Koltès, Roberto Zucco
Commentaire de texte : Koltès, Roberto Zucco. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar sfoo • 16 Avril 2019 • Commentaire de texte • 1 795 Mots (8 Pages) • 2 351 Vues
Koltès est un dramaturge de la seconde moitié du XXème siècle, mort du sida à l’âge de 41 ans, et réputé pour avoir renouvelé l’écriture du théâtre. Fasciné par la marginalité, il a écrit sa dernière pièce, Roberto Zucco, (« la plus belle » selon lui – entretien avec Lucien Attoun) en s’inspirant d’un tueur en série italien, Roberto Succo, qui a tué ses père et mère puis plusieurs personnes, avant de se suicider en prison. Koltès fait de ce tueur fou un héros mythique et tragique, qui refuse les codes de la famille et de la société, et dont la violence est le reflet de la société elle-même violente et absurde. La pièce se découpe en quinze tableaux. L’extrait suivant se situe dans le second tableau : après l’évasion silencieuse de Zucco (premier tableau), ce dernier s’introduit de force chez sa mère pour y changer d’habits, et la tue sans raison, avec douceur. La mère vient de faire un portrait étrange de son fils et de le renier. Comment cette scène renoue-t-elle avec le tragique ? Après avoir étudié l’échec du dialogue, fils et mère parlant côte à côte sans s’entendre, nous examinerons comment le matricide termine l’échange en renouvelant le tragique.
Koltès est un dramaturge de la seconde moitié du XXème siècle, mort du sida à l’âge de 41 ans, et réputé pour avoir renouvelé l’écriture du théâtre. Fasciné par la marginalité, il a écrit sa dernière pièce, Roberto Zucco, (« la plus belle » selon lui – entretien avec Lucien Attoun) en s’inspirant d’un tueur en série italien, Roberto Succo, qui a tué ses père et mère puis plusieurs personnes, avant de se suicider en prison. Koltès fait de ce tueur fou un héros mythique et tragique, qui refuse les codes de la famille et de la société, et dont la violence est le reflet de la société elle-même violente et absurde. La pièce se découpe en quinze tableaux. L’extrait suivant se situe dans le second tableau : après l’évasion silencieuse de Zucco (premier tableau), ce dernier s’introduit de force chez sa mère pour y changer d’habits, et la tue sans raison, avec douceur. La mère vient de faire un portrait étrange de son fils et de le renier. Comment cette scène renoue-t-elle avec le tragique ? Après avoir étudié l’échec du dialogue, fils et mère parlant côte à côte sans s’entendre, nous examinerons comment le matricide termine l’échange en renouvelant le tragique.
Koltès est un dramaturge de la seconde moitié du XXème siècle, mort du sida à l’âge de 41 ans, et réputé pour avoir renouvelé l’écriture du théâtre. Fasciné par la marginalité, il a écrit sa dernière pièce, Roberto Zucco, (« la plus belle » selon lui – entretien avec Lucien Attoun) en s’inspirant d’un tueur en série italien, Roberto Succo, qui a tué ses père et mère puis plusieurs personnes, avant de se suicider en prison. Koltès fait de ce tueur fou un héros mythique et tragique, qui refuse les codes de la famille et de la société, et dont la violence est le reflet de la société elle-même violente et absurde. La pièce se découpe en quinze tableaux. L’extrait suivant se situe dans le second tableau : après l’évasion silencieuse de Zucco (premier tableau), ce dernier s’introduit de force chez sa mère pour y changer d’habits, et la tue sans raison, avec douceur. La mère vient de faire un portrait étrange de son fils et de le renier. Comment cette scène renoue-t-elle avec le tragique ? Après avoir étudié l’échec du dialogue, fils et mère parlant côte à côte sans s’entendre, nous examinerons comment le matricide termine l’échange en renouvelant le tragique.
- Un dialogue théâtral qui est un dialogue de sourds
Pas de réel échange entre le fils et la mère. Leurs répliques s’enchaînent sans reprise de thème : seulement à la fin, Zucco acquiesce, mais c’est en forte contradiction avec l’acte de transgression absolue qu’il commet alors (matricide).
- La parole de Zucco : douce et opaque s’oppose à la parole violente de sa mère
Premières paroles de Zucco sur scène. Quatre répliques. De plus en plus brèves. N’a rien à dire. Centrées sur treillis : habit militaire
- Motivé (plan dramatique) par le fait que sa tenue est celle qu’il avait en prison. Il faut qu’il en change pour se rendre anonyme, réussir complètement son évasion.
- Indice aussi de la violence du personnage (emprunté au fait divers ; une des désignations de Succo dans les journaux « L’homme en treillis »
- Habit banal dans nos sociétés : goût pour la mort ? idéal masculin du guerrier ?
Le demande sur mode interrogatif puis impératif.
Douceur : ponctuation calme. Jeu des répétitions de termes : phrases rythmées, harmonieuses ; deux fois l’apostrophe « maman », signe d’une relation ordinaire, vocabulaire psychologique pour se décrire : « doux et gentil », deux adjectifs traçant un portrait idéal, renforcés par l’hyperbole du « toujours »
Cependant, vide sur le meurtre du père, qui vient d’avoir lieu, rien, aucune explication : sa parole est mensongère (comme elle le sera dans le tableau 6).
Ainsi, la parole de Zucco est opaque : brève, douce, elle est loin de la représentation habituelle du serial killer (surexcité, violent), mais elle ne livre pas de clé pour comprendre le personnage. La mère dans sa tirade insiste sur l’étrangeté de son fils.
- La parole de la mère : une parole violente et tragique avec le portrait problématique du fils et sa mise à mort symbolique
Encadrée par l’idée de « douceur » (en écho à ce que Zucco dit de lui-même) et celle d’ « oubli » : la douceur de Zuco pourrait tout lui faire oublier or elle ne veut pas (un parricide : sapement de la famille, meurtre inoubliable par excellence) ; la fin de sa tirade la fait jouer sur le verbe, conjugué au présent puis au passé composé. Elle utilise alors le verbe comme un moyen d’agir (valeur performatrice) : elle tue symboliquement son fils, en le reniant. Oubli = il n’existe plus ; mémoire maternelle efface le fils. > cet écart, du « je ne veux pas oublier » à « je t’oublie », signale la violence de ce que la mère fait au fils.
Tirade organisée en trois parties (clarté toute proche de celle des tragiques classiques du XVIIème siècle français)
1ère partie : Méconnaissance, identité problématique
Questions rhétoriques sur l’origine : est-ce elle qui a accouché de celui qui se tient devant elle sur scène ? force de cette question : l’absence de reconnaissance est telle qu’elle met en doute le lien du sang, le lien familial.
Thème de la surveillance : une longue phrase, avec quatre subordonnées en « si », qui aboutissent à un faux lien logique. Mère étouffante, dévoratrice. Famille = pas de liberté. L’amour de la mère est étouffant.
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