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Littérature des camps / Primo Levi et Semprun

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Par   •  13 Mars 2022  •  Cours  •  5 264 Mots (22 Pages)  •  517 Vues

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  La littérature des camps : questionnaire (examen de décembre)

  1. Peut-on considérer Levi et Semprun comme des auteurs réalistes ? Basez-vous sur la définition du réalisme mais aussi sur les thèmes et les principes du mouvement (voir syllabus).

A l’aide des définitions des mots "réalisme" et "réaliste", nous pouvons
considérer Levi et Semprun comme des auteurs réaliste. Il peut être défini un mouvement apparu des années 1880, dont les artistes ont le désir de manifester la réalité de leur temps, à décrire la société de son entier telle qu’elle est. C’est comme une "doctrine d'après laquelle l'être est indépendant de la connaissance d'un sujet.

Si l’on se réfère aux principes du mouvement réaliste à savoir :

-Explorer l’entièreté de la société et du milieu dans lequel il vit, les individus et l’endroit. –

-S’appuyer sur une démarche scientifique

-Multiplier les effets du réel, les longues descriptions, le langage technique,…

-Le monde du travail

-La puissance des instincts

-La maladie et la mort

Alors Primo Levi et Semprun sont effectivement des auteur réalistes, car il reprennent  tous ces principes à la lettre.

-Levi décrit précisément la « société » dans laquelle il vit dans tous les aspects.Cette société est structurée et fragmentée.  On remarque qu’une vraie hiérarchie constitue la société des camps. D’un côté, il y a les allemands,qui ont le contrôle absolu sur la vie des détenus et de l’autre côté,ces derniers qui sont réduits à l’état d »esclaves . Au sein de ce groupe, on retrouve également certaines personnes plus privilégiées que d’autre. On le remarque dans le chapitre 10 de si c’est un homme, quand Levi réussit son interrogatoire pour être admis en tant que chimiste. Effectivement, il a la possibilité de travailler dans le laboratoire, où il fait bien chaud et les conditions de vie sont améliorées.

-Primo Levi explore en détail les individus (prisonniers ou gardes) et leurs relations ,la diversité des différents milieux, la géographie du camp, les différentes langues et cultures,…p.60  ".il est médecin de profession [...] et maintenant c'est le dentiste du Lager, et pourtant, comme on peut voir, il se porte bien, il n'est pas trop maigre" (page 31-32). À l'opposé, les juifs n'ont pas beaucoup de droits car ils sont sous le pouvoir de leur maître : "Nos véritables maîtres, ce sont les triangles verts qui peuvent faire de nous ce qu'ils veulent [...]. (page 45). Quant aux rapport qu'entretiennent les individus, soit ils font preuve de solidarité comme
dans le cas d'Alberto et de Primo : "Nous étions devenus des inséparables : « les
deux Italiens », comme nous appelaient nos camarades étrangers qui, le plus
souvent, confondaient nos prénoms. Depuis six mois nous partagions la même
couchette et chaque gramme d'extra « organisé » par nos soins" (p242). Soit ils
restent égoistes : "Nous avons appris du même coup que tout peut nous être volé,
ou plutôt que tout est automatiquement volé au moindre instant d'inattention [...]"
(page 45).

-En outre, le thème du monde du travail se divise en plusieurs catégories :la menuiserie P16, l’ingénieure P29,la forgerie P41,les
S.S., les Häftlingen, les kapos,...

-La recherche documentaire pour comprendre le caractère des personnages est liée à la sur-description et s’observe souvent quand un personnage est décrit comme malheureux et désespéré, ou comme méchant.

Exemple : p.134 = « Enfermez des milliers d’individus entre des barbelés, sans distinction d’âge, […] l’homme confronté à la lutte pour la vie » Il observe un phénomène de mixité sociale et présente la diversité au camp comme une expérience.

Levi s’appuie sur des raisonnements scientifiques pour expliquer le comportement rudimentaire de la plupart des individus qui l’entoure. P114 « Différentes théories...à 10 heures du matin »

Levi a vécu tous les événements,par conséquent, tout ce qu’il raconte est fiable.

-La description minutieuse est sans doute la caractéristique principale de « Si c’est un homme », dont la longueur du livre dépasse largement celle des événements racontés. Levi fait beaucoup de descriptions de lieux, de personnes, d’objets ce qui donne au lecteur une immersion réussie dans le récit.

-Exemple : p.54 « Les lavabos sont un lieu peu accueillant : une salle mal éclairée et remplie de courants d’air, […] Lave-toi les mains, ne l’oublie jamais. »

Entre autre, exclusivement tous les habitants du camps sont esclaves de leurs propre instinct et pulsion. Effectivement, dans un milieu propice à celui-ci,aucun besoin physiologique n’est respecté, la volonté de survie d’un individu prime sur tout le reste, ce qui a pour conséquence énormément de vols et de violence.« Mais au Lager… et férocement seul. » -135« ...système qui lui rapporte quelques grammes de… en vigueur et unanimement reconnue » 136

Enfin, le thème de la maladie et la mort peut être illustré par un exemple à la page 69-70. « On m’enlève un manteau...le dernier d’une longue file de squelettes nus : les hospitalisés d’aujourd’hui » « ...la fameuse chambre à gaz dont tout le monde en parle... » L’écrivain est confronté à côtoyer quotidiennement des personnes très faibles et frappées par la maladie et à la mort. La possibilité de mourir est omniprésente, les prisonniers du camps sont habitués à l’idée qu’ils peuvent mourir à n’importe quel moment. P75  « Faiblesse généralisée…avec ce diagnostique-là»  Lors du voyage de Jorge Semprun, la mort d'une personne âgée dans le train montre les épouvantables conditions dans lesquelles les prisonniers se trouvent : "Depuis que nous avons dit que ce vieillard est mort, la masse des corps les plus proches de nous s'est distanciée" (page 76)

  1. Quand ils décrivent la vie dans les camps, les auteurs font fréquemment référence à des œuvres musicales ou littéraires. N’est-ce pas déplacé dans cet enfer ?

 Il est parfois compliqué pour l'auteur d'expliquer l'expérience des camps à l'aide de mots concrets. Faute de mots ou de langage, il fait référence à des œuvres afin de faire passer correctement le message voulu. La vie aux camps est abominable, c'est pour cela que l'utilisation de l'art et la musique permet au lecteur d'imaginer ce qui est impensable avec les mots. Il est souvent compliqué pour une personne extérieure d'interpréter les véritables faits.Ainsi, l'auteur doit veiller à bien choisir ses mots et/ou à se faire comprendre par l’art. L’auteur, peut à travers l’art et la musique, mieux faire parvenir ses sentiments aux lecteur qu’avec ses mots. En lisant l’article d’Yves Stalloni, nous retrouvons l’extrait«  la beauté, faute de transformer le monde, peut toujours réveiller la conscience ».  De le sorte,je pense que L'art est un « meilleur moyen de communiquer ses émotions et d'en susciter chez autrui que les simples mots.

D'autre part, le thème de la mort, qui est assez récurrent dans les camps de concentration et est un sujet délicat à aborder. Le fait d'évoquer des œuvres permet à l'auteur de mieux faire comprendre cette tragédie qu'est la vie d'un häftling. Pour prendre l'exemple du livre Si c'est un homme de Primo Levi, une référence littéraire, Enfer de Dante, exprime assez bien le fait qu'aucun déporté du Lager ne retrouvera sa vie d'autrefois :.Ici, le Saint-Voult ne se montre; Ici, l'on nage autrement qu'en ton Serque" (page 38). En d'autres termes, on peut presque affirmer qu'ils sont voués à la mort.

Par ailleurs, citer des souvenirs a pour rôle de maintenir une part d'humanité et de rêverie dans ce monde de l'enfer ainsi que de distraire. Grâce à cela, ils ont une petite occasion de se reconstruire et  gardent encore l'espoir de revenir à une vie "normale". Dans le grand voyage, Jorge Semprun cite une musique nommée Summertime, de Sidney Bechet, qu'il compare à son enfance : "...] reconstruire dans ma mémoire le côté de chez Swann et c'était un excellent exercice d'abstraction.

Dans « Si c’est un homme » de Primo Levi, à la page 173 est cité le Chant XXVI de l’Enfer de Dante, aussi appelé Le Chant d’Ulysse. Ces vers thématiques créent un parallèle entre Ulysse qui s’échappe des enfers et Pikolo qui sort Levi d’une tâche pénible de nettoyage d’une citerne enterrée dans le camp. La thématique de voyage sert également de comparaison, car elle évoque littéralement le voyage en bateau d’Ulysse, secrètement le voyage de Levi et Pikolo à travers le camp, et encore plus secrètement le voyage de Levi à travers sa mémoire perdue. Ce passage  permet à Levi de renforcer ces liens avec Pikolo, et de se remémorer des souvenirs qui lui font beaucoup de bien «  il est bon Pikolo, il s’est rendu compte qu’il est en train de me faire du bien » 176.173 « Qu’elle étrange sensation de nouveauté on éprouve à tenter d expliquer brièvement ce qu’est la divine comédie, » Levi et Jean s’évadent momentanément,de la triste réalité que sont les camps et trouvent un refuge dans les chaleureux souvenirs d’une chanson agréable .  « comme une sonnerie des trompettes, comme la voix de Dieu. L’espace d’un instant, j’ai oublié qui je suis et où je suis ».(page 86).

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