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Exposé De Svt

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, soit abandonné dans un lieu désert, remis au destin en quelque sorte ; l'abandon dans un lieu où d'autres pourront le recueillir (ou « exposition », pratique que seule la ville de Thèbes semble ne pas avoir mise en œuvre) existe aussi, les motivations de ceux qui sauvent les enfants étant diverses : avoir un enfant pour régler un problème de stérilité, ou pour le dresser à la mendicité, à la prostitution, à être un « phénomène de foire ». A Sparte, la cité a réduit la marge de liberté des citoyens, et les décisions sont prises à son niveau : c'est devant le Conseil des Anciens que les parents doivent présenter l'enfant, et c'est ce Conseil qui décide de son sort, le nouveau-né condamné étant abandonné dans la nature.

Hippocrate et les médecins de l'époque classique sont parfaitement d'accord avec les coutumes de leurs cités et confirment qu'il « faut savoir quels enfants il convient d'élever ».

Platon, dans La République (V, 460a), ouvrage où il essaie de définir la cité idéale, donne des précisions sur les raisons du choix :

Il faut rendre les rapports très fréquents entre les hommes et les femmes d'élite, et très rares au contraire entre les sujets inférieurs de l'un et de l'autre sexe ; de plus, il faut élever les enfants des premiers et non ceux des seconds, si l'on veut que le troupeau atteigne à la plus haute perfection...

Dans ce fantasme qui préfigure les centres de reproduction nazis ou les fécondations avec du sperme de lauréats de prix Nobel, il privilégie les « jeunes gens qui se seront signalés à la guerre ou ailleurs » comme géniteurs de choix. Aristote propose, dans le même esprit : « Pour ce qui est des enfants à élever et de ceux à exposer, qu'une loi interdise de nourrir tout être difforme » (Politique, H 16. 1335b 19).

Les Romains ont des clans familiaux puissants, et c'est au niveau de la « gens » que la décision doit être prise. Après la naissance, le pater familias a quelques jours pour décider de garder ou non un nouveau-né. Sénèque, au Ier siècle de notre ère, réfléchissant sur la colère et la maîtrise de soi, expliquera que noyer un enfant débile ou monstrueux n'est pas un acte passionnel mais un acte de raison (De Ira, I, 15, 2).

Le médecin grec Soranos, qui a exercé à Rome sous les empereurs Trajan et Hadrien (98-117), est un bon témoin des pratiques de son temps. Il est très attentif à la « délicatesse » du bébé, à tout ce qui peut adoucir le choc de la naissance et du changement de milieu (mains douces de la sage-femme, température tiède de la pièce, eau tiède pour le bain) mais n'en pose pas moins, dans son ouvrage sur les Maladies des Femmes, le problème du choix de le garder ou non :

La sage-femme, après avoir reçu le nouveau-né, le posera d'abord à terre après avoir regardé si c'est un garçon ou une fille... Qu'elle se rende compte ensuite si l'enfant vaut ou non la peine qu'on l'élève : elle jugera qu'il est naturellement apte à être élevé d'après la bonne santé de l'accouchée pendant la durée de sa grossesse ; en effet les maladies -et spécialement celles du corps- lèsent aussi le fœtus et ébranlent les fondements mêmes de la vie en lui. En second lieu elle notera s'il a été mis au monde au moment convenable, au mieux le neuvième mois, (...) et au plus tôt le septième. Ensuite elle vérifiera que posé à terre le nouveau-né s'est tout de suite mis à vagir avec la vigueur convenable : quand un enfant reste longtemps sans pleurer, ou vagit de façon insolite, on peut soupçonner que son état est dû à quelque circonstance défavorable. Elle s'assurera de la bonne constitution de toutes ses parties, de ses membres et des organes des sens, de la libre ouverture des orifices, -oreilles, narines, pharynx, urètre, anus- ; les mouvements naturels de chaque partie du corps ne devront être ni paresseux ni trop lâches, les articulations devront fléchir et s'ouvrir, avoir la taille, la conformation et toute la sensibilité désirables... (II, 5).

Après la section du cordon, la plupart des Barbares, -par exemple les Germains et les Scythes-, et même certains Grecs, plongent le nouveau-né dans l'eau froide pour l'endurcir, et afin que celui qui ne supporte pas le refroidissement mais devient livide ou est pris de spasmes périsse comme ne méritant pas d'être élevé. Quelques-uns baignent l'enfant au vin mêlé de saumure, d'autres au vin pur... Nous réprouvons chacune de ces pratiques : le froid, en raison de la forte et brutale condensation qu'il cause et que le nouveau-né ignorait, lèse tout en lui ; le mal qui en résulte ne se manifeste pas chez les plus résistants, mais se trahit chez les êtres sensibles par les apoplexies et les convulsions qui les saisissent ; or il n'est pas vrai de dire que celui qui n'a pas supporté le mal ne pouvait pas vivre s'il ne l'avait pas connu ; de plus, les sujets résistants eux-mêmes seront plus aisés à élever s'ils ne subissent aucune lésion à ce moment-là. (...) Quant au vin, ses émanations frappent les sens et engourdissent... (II, 6).

Ces dernières recommandations de Soranos montrent qu'un changement d'état d'esprit s'opère petit à petit dans les mentalités des hommes de l'Antiquité, et que les raisons d'éliminer un enfant sont remises en cause : des enfants « qui ne sont pas absolument parfaits » sont tout de même déclarés acceptables par des médecins comme Rufus (fin du premier siècle) ou Galien (131-201) ; les malformations génitales ou celles des mains et des pieds, qui étaient inacceptables antérieurement, finissent par être supportées (hermaphrodisme) ou opérées (polydactylie). Cette évolution de la sensibilité, jointe à une perte de pouvoir des clans familiaux puisque les empereurs sont des dictateurs, entraînera le transfert au pouvoir central des décisions vitales. En 318 le père ne peut plus tuer l'enfant adulte coupable de crime, en 374 l'élimination des nouveau-nés devient un meurtre. « Il est vrai qu'il reste la possibilité d'exposer l'enfant qui ne convient pas, et les Romains s'étonneront toujours que certains peuples élèvent eux-mêmes tous leurs enfants : ainsi les Germains (Tacite, Germanie, 19,6), les Egyptiens (Tacite, Histoire, V, 5-6 ou Diodore de Sicile, I, 80, 3) et les juifs (Diodore de Sicile, XL, 3, 8) » (note 99 de l'édition de Soranos, II).

Mais il est évident que si les pratiques ont fait évoluer le droit, l'infanticide restera pourtant longtemps un recours dans des situations problématiques individuelles, et ce jusqu'à nos jours, même si les faits se raréfient. Charlemagne devra renouveler la condamnation, d'autant que son empire intègre des peuples qui n'étaient pas romanisés et où l'infanticide était la coutume. Dans le monde musulman, la sourate XVII, 33 du Coran stipule « Que la crainte de l'indigence ne vous fasse pas tuer vos enfants. Nous fournirons à leurs besoins et aux vôtres. Cette action est un attentat horrible », prouvant que le comportement existait dans la société bédouine du VIIè siècle, mais que la sensibilité était en train de changer.

En France, la difficulté de la preuve, s'agissant d'un comportement privé, et la facilité de l'argument d'un enfant mort-né, aboutiront à l'édit de 1556 qui impose aux femmes de déclarer leur grossesse et d'accoucher en présence d'un témoin. Toute femme ayant accouché clandestinement d'un bébé déclaré mort-né était automatiquement déclarée coupable, et un très grand nombre furent exécutées.

Les nouvelles mœurs amèneront les personnes concernées à remplacer plus systématiquement l'infanticide par l'exposition de l'enfant. Cette pratique s'appliquera à un nombre très important d'individus, entraînant les organisations charitables à s'intéresser au problème : les églises et les monastères du Moyen Age et de l'époque classique ont à leur porte des niches afin de recueillir les bébés abandonnés, des ordres se créent pour répondre à l'urgence, comme celui que fonde Vincent de Paul. A la fin du XIXè siècle on comptera encore 93 000 enfants abandonnés en 1875 par exemple. De nos jours, les naissances sous X permettent toujours cet abandon.

Un des infanticides particuliers est celui qui sélectionne les enfants selon le sexe. On sait qu'aujourd'hui l'infanticide des fillettes est encore pratiqué dans des pays comme l'Inde et la Chine. En Chine, c'est dès le IIIe millénaire avant notre ère que des textes impériaux parlent de l'infanticide, étayant la grande ancienneté de cette pratique. En Inde, les colonisateurs anglais se trouvèrent confrontés à la même puissance des usages. Quand, en 1807, un officier anglais intervient à ce sujet, il s'attire la réponse du maharadjah local : « J'ai bien reçu votre lettre, Monsieur, dans laquelle il est écrit d'élever et de protéger nos filles : mais depuis des temps immémoriaux mon peuple n'a jamais élevé ses filles, ce ne peut donc pas être le cas maintenant », car ce peuple indien éliminait toutes les fillettes, et allait chercher chez les peuples voisins les femmes à épouser (cité par Rozenbaum).

II. Pendant la grossesse : l'avortement.

L'avortement

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