillesse surprenante, il complimente le créancier avec l’accumulation « Vous avez un fonds de santé admirable, des lèvres fraîches, un teint vermeil, et des yeux vifs » mais aussi sa famille. Dom Juan utilise d’ailleurs une hyperbole hypocrite en parlant de la fille de M. Dimanche : « Je l’aime de tout mon cœur », de plus le spectateur sait comment Dom Juan aime et ce n’est pas forcément de manière admirable. Le malaise de M. Dimanche est renforcé avec le comique de geste, Dom Juan exagère ces gestes de civilités : il lui tend la main et va jusqu’à se lever pour faire partir M. Dimanche. Finalement même si Dom Juan affirme qu’il ferait tout pour M. Dimanche avec la phrase « Il n’y a rien que je ne fisse pour vous », il ne paiera ce dernier que par ces mots.

Ensuite, on peut noter la présence d’un comique de répétition dans la scène, M. Dimanche tente à maintes reprises d’exprimer ses intentions, avec ces phrases débutées par la première personne du singulier : « Je suis venu... » ; « Je vous... » mais Dom Juan lui coupe systématiquement la parole, ce qui est représenté par la présence de nombreux points de suspension : « Je… » « Je venais… », on ne compte pas moins de dix répliques se terminant par ces points de suspension (sur quinze répliques de M. Dimanche). Lorsque Dom Juan l’interrompt c’est pour lui parler d’un autre sujet qui relève, lui aussi, du comique de répétition, la famille de M. Dimanche, ainsi le séducteur va interroger le marchand sur sa femme, sa fille, son fils, son chien, en répétant à deux reprises la formule « comment se porte » en parlant de la mère et de la fille, et à deux autres reprises la tournure « [verbe]-t-il toujours » en parlant du fils et du chien. De plus, Dom Juan répète à quatre reprises l’adjectif petit en qualifiant la fille, le chien et le fils.

On observe un comique de mot, dans une Sicile italienne où tous les noms semblent sonner la Méditerranée : Dom Juan, Dom Elvire ou encore Sganarelle ; le nom Dimanche y fait exception, par ailleurs ce nom semble paradoxal : Dimanche est le jour du seigneur, or associer l’église et l’argent est très mal vu car le clergé attache une très grande importance au vœu de pauvreté et proscrit le prêt d’argent. Le nom du chien : « Brusquet », peut laisser entendre « brusque », un adjectif péjoratif. Le champ lexical de la religion est très présent : « prie » ; « bonté » ; « grâce » ; « croire ». Ce champ lexical peut amuser lorsqu’on connait la relation qu’a Dom Juan avec l’église. La répétition de l’adjectif « petit » par Dom Juan montre à quel point il ne se fatigue pas à chercher d’autres formulations pour qualifier les membres de la famille du créancier, adjectif ne voulant pas seulement désigner la taille mais aussi l’importance qu’ils ont aux yeux de Dom Juan : une importance minime.

Ainsi, grâce à différents procédés typiques du comique, la scène a pour but d’amuser le spectateur.

Une partie de ce comique est créée par Dom Juan, au XVIIe siècle, le comique désignait toute pièce de théâtre, Dom Juan est donc acteur de cette scène.

Un séducteur étant avant tout un bon orateur, Dom Juan ne fait pas exception à la règle et va parler avec un choix particulier pour chaque mot pour exprimer notamment de l’ironie. Il va jouer avec les sonorités, dans l’allitération implosive en b « Et le petit Colin, fait-il toujours bien du bruit avec son tambour ? », phrase qui semble d’ailleurs ironique au dépend de M. Dimanche mais que le spectateur comprend. Lors de la phrase « Et cela sans intérêt, je vous prie de le croire » Dom Juan va d’abord exprimer de l’ironie car il ne pense absolument pas ce qu’il dit. De plus il utilise le champ lexical de la religion « prie » « croire », religion dont il se moque complètement indiquant encore une fois son ironie. On peut aussi noter la polysémie du mot « intérêt » : mot qui signifie le souci qu’il porte pour la famille du marchand mais aussi, la somme qu’une personne paie au créancier en rémunération de l'usage de l'argent prêté. Ici, Dom Juan fait un clin d’œil que le spectateur peut comprendre mais dont M. Dimanche ne voit rien.

Dom Juan cherche à établir une certaine proximité avec son créancier, en prenant notamment des nouvelles de la famille de M. Dimanche. Il montre de l’affection envers les membres de la famille de M. Dimanche, ce que l’on peut par exemple noter avec l’hyperbole « Je l’aime de tout mon cœur » lorsqu’il parle de la fille du marchand, Claudine. Affection qui semble d’ailleurs très hypocrite en particulier lorsqu’il dit « Ne vous étonnez pas si je m’informe des nouvelles de toute la famille, car j’y prends beaucoup d’intérêt », phrase que l’on pourrait qualifier d’antiphrase car le spectateur comprend aisément que Dom Juan ne pense absolument pas ce qu’il dit. Il va aussi mettre M. Dimanche sur un piédestal en lui demandant de s’assoir à côté de lui sur un fauteuil, comme si ce dernier considérait le marchand comme un ami et une personne de sa classe sociale.

Dès le début de la scène, Dom Juan pose ses conditions avec la phrase « Je ne vous écoute

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