Dom Juan, Molière
Étude de cas : Dom Juan, Molière. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Abygaëlle Ledoux • 7 Février 2023 • Étude de cas • 2 094 Mots (9 Pages) • 295 Vues
Dissertation Dom Juan
Sujet :“Quelle pièce étrange que le Dom Juan tel qu’il a été exécuté́ l’autre soir (...). Dom Juan, auquel Molière a donné le titre de comédie, est, à proprement parler, un drame et un drame moderne, dans toute la force du terme.” |
Lorsqu’il compose Dom Juan en 1665, Molière donne à sa pièce le titre de “comédie”. Echaudé par l’interdiction de son Tartuffe, il propose une seconde pièce où il cherche à “faire rire les honnêtes gens” (la formule est de lui) aux dépens des hypocrites. Cependant, à la suite d’une représentation de la pièce en 1859, T. Gautier voit en Dom Juan “une étrange pièce” et en Molière un précurseur du “drame moderne” : “Dom Juan, auquel Molière a donné le titre de comédie, est, à proprement parler, un drame et un drame moderne, dans toute la force du terme.” Le drame, inventé au XVIIIe siècle, et en vogue à l’époque de T. Gautier, est un genre qui renonce aux règles, les jugeant trop contraignantes et usées, et se caractérise par un mélange des registres, une forme romanesque, des personnages réalistes et sensibles. Il nous conviendra donc de voir en quoi T. Gautier peut affirmer que DJ, plus qu’une comédie, est un drame moderne. Pour cela, nous chercherons d’abord ce qui peut justifier à la pièce le titre de “comédie”, donné à l’époque de sa création par Molière, puis nous verrons en quoi T. Gautier peut émettre de telles allégations sur DJ, enfin, quel registre triomphe finalement dans cette “pièce étrange”.
Dom Juan est d’après Molière une “comédie”. Plusieurs traits de la pièce nous permettent de corroborer cette thèse.
D’abord, le personnage du valet Sganarelle y occupe une place privilégiée. C’est d’ailleurs le rôle que Molière s’est réservé́ pour lui-même lors de la création de la pièce. Il forme une “vis comica”, et fait rire le public à chacune de ses apparitions. Il est d’abord un comique de caractère : à l’instar d’Arlequin, valet de la commedia dell’arte, il est lourdaud, glouton, fanfaron et lâche. On peut le voir dès la scène d’exposition, lorsqu’il fait, dans une tirade où il cherche à imiter son maître, l’éloge du tabac : tout à sa volonté́ d’épater Gusman, le valet de Done Elvire, il ne se rend pas compte qu’il commet des anachronismes (Aristote n’a aucun rapport avec le tabac), et se ridiculise en révélant plutôt son ignorance. Dans le reste de la pièce, se montre superstitieux (il croit au Loup-Garou et au Moine Bourru), glouton, lors du repas de son maître auquel il est censé́ seulement assister, lâche face à Don Carlos, puis face à la statue, et égoïste (il ne pense qu’à ses gages à la mort de Don Juan). Ces défauts, grossis à l’extrême chez Sganarelle, déclenchent par leur outrance le rire du public.
Ensuite dans Don Juan, tous les types de comique se retrouvent. L’un des types de comique est bien entendu le caractère de Sganarelle que l’on remarque dès la scène d’exposition. Le deuxième est le patois des paysans qui est à vrai dire très amusant. D’ailleurs la première fois où Molière les fait apparaitre (Acte II-1), il déroge à la règle de l’unité de lieu et qui se joue comme une scène d’exposition. Dans cette scène, il ridiculise énormément les aristocrates. Ensuite lors du quiproquo avec Don Carlos ce qui signifie que c’est une scène de comique préservé. On y voit Don Carlos, qui est le frère de Don Elvire, en faire une affaire d’honneur. Dans le reste de la pièce, il y a d’autres scènes de farces. Dans Dom Juan nous retrouvons bien tous les types de comique grâce au caractères, mots, gestes et situations.
Pour finir, la dernière chose qui fait que cette pièce de théâtre est une comédie, du fait de sa diversité des classes sociales. On y retrouve les paysans qui ont pris le nom de Charlotte, Mathurine et Pierrot qui est un nom tiré de la commedia Del Arte. Charlotte et Pierrot jouent dans une scène où il parle en patois et où Charlotte va clairement lui dire qu’elle ne va pas épouser un paysan et qu’elle préfèrerait épouser Don Juan. Il y a bien entendu des valets (qui sont des personnages de comédie par excellence) dont le plus connu d’entre eux est Sganarelle. Avec son caractère « superstitieux », nous fait rigoler tout le long de cette pièce comme je l’ai cité dans le 1er paragraphe. Ensuite, il y a les bourgeois qui quant à eux sont représentés à côté des nobles ce qui permet un comique de mœurs, lié au contraste entre la noblesse et les autres classes sociales. Dom Juan représente donc la diversité des classes sociales qui est l’une des caractéristiques de la comédie comme je viens de le citer au-dessus.
Dom Juan est d’abord une comédie comme Molière le nomme. Du fait de Sganarelle qui est un « vis comica » et suscite le rire le long de la pièce ; de tous les types de comique (caractères, mots, gestes, situation…) et de la diversité des classes sociales qui est l’un des éléments caractéristiques de la comédie.
Ensuite, Don Juan est selon T. Gauthier un drame. Certains traits de la pièce nous permettent de confirmer cette thèse.
D’abord, on le voit puisque Molière décide de se délivrer en ne respectant pas les règles dans la pièce. Notamment la règle des 3 unités qui sont : le temps, le lieu et l’action ainsi que les règles de bienséance et vraisemblance qui sont volontairement transgressés. Le lieu est changé systématiquement à chaque acte. Dans le premier acte ils sont assis sur un banc, dans le quatrième acte ils sont en train de manger autour d’une table. Certaines actions se déroulent sur 2 jours. Il y a des écarts comme dans l’acte 2 où il y a un combat ainsi que la mort d’un protagoniste sur scène (V-6). On retrouve dans l’une des dernières scènes la présence de spectre et de statue qui bougent. Dom Juan ne respecte pas de règles dans la pièce puisque Molière s’en « débarrasse », en ne respectant aucunes règles notamment la règle des 3 unités.
Ensuite, dans cette pièce on trouve un mélange des tons. On s’aperçoit que la comédie domine mais parfois on s’aperçoit que parfois on est proche de la tragédie. Lorsque le père de Don Juan, Don Luis rentre en scène, on remarque que c’est un personnage cornélien. C’est-à-dire un personnage inspiré de Corneille. Don Elvire suscite la pitié et les larmes ce qui signifie qu’elle est pathétique comme on peut le voir lorsqu’elle parle avec Don Juan. La fin de la pièce se termine par un dénouement fatal comme dans la tragédie avec la mort de Don Juan. Lui qui est aussi le héros principal de la pièce il est toujours confronté à son destin. Dom Juan regroupe un mélange des tons en mettant la comédie en domination et la tragédie en arrière-plan parfois.
Enfin, l’intrigue est ainsi romanesque comme dans un drame avec les nombreuses péripéties. Les personnages sont représentés avec tellement de réalisme que l’on peut ressentir la profondeur psychologique des différents personnages. On retrouve notamment les péripéties lorsque l’on voit le réalisme des mœurs (commun a peuple, a un groupe) avec le mode de vie des aristocrates. Les bourgeois et les paysans sont quant à eux bien décrit. Les paysans sont décrits avec patois qu’ils parlent. Puis les bourgeois, on les reconnait car ils ont comme un sentiment d’être supérieur aux autres. Dom Juan est ainsi une intrigue romanesque comme dans un drame où les personnages sont représentés avec réalisme.
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