DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Le Petit Cupidon

Note de Recherches : Le Petit Cupidon. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 10

soudainement, Pauline Harlai décide de raconter une histoire au narrateur, quelque chose de plus cru qu'à l'accoutumée. Le narrateur note alors l'anecdote pour ne pas l'égarer. C'est ainsi qu'au chapitre 3, il la raconte à son tour au lecteur. C'est un mercredi d'été que se déroule le début de l'histoire. Pauline Harlai, alors âgée de 19 ans, est violoncelliste. Elle s’entraîne avec acharnement, « durant quatre à cinq heures par après midi », tandis que le matin elle est la répétitrice des enfants de Jean-Etienne Vosges. Nous ne savons pas exactement qui sont les Vosges par rapport à elle. Il règne une extrême chaleur (l'action de déroule à Nice). Ce jour là, le beau-frère de Vosges, Gerhardt Buheler, 35 ans, n'est pas dans un état normal. Le narrateur le décrit comme nauséeux et pris de colique puis explique ensuite qu'il est plutôt beau jeune homme, très séducteur. Il a de particulièrement beaux yeux violets « où la lumière se pose et s'arrête aisément ». Il n'a jamais prêté attention à Pauline, elle est d'ailleurs repoussante d'après la description qui en est faite (« nez épaté », « membres courtauds », « gaucherie générale »). Ils ne sont que deux dans cette demeure vide, seul le chant du violoncelle de Pauline rompt le silence. Dans un mélange étrange de nausée et de désir, il se laisse guider par la musique. Là, il la trouve dans une pièce sombre. Il l'étreint avec force et l'écrase contre lui. Son corsage est défait à cause de la chaleur intense. Gerhardt Buheler est alors décrit comme une « bête insatiable ». Elle ne le repousse pas sérieusement. Elle parle seule, comme si elle s'adressait a un animal (« Non, pas comme cela »). Ils ont ensuite un rapport sexuel qui semble totalement dénué d'amour. Il est mécanique et « sans véritable désir ». Ils ont à nouveau des rapports sexuels plusieurs fois de suite, Gerhardt est réellement inépuisable (« Elle prétendait qu'il suffisait de le regarder avec attention pour qu'il témoigne de nouveau du désir »). Brusquement, Gerhardt marque sa lassitude. Il se rhabille en vitesse et se sauve sans un mot, sans un geste. Après cela, Pauline plonge dans un terrible silence. Une « bouffée de vide, presque astral ». Elle sort de ce silence au moment où elle est interpellée pour dîner. Il s'ensuit une période où il l'évite totalement, ne touche pas les objets qu'elle touche, ne lui parle pas, ne lui passe même pas le sel à table. Elle est plongée dans une détresse sans limites, se sent répugnante (« Je convenais tout à fait que j'étais une chose à peine digne de soulever le cœur »). Quelques jours plus tard, elle boit une grande gorgée d'alcool de poire puis va frapper à la porte de Gerhardt. Elle est dans un état second (« J'avais le cœur à rompre. J'étais incapable de déglutir »). Lorsqu'il ouvre la porte, elle lui attrape le poignet et l'emmène vers l'arrière de la maison. La chaleur est insupportable. « Nul ne sortirait. Nul ne nous verrait » Il ne veut pas l'accompagner mais elle le tire. Ils passent par un escalier décrit comme « plein de poussière avec pour ne pas tomber, une corde drue - à la fois grasse, empoussiérée, rugueuse, distendue - qui servait de rampe. L'escalier sentait très fort. il sentait mauvais et fort. C'était une odeur très sombre, qui suffoquait, très humide. » Ils pénètrent dans le parc. Il est blanc, décrit comme épais de lumière. Au terme d'une rangée de buis noirs, ils arrivent à une petite grotte contenant la statue d'« un petit cupidon mauve et vineux », très joufflu. La statue est « toute éclatée, rongée de suintement ». Ils sont éblouis par la lumière. Elle scelle leurs lèvres, Gerhardt ne réagit pas. « Je tâchai de l'étreindre. Son ventre ne témoignait pas de beaucoup de désir. De la main, je cherchais à le flatter, je m'efforçai de l'émouvoir. » Alors, elle se dirige sous un prunier pour pleurer. Il vient la réconforter en lui expliquant que son état de l'autre jour n'était pas normal et s'excuse de son comportement. Elle pense alors qu'elle a de nouveau une chance mais il la repousse et part, prétextant que la lumière le fait souffrir. Elle reste à genoux sur l'herbe brûlante, face au petit Cupidon craquelé. Elle replonge alors dans un silence similaire à la première fois. Les chapitres 13 et 14 sont les derniers, ils sont la conclusion de Pauline a propos de cette histoire qui a définitivement marqué son existence, ainsi qu'une petite réflexion philosophique sur le plaisir. Le narrateur est à plusieurs reprises répugné par l'aspect physique de Pauline Harlai mais essaie tant bien que mal de réprimer ce dégoût à cause de l'estime qu'il lui porte. En effet, il nous apprend que Pauline Harlai était la femme qu'il avait « le plus admirée ». Tous deux continuent à parler « de tout et de rien » puis le narrateur s'en va lorsqu'il croit qu'il peut « la laisser seule ». On notera qu'on ignore tout de ce qui est arrivé ensuite à Gerhardt Buheler.

II. Les thèmes récurrents, typiquement quignardiens.

- Les ténèbres et le silence : Pascal Quignard fait de nouveau allusion aux ténèbres que nous avons pu repérer dans chacune de ses œuvres ; ce thème est récurrent. En effet, les pièces sont toujours sombres, plongées dans la pénombre (« Ce coin ou elle était était très sombre » ; « Elle avait tiré les volets » ; « La chambre était très sombre »). Ensuite, c'est un terrible silence qui est évoqué par Quignard : un silence qui semble être un son a part entière. Lorsqu'il sort de la chambre de Pauline, Gerhardt « ne prononce pas une parole. Il ferme la porte sans faire de bruit ». Le long silence qu'elle connaît ensuite débute donc par celui de Gerhardt. Elle décrit son silence comme une « bouffée de vide, presque astral », « une stupeur où elle remerciait tout, rien, tous les dieux, le hasard, l'abîme, l'univers, le vide où il flotte. » (p. 24) Durant sa « crise silencieuse », Pauline est affaissée dans « la chambre étouffante et assombrie ». Suite à cette crise, le silence continue de régner entre elle et Gerhardt. C'est le passage du livre où il l'évite complètement. Pauline pense alors à mourir, elle est « gagnée par cette envie si illimitée, si irrésistible, de mourir, qui gîte au centre du crâne de chacun d'entre nous ». Son deuxième long silence est évoqué lorsqu'ils sont dehors, qu'elle l'a emmené avec elle dans le parc et qu'il fuit. Elle décrit ce silence comme un tonnerre, « un fracas interminable », « une sorte de crépitement de bourdon si intensément silencieux dans la totalité de l'espace. » (p. 39) Elle compare ensuite le ciel à un immense cri silencieux où surnagent à peine les astres. Elle explique ensuite que ce n'est pas exactement « silence » le mot correspondant à ce qu'elle vit mais qu'elle ne connaît pas d'autre mot s'en rapprochant plus. Cela rappelle le fait de nommer les choses pour exorciser, comme dans Le nom sur le bout de la langue. Enfin, la chaleur extrême tout au long du livre fait clairement penser aux Enfers, d'ailleurs il en parle comme d'une « fournaise ».

- La musique : En effet, le nom de Pierre Fournier est mentionné dès les premières lignes. Pierre Fournier est l'un des grands noms du violoncelle français. On apprend ensuite que Pauline possède un piano en acajou dans son salon. Puis qu'elle a été une grande violoncelliste.

Ce n'est pas sans rappeler Monsieur de Sainte-Colombe qui pratique la viole de gambe à l'instar de Pascal Quignard. Dans le chapitre 2, le narrateur et Pauline « parlent musique ». Comme nous l'avons précédemment dit dans le résumé, Pauline pratique intensément le violoncelle durant 4 à 5 heures par après-midi malgré l'extrême chaleur. Cela rappelle à nouveau Monsieur de Sainte-Colombe qui s'acharne sur sa viole des heures et des heures durant. Le chant du violoncelle est le son qui va guider Gerhardt Buheler vers la chambre de Pauline lors de sa frénésie. « Il se précipita hors de sa chambre, dévala les escaliers, se repéra dans la vaste maison silencieuse, au son du violoncelle. » La maison est silencieuse alors que Pauline joue. Quignard assimile le chant du violoncelle au silence et vice versa. La musique est un néant. Lorsque Gerhardt la découvre, elle est « assise, bouche bée, la main droite tenant en l'air l'archet ». Cette phrase abonde évidemment de sous-entendus. La main droite tenant en l'air l'archet est clairement une allusion sexuelle, l'archet représentant le fascinus. « Bouche bée » est, de même, assez explicite. Lorsque Pauline comprend les intentions de Gerhardt, elle couche « le violoncelle avec précaution sur le tapis ». Cela fait fortement penser à Madeleine et Marin Marais ; Madeleine qui, après avoir connu l'incarnation, ne touche plus à sa viole. Après qu'ils ont fait l' amour », la musique

...

Télécharger au format  txt (14.6 Kb)   pdf (125.1 Kb)   docx (10.7 Kb)  
Voir 9 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com