Commentaire littéraire : le chant de l'Automne, Charles Baudelaire

Commentaire littéraire le Chant de l’Automne

                L’auteur du poème auquel je vais m’intéresser est Charles Baudelaire, qui a vécu sous la monarchie de 1830 à 1849, la Restauration avant 1830, ensuite la Seconde République et le  Second Empire. Il tombe amoureux de Jeanne Duval, une danseuse, ce qu’on peut replacer dans le contexte où certains de ses poèmes sont rythmés d’une danse sensuelle entre un homme et une femme. Grâce à ce détail, on peut supposer qu’il parle de lui-même (en raison de sa subjectivité), et de Jeanne, qui est sa muse et son égérie.  Ses œuvres les plus remarquables écrites à ce jour sont sans conteste Les Fleurs du Mal et le Spleen de Paris.

Nous allons nous intéresser au « Le chant d’Automne », c’est un poème et un chant plaintif qui est publié en 1857 où l’auteur s’inscrit tout particulièrement car il y a subjectivité comme on peut le lire au vers trois « J’ » ;  vers huit « Mon cœur », vers neuf « J’ », vers onze « Mon esprit ». Les vers sont composés de 4 quatrains, en alexandrins avec des rimes croisées. On sait dès le vers un que quelque chose va se passer avec le mot « bientôt », et de plus Baudelaire attire notre attention avec « nous plongerons ». Le poète est empreint de mélancolie en songeant à l’hiver qui va arriver, il est résigné à accepter sa destinée « funèbre » car il se fait livrer du bois afin de se réchauffer. Cette mélancolie suggère bien plus, c’est à mettre en rapport avec la vie en elle-même, le printemps laisse place à la vie, l’été est l’apogée de la vie, les jours se ternissent en automne, et l’hiver « sonne comme un nouveau départ » (vers seize) car c’est la fin. Plusieurs thèmes sont évoqués dans le poème, un plus présent que les autres c’est la mort comme on peut le lire au vers un « froides ténèbres », au vers  3 « chocs funèbres ». Il y a aussi une allusion au thème de  l’amour au vers huit « Mon cœur ».

        Nous allons nous demander comment le poète se rend-il compte de son environnement urbain. Je vais d’abord m’intéresser à la prise en compte de la réalité, ensuite à la tonalité d’âme, l’humeur du poète et le spleen, et finalement avec ce qui relève du lexique de l’ouïe, des images de l’enfermement et de la mort. Je terminerai par la conclusion, faisant un bref bilan des trois axes.

        Tout d’abord, la prise en compte de la réalité dans son poème est importante. On peut penser que cela se passe dans une maison parisienne, avec un bruit extérieur comme on peut le lire au vers quatre « Le bois retentissant sur le pavé des cours », il fait référence à une cour extérieure, ce qui nous relaisse à penser que le poète est dans une maison. De la première strophe à la deuxième strophe, l’hiver va arriver d’une façon inattendue et va laisser au dépourvu l’auteur, comme on peut le lire au vers cinq « tout l’hiver va rentrer dans mon être », des émotions le submergent comme on peut le lire au vers six « haine, frissons, horreurs, labeur dur et forcé ». Il écoute « les bûches qui tombent »,  chaque bûche qui tombe dans le feu, c’est de l’argent en moins qui part.        

Ensuite, ce poème est une danse entre les saisons donc il sera notamment question des conditions atmosphériques. Premièrement nous sommes en été, comme on peut le lire dans la strophe un « été », nous allons passer à l’automne comme on peut le constater au vers un « nous plongerons dans les froides ténèbres ».  On se rend compte à la strophe quatre qu’il n’est pas encore en hiver malgré dans la strophe deux au vers un « Tout l’hiver va rentrer dans mon être » il nourrit simplement des inquiétudes à propos de l’hiver tout au fil du poème, car l’hiver représente la mort. Le poète a peur de la mort car il sera séparé de l’Idéal Eternel, Jeanne Duval. L’amour est une perfection, d’après la théorie de Platon.

Il y a aussi d’autres signes qui nous montrent que l’auteur est résigné, il se fait livrer du bois afin de pouvoir se réchauffer pendant l’hiver ; les conditions de travail deviendront plus rudes avec le changement de saison comme nous pouvons le lire au vers six « labeur dur et forcé », les sons qu’il entend sont interprétés comme prophétiques car il y a des métaphores comme au vers neuf où chaque bûche qui tombe est à mettre en liaison avec les pendaisons. Le bois représente la chaleur mais aussi la vie ici.

Désormais, nous allons nous intéresser à la tonalité d’âme du poème. Le poète est subjectif comme vu précédemment, ses sentiments nous sont décrits au vers six « colère, haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé » la vie deviendra plus difficile quand l’hiver sera là. Il frissonne de froid et de peur en raison de l’hiver qui se rapproche de plus en plus. La colère est la hargne qu’il ressent envers cette saison, et la haine envers lui-même. Il y a notamment une perception auditive qui joue un rôle non négligeable (j’entends, j’écoute aux vers trois et neuf). Nous pouvons notamment dire que cette saison lui entraîne un dérèglement des sens.        

Avec ce poème, nous pouvons rapporter un lien avec le Serment d’Hippocrate (ne pas extorquer d’argent ni tuer ses patients) qui impliquait « Psychologie et mort indissociables », l’humeur coule en nous et il y aurait selon Hippocrate quatre humeurs référant à des organes. A la flegme/lymphe nous pouvons associer la passivité, la paresse ; au sang la colère et l’énergie ; à la bile jaune l’inquiétude et l’envie ; et enfin à la bile noire la mélancolie qui réfère au spleen que nous allons évoquer, il joue un rôle majeur dans les poèmes de Baudelaire car il est directement lié avec sa perception de l’Idéal.