Le récit de la naissance de Gargantua
Commentaire de texte : Le récit de la naissance de Gargantua. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Charline Badal • 16 Avril 2023 • Commentaire de texte • 470 Mots (2 Pages) • 397 Vues
Le récit d’une naissance fantaisiste (l. 1 à 7):
Au début du texte, l’utilisation abondante du vocabulaire médical semble décrire la réalité d’un accouchement, appuyée sur un authentique savoir scientifique : « les cotylédons de la matrice », « la veine creuse », « le diaphragme ». Le complément de cause du début (« par suite de cet accident ») semble présenter un enchaînement de faits logiques. La précision des indications de lieu, en donnant à voir la scène dans tous ses détails, accroît l’impression de réalité : « au-dessus », « dans la veine creuse », « à travers le diaphragme », « jusqu‘au-dessus », « à l’endroit où le veine en question se partage en deux », « à gauche », « de ce même côté ».
Mais nous assistons en fait à une scène totalement fantaisiste qui suscite l’amusement : l'enfant au lieu de naître normalement, accomplit un voyage inverse, vers le haut (« grimpant … jusqu’au-dessus des épaules ») et sort par l'oreille gauche. Le travail de la mère dans la mise au monde est totalement oublié : c’est l’enfant qui est le sujet des verbes d’action et de mouvement et semble ainsi décider lui-même de la route à suivre, apparaissant déjà comme un héros intrépide : « les traversa d’un saut », « il entra », « grimpant », « il prit son chemin … et sortit ».
Nous assistons donc à une naissance extraordinaire, en contradiction avec les indications réalistes de départ, à la venue au monde d’un personnage que le narrateur reconnaît comme hors du commun : « il ne cria pas comme les autres enfants » l. 5. D’emblée, Gargantua a le don de la parole (« il s’écriait à haute voix ») et l’imparfait indique la durée et la répétition du discours. Il exprime une soif démesurée : ses premiers mots sont pour réclamer à boire, avec la triple injonction « A boire ! À boire ! À boire ! » et la répétition du verbe repris quatre fois à l’infinitif ligne 6. Même les noms fantaisistes de la région « le pays de Busse et de Biberais » rappellent la boisson puisque « busse » est aussi le subjonctif imparfait (1ère personne du singulier : que je busse) du verbe « boire » et « Biberais » évoque le mot biberon. Ainsi Gargantua apparaît bien à sa place dans ce monde qui célèbre à l’unanimité le plaisir de la boisson, comme le montrent les expressions « comme s’il avait invité tout le monde à boire », « si bien qu’on l’entendît par tout le pays ». Cette voix retentissante qui s’étend sur toute la région fait naître également le comique gigantal. Gargantua apparaît ainsi comme un double du narrateur, qui commence son prologue en s’adressant aux « buveurs très illustres » et le finit par cette recommandation aux lecteurs : « souvenez-vous de
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