Germinal, E. Zola, 1885
Commentaire de texte : Germinal, E. Zola, 1885. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Carole Constant • 20 Avril 2021 • Commentaire de texte • 1 156 Mots (5 Pages) • 645 Vues
Germinal, E. Zola, 1885
INTRODUCTION
Au XIXème siècle, le roman est un genre littéraire de plus en plus lu et apprécié. Les romanciers, à l’instar de Balzac et Stendhal, font le projet de faire de ce genre un miroir de la réalité. A la fin de ce siècle, Emile Zola initie le mouvement naturaliste qui est dans la juste continuité des romans réalistes. Son roman Germinal a d’ailleurs pour ambition de retranscrire fidèlement la vie quotidienne et professionnelle des mineurs du nord de la France. Le texte à l’étude est extrait de ce roman. Dans ce passage le personnage principal, Etienne Lantier, entame son premier jour de travail à la mine. Il observe avec appréhension la machine qui descend les ouvriers, quarante par quarante, au fond du puits du « Voreux ». Cette description, établie d’abord d’après le regard d’Etienne, est-elle entièrement objective et réaliste ? N’a-t-elle pas une dimension critique ? Nous verrons en effet tout d’abord que Zola manifeste la volonté de faire une description au plus près du réel. Cependant il s’agit aussi et surtout d’une occasion pour le romancier de dénoncer les affreuses et terrifiantes conditions de travail des mineurs. Cette dimension critique sera l’objet du deuxième temps de notre étude.
- Une description réaliste…
1. Un ancrage dans le réel.
- Une mine de charbon : réalité économique de la fin du XIXeme
- Le puits du Voreux = réalité exacte des mines de charbon du nord de la France. Les informations concernant le puits sont vraisemblables : la profondeur par ex. (554 m - l. 17) ou encore l’équipement (la cage qui descend les mineurs, le porte voix …)
2. Le point de vue omniscient.
Le narrateur semble tout savoir de la mine ; il en sait plus que nous, plus qu’Etienne :
- Il connaît parfaitement le déroulement et l’organisation du début de la journée travail des mineurs : organisation de la description par des marqueurs chronologiques précis « Dès 4 heures » ; « au bout de 4 minutes » ; « pendant une demi-heure »
- Il sait ce qui ne se voit pas (il utilise le relai du mineur pour donner l’information) : « il y a 4 accrochages… » ; « le 1er à 320 »
- Il connaît les pensées d’Etienne : l. 1
—> Grâce à ce point de vue omniscient, le narrateur peut donner au lecteur un ensemble d’information sur le fonctionnement de la mine, sur l’organisation de la descente des mineurs. Cela permet de mettre en place une illusion de réalité.
3. Les effets de réel.
L’illusion de réel est développée grâce à une description d’une grande précision :
- Le point de vue omniscient permet au narrateur d’utiliser le vocabulaire technique exact pour décrire les postes et outils des mineurs : « verrous », « berlines », « moulineurs », « accrochages »….
- Importance et précision des nombres : « quatre étages », « deux berlines », « cinq par cinq », « jusqu’à quarante », « quatre fois »…
- Précision de détails visuels grâce aux adjectifs, compléments de détermination et comparaison : « pieds nus », « petits groupes », « cage de fer », « pleines de charbon », « vides », « chargées des bois de taille » / « tombait comme une pierre » —> actions des acteurs de la scène et des machines très visuelles.
- Précision de détails sonores : champ lexical du bruit « jaillissement doux », « beuglement », « sonnant », « fuite vibrante » + mention des actions silencieuses ou presque : « doux », « silencieuse », « mortes », « silence vorace » —> On imagine le silence de la scène matinale, des ouvriers épuisés, des machines modernes ; ce silence est troué par quelques bruits désagréables, discordant.
- Le dialogue reproduit le langage oral
- Le narrateur connaît l’état d’esprit d’Etienne, ce qui donne une réalité psychologique au personnage : Etienne est impressionné, voire effrayé (ll demande la profondeur du puits, si « ça casse ») ; il est novice, il ne comprend pas ce qui se passe (l. 1)
- …au service d’une critique.
1. Un univers terrifiant
- Un univers carcéral : univers de matériaux durs (fer, cable, comme une pierre), de bâtiment laid et impersonnel (baraque) ; vocabulaire de l’emprisonnement (cage, case, verrous) ; hommes entassés et enfermés (s’empilaient les ouvriers, cinq par cinq, jusqu'à quarante d'un coup, lorsqu'ils tenaient toutes les cases)
- Un univers infernal : vocabulaire de la chute (plongeait, tombait comme une pierre, replongeait) ; références à un monde souterrain relié à la mort (les ténèbres restaient mortes), à l’absence de lumière (ténèbres), au vide… Les mineurs semblent disparaître corps et âme dans ce gouffre.
2. Du gibier livré à un monstre
Les homme sont déshumanisés :
- Ils sont assimilés à des objets qui « s’empilent » et que l’on met dans des « cases »
- Champ lexical du bétail destiné à l’abattoir : « viande », « chair humaine », « beuglement »
La machine est personnifiée (personnification, métaphore). Elle est rendue vivante :
- par des verbes liés à l’action de se nourrir : avalait, engloutir, dévora
- par des métaphores animales : coup de gosier, gueule
La machine devient un animal dangereux, monstrueux, jamais rassasié de chair humaine :
- Ses actions silencieuses sont inquiétantes ; la douceur et le silence paraissent sournois et cacher un danger : « jaillissement doux de bête nocturne » (métaphore) ; « silencieuse, tombait comme une pierre, ne laissait derrière elle que la fuite vibrante … »
- Rôle des images hyperboliques : « toujours affamé, de boyaux géants capables de digérer un peuple. » ; « Cela s'emplissait, s'emplissait encore » (amplification soulignée par la répétition) ; « silence vorace »
—> Face à la mine, les hommes sont bien faibles, ils sont ravalés au rang de nourriture. Face à un tel monstre, si affamé et si puissant, ils n’ont aucune chance.
3. Une description suggestive : la dénonciation des conditions de travail des mineurs.
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