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Maupassant - Le Horla

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'un malade qu'il qualifie de cas « le plus bizarre et le plus inquiétant qu'[il] ait jamais rencontré ». Le patient raconte alors sa vie dans sa propriété normande des bords de Seine, son existence calme et sereine jusqu'à ce jour d'automne de l'an passé où il fut pris de « malaises bizarres et inexplicables». Des cauchemars s'ensuivirent, entraînant fatigue et amaigrissement ; puis survinrent des faits inexplicables : une carafe d'eau fut bue de nuit, dans sa chambre verrouillée ; une rose fut cueillie par une invisible main au cours d'une promenade ; un verre se brisa tout seul ; une page fut tournée pendant une lecture. Ainsi en vint-il à la certitude qu'il existait à son côté un être invisible et maléfique. L'épiant sans cesse, il le surprit un soir alors que l'être venait de lui dérober son reflet dans une glace. Depuis, il s'est retiré ici, dans la maison de santé. Sans vraiment expliquer son mal, il peut au moins le relier au passage (peu avant l'apparition des premiers troubles) d'un trois-mâts en provenance du Brésil où sévissait une épidémie de folie.

Le récit de son patient achevé, le Dr Marrande conclut : « Je ne sais si cet homme est fou ou si nous le sommes tous les deux ... ou si ... si notre successeur est réellement arrivé. »

L'année suivante, Maupassant se remit à l'histoire, la refit entièrement à la première personne, sous forme d’un journal.

‘’Le Horla’’

(deuxième version)

Nouvelle de 27 pages

Le narrateur, qui se trouve chez lui, près de Rouen, écrit son journal.

8 mai : Étendu dans l'herbe, il contemple la nature printanière et la maison dans laquelle il a grandi. Il admire le cours ondoyant de la Seine et le passage d'un superbe trois-mâts brésilien. Il écrit : « Quelle journée admirable ! […] J'aime ma maison.»

12 mai : « J'ai un peu de fièvre, [...] Je me sens triste, [...] ». Il s’est réveillé souffrant, et médite sur les influences mystérieuses qui peuvent altérer l'état physique et moral de l'être humain : « Comme il est profond ce mystère de l'Invisible !»

16 mai : Il passe d'une humeur enjouée à un sentiment de nervosité et de désolation, accompagné de forte fièvre : « Je suis malade, décidément ! »

Au fil des semaines, ce malaise apparemment anodin semble empirer. La fièvre monte, mais le médecin ne décèle aucun symptôme alarmant. Mais le narrateur accepte un traitement à base de bromure et de douches qui ne l’empêche pas d’éprouver le besoin de s'enfermer dans sa chambre, sans pour autant en ressentir une quelconque sécurité : une fois les verrous poussés naît une crainte diffuse de se coucher. Après avoir inspecté chaque recoin de la pièce, il s'étend, tentant d'analyser la peur qui le tenaille. Serait-ce un dérangement physique? Étreint d'une angoisse indescriptible, il s'efforce d'atteindre le sommeil. Chaque jour, le même cauchemar l'envahit après quelques heures : quelqu'un s'approche de lui, le regarde, le palpe, monte sur son lit, s'agenouille et tente de l'étrangler : « Cette nuit, j’ai senti quelqu’un accroupi sur moi, et qui, sa bouche sur la mienne, buvait ma vie entre mes lèvres ». Après un moment de paralysie somnolente, il se réveille en sursaut, couvert de sueur. Or la pièce est vide et tout y est normal. Chaque crise est suivie d'une période de calme qui dure jusqu'à l'aurore

25 mai : « Mon état, vraiment, est bizarre.»

2 juin : « Mon état s'est encore aggravé.» Durant les jours qui suivent, il tente d'échapper à cette étreinte floue. Mais une promenade dans la forêt de Roumare ne lui apporte pas de répit : « Il me sembla que j'étais suivi ».

3 juin : « Je vais m'absenter. [... ] Un petit voyage, sans doute, me remettra. »

2 juillet : « Je rentre. Je suis guéri.» Il a fait un court séjour au mont Saint-Michel. Le décor idyllique et l'ambiance sont propices à la méditation. Un moine lui raconta de vieilles légendes locales, justifia le surnaturel et le rassure en lui parlant de la faiblesse de la perception qu'a l'être humain : il ne peut appréhender le centième de ce qui existe ; ainsi, le vent qui gémit, qui abat les arbres, qui renverse des navires, est pourtant invisible : « Le vent [...] l'avez-vous vu, et pouvez-vous le voir? II existe pourtant.»

4 juillet : « Décidément, je suis repris. » Ses cauchemars le harcèlent à nouveau.

5 juillet : « Ai-je perdu la raison? » se demande-t-il car, au cours de ses nuits d'angoisse, il a fait une découverte effarante : sa carafe d'eau, pleine le soir, est vide à l'aube, et il reste « éperdu d’étonnement et de peur, devant le cristal transparent». Un être étranger boit son eau et mange son pain. Il se croit somnambule, seule hypothèse rationnellement acceptable bien que, confusément, il décèle depuis longtemps une présence à ses côtés.

6 juillet : « Je deviens fou. »

10 juillet : Afin d'écarter la possibilité de la folie, il se livre à une expérience : il scelle d'un linge le goulot de la carafe. Mais, au petit matin, l'eau a été bue : « Décidément, je suis fou ! » « Je vais partir tout à l'heure pour Paris. »

12 juillet : « Paris ! J'avais donc perdu la tête les jours derniers.» Il y rend visite à une cousine, Mme Sablé, et se calme. Mais il assiste chez elle à une expérience faite par un médecin, le dr Parent, pour qui «l'homme, impuissant face aux forces mystérieuses qui l'entourent, tente de suppléer, par son intelligence, à l'impuissance de ses organes» : il l’a hypnotisée et, le lendemain, elle a obéi à la suggestion télépathique.

16 juillet : Il constate : « J'ai vu hier des choses qui m'ont beaucoup troublé.»

30 juillet. - « Je suis revenu dans ma maison depuis hier. Tout va bien.»

Mais il est rapidement de nouveau en proie à l'angoisse :

6 août : « Cette fois, je ne suis pas fou. J'ai vu ... J'ai vu ... Je ne puis plus douter.» Admirant un de ses rosiers, il voit une tige se plier sous l'action d'une main invisible et la fleur monter puis disparaître. Figé d'horreur, il ne peut croire à une hallucination.

7 août : « Je me demande si je suis fou. » Il a vu tant d'hommes en proie à la démence, tenant par ailleurs des raisonnements d'une logique implacable.

9 août : Pendant plusieurs jours, il n'y a pas de manifestations. Mais il est tout de même inquiet et les nuits affreuses se succèdent : « Rien, mais j'ai peur. »

13 août : Il se sent incapable de partir, se sent envoûté, possédé par une force obscure qui anéantit sa volonté, et guide ses moindres faits et gestes : « Je ne peux plus vouloir ; mais quelqu'un veut pour moi, et j'obéis. »

14 août : Il lit un traité du philosophe Hermann Herestauss sur les habitants inconnus du monde qui lui impose l'idée d'êtres supérieurs aux humains venus de l'espace : « Je suis perdu. Quelqu'un possède mon âme et la gouverne. » Il passe ses nuits à épier son invisible agresseur qui ne le quitte plus. Une nuit, il voit « une sorte de transparence opaque », « sans contours nettements arrêtés », c’est l'être qui, dans son fauteuil, lit son livre : sur le bureau, les pages tournent toutes seules. Il cherche à le saisir, ne le peut, sachant cependant qu'il a peur.

19 août (1) : « Je sais ... je sais ... je sais tout. » Il lit un article de la ‘’Revue du monde scientifique’’ sur un cas de folie collective ayant atteint les habitants de San Paulo, au Brésil : ils fuirent de toute part, se disant «possédés par des êtres invisibles bien que tangibles, des sortes de vampires qui se nourrissent de leur vie». Le trois-mâts brésilien lui aurait-il apporté cet être supérieur, celui qui «succédera à l'homme», étape logique de l'évolution, celui qui, croit-il, lui crie son nom : le «Horla» ! « Malheur à nous. Il est venu le ... le ... le Horla. »

19 août (2) : Il tente de lui tendre un piège. Il veut le cerner, mais n'arrive qu'à le voir : sentant la présence derrière lui, il se lève précipitamment et se retourne, se trouvant ainsi face à la glace de sa chambre : or, il n'y voit pas son reflet : l'immatérialité du Horla le lui a volé, l'espace de quelques instants. «Je le tuerai! Je l'ai vu. »

20 août : « Le tuer, comment? puisque je ne peux l'atteindre? »

10 septembre : « Rouen. Hôtel Intercontinental. C'est fait... c'est fait. .. mais, est-il mort? » Dans un sursaut d'énergie désespéré, le narrateur a tenté de détruire cet être insaisissable en l'enfermant dans la maison dont il est sorti en y mettant le feu, abandonnant ses domestiques à leur épouvantable sort dans le brasier. Il assista, délivré et effondré, à la lente progression des flammes. Mais une angoisse l'étreignit aussitôt : « Non... non... sans aucun doute... il n'est pas

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